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Les femmes et l'amour chez Jean Renoir

Publié le 10/08/2014

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amour

CHRISTINE : DÉSIR ET AVEUGLEMENT

Un personnage romantique, prisonnier de ses illusions

Christine, dit Jean Renoir, est, plus encore que tous les autres, un personnage romantique. À travers cette définition, le cinéaste veut indiquer que la jeune femme vit plus tournée vers le passé que vers l'avenir, que sa conception des rapports humains est celle d'un autre siècle. Mais si Renoir insiste sur le romantisme de l'épouse de La Chesnaye, c'est surtout pour souligner son «aveuglementl«. Aveugle vis à vis du monde : elle est la seule à ignorer que son mari la trompe. Aveugle vis à vis du sens que peuvent prendre ses actes : elle croit qu'il est possible d'accorder à un homme comme Jurieu des faveurs qu'il prendra pour un «simple témoignage d'amitié«.

 

L'importance de cette caractéristique du personnage apparaît bien dans une scène qui joue un rôle central dans l'intrigue : celle où Christine, contemplant un écureuil sauvage à travers une lunette d'approche, aperçoit soudain Robert et Geneviève en train de s'embrasser. Le fait que Christine découvre la liaison de son mari en mettant l'oeil à une lunette, alors qu'elle aurait pu le faire en surprenant par exemple une conversation ou en interceptant une lettre, montre bien l'importance que

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« donne Renoir à la cécité ou à la quasi-cécité du personnage.

Pour voir ce que tout le monde voit, Christine doit utiliser une lentille grossissante, une «télé-loupe», comme dit un des personnages, qui va lui révéler brutalement la réalité.

Un personnage sans repères Au moment où Christine surprend leur baiser, Robert et Geneviève sont en train de rompre.

Comme le sait le spectateur, ce baiser est un geste d'adieu.

Ce que Christine ignore.

Ce moment de «révélation» devient donc en même temps un moment de confusion, d'erreur.

Il y a ici une réflexion philosophique sur la valeur des sens, et en particulier de la vision.

Celle-ci apparaît autant comme une source de vérité que d'illusion.

Il est particulièrement important que cette leçon soit rappelée au cinéma, à l'intérieur d'un film.

La figure féminine qu'incarne Christine semble prise dans une impasse totale.

D'abord aveuglée par ses illusions, elle vit dans un monde factice.

Lorsqu'au cours de la partie de chasse elle découvre la réalité, c'est tout son monde qui s'écroule.

N'ayant plus de repères, elle va se laisser ballotter par les événements, répondant aux sollicitations les plus contradictoires, ce qui provoquera autour d'elle un déchaînement de violence.

--· LISETTE : INTERDIT ET LIBERTÉ Une femme mar1ee et indépendante Lisette incarne cette figure de femme que le travail a commencé à libérer des seules tâches maternelles et ménagères.

Dans le film, c'est le travail qui a séparé le couple de domestiques qu'elle forme avec Schumacher : Lisette vit à Paris auprès de sa maîtresse alors que son mari est garde-chasse en Sologne.

Cette situation a plus que fragilisé les liens du couple.

Il les a quasiment réduits 53. »

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