Les effets spéciaux (FX ou SFX, abréviation internationale d'« effets spéciaux ») au cinéma
Publié le 17/11/2018
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LES GRANDS TRUCAGES DE MÉLIÉS
• Dès 1896 Méliès réalise son premier trucage par arrêt de caméra, dans l'Escamotage d'une dame chez Robert-Houdin. Suit la surimpression triple sur fond noir, en 1898, dans Un homme de têtes. L'arrêt de caméra et la surimpression sont les deux grands types de trucage utilisés par Méliès.
• L'arrêt de caméra : ce trucage (apparitions, disparitions, substitutions instantanées) est toujours associé à un collage, comme dans le Diable noir, qui en contient une centaine. Toute apparition, disparition ou substitution était effectuée à la prise de vues, mais remontée en laboratoire sur négatif.
• La surimpression : simple ou multiple, c'est un trucage qui se prolonge dans le temps, comme dans le Mélomane ( 1903). Le principe en est simple.
Il repose sur le fait qu'un décor noir n'impressionne pas la pellicule. Dans un premier temps, on filme donc décors et personnages, puis la pellicule partiellement impressionnée est rembobinée dans la caméra et Ton filme alors sur fond noir le personnage ou l'objet que l'on désire faire apparaître sur la réserve noire ménagée à cet effet dans le décor de la première prise.
L'ART DE LA MYSTIFICATION
Dans le vocabulaire du cinéma, on regroupe sous le nom d'effets spéciaux (FX ou SFX, abréviation internationale d'« effets spéciaux » : S pour « spécial » et FX pour « effets »), d'une part, les techniques et les procédés qui permettent de manipuler l'image ou le son, d'autre part, le résultat de ces manipulations. Ces effets spéciaux, qui couvrent un domaine très vaste, sont des procédés qui interviennent, pendant et après le tournage d'un film, dans la fabrication des images et des sons, pour introduire dans la réalité filmée l'artifice et l'illusion, une réalité qui n'existe pas.
L’ÉVOLUTION DES EFFETS SPÉCIAUX
Trois catégories de FX
• Rares sont les films qui ne font pas usage des effets spéciaux. Catastrophes naturelles, poursuites en voitures, explosions, les FX peuvent tout simuler : le vent avec des ventilateurs, la pluie avec des lances à incendie, des blessures avec des balles en gélatine tirées par des fusils à air comprimé. Il existe bien d'autres techniques propres à créer l'illusion, du simple maquillage qui métamorphose jusqu'aux possibilités de création infinies de l'animation électronique.
• On peut classer les effets spéciaux en trois grandes catégories :
- les effets de prises de vues, réalisés devant la caméra (maquillage, costumes, miniatures de décor...);
- les effets réalisés par certains procédés techniques sur la caméra elle-même lors de la prise de vues (par exemple, en ajoutant des filtres ou des lentilles) ;
- les effets réalisés en postproduction, lors du montage, auxquels les technologies numériques ont donné une autre dimension (incrustation de personnages dans des décors virtuels, retouches numériques d'images...).
• Certains effets spéciaux sont mixtes, c'est-à-dire réalisés en partie à la prise de vues, en partie en laboratoire.
La lanterné magique
• Les effets spéciaux sont nés avec le cinéma, héritier de la lanterne magique et du théâtre d'ombres.
La lanterne magique apparaît vers 1640. C'est un appareil équipé d'un système de projection lumineuse, au moyen duquel on projette, en les amplifiant, sur une surface blanche, des images reproduites sur un support transparent. La lanterne entre au théâtre dans les spectacles de fantasmagories, comme celui créé par Étienne-Gaspard Robert en 1798 à Paris : « On place au milieu de la salle une grande toile qui sépare les spectateurs de l’opérateur ; celui-ci tient à la main une lanterne magique, dont les verres représentent un spectacle menaçant un fantôme... Nous ajoutâmes de petites mécaniques â chariot destinées à faire avancer, grossir, rapetisser et disparaître les objets à volonté... En plaçant l'appareil tout près, le spectre ne semble qu’un point ; en l'éloignant progressivement, le spectre grandit semble s'approcher peu à peu et se précipiter vers les spectateurs. »
«
•
L:animation mécanique est rapidement
supplantée par les effets spéciaux
mécaniques, plus sophistiqués.
Ceux-ci
sont créés par les Italiens Carlo Rambaldi
et Isidoro Raponi au milieu des années
1960 pour les besoins, notammen� des
péplums.
La technique utilise le principe
des freins de vélo : un câble métallique
relié à une manette coulisse à l'intérieur
d'une gaine et transmet mécaniquement
le mouvement à l'articulation d'un
personnage.
Une créature dotée d'un
grand nombre d'articulations mécanisées
peut effectuer ainsi des mouvements
complexes, contrôlés à distance
par plusieurs manipulateurs.
C'est
par le biais de câbles que sont animées
les métamorphoses du Loup-Garou
de Londres (1981) de John Landis
ou la tête du personnage-titre d'E.
T.
(1982) de Steven Spielberg.
• Un des problèmes de l'animation
image par image est l'aspect saccadé
à la projection du mouvement
des marionnettes lorsqu'il est rapide.
L:Américain Phil Tippet met au point
une nouvelle technique : lorsque
la marionnette exécute un mouvement
rapide, la caméra bouge aussi,
l'obturateur grand ouvert Le résultat
- une série d'images floues -supprime
l'effet de saccade.
Ce flou « passe »
parfaitement à la projection et rend
à la marionnette la fluidité de ses
mouvements.
Le Dragon du lac
de feu (1981 ) ou Robocop (1987)
de Paul Verhoeven sont ainsi tournés
en utilisant cette technique.
• L:animation image par image motorisée
consiste à relier les articulations d'une
marionnette à une série de moteurs
contrôlés par un ordinateur.
Animée
par une télécommande, celle-ci est
remplie de servomoteurs qui réagissent
à un pupitre de commandes, tels
les requins téléguidés, en résine
et en fibre de verre, recouverts
d'une peau de latex, des Dents
de la mer (1975) de Steven Spielberg.
LA RtvOLUTION INFORMAnQUE
• A la fin des années 1960, les
développements de l'informatique,
les images de synthèse et le traitement
numérique bouleversent l'industrie des
effets spéciaux dassiques.
Des techniques
sont mises en œuvre pour les réaliser,
de 2001, l'Odyssée de l'espace (1968)
de Stanley Kubrick à Mondwest (1973)
de Michael Crichton, où l'image
de synthèse fait son apparition.
• C'est à l'aide d'un ordinateur que
sont réalisés les combats dans l'espace
de la Guerre des étoiles ( 1977) de
George Lucas, qui est le premier à créer
sa propre entreprise d'effets spéciaux,
lndustrial Light and Magic.
11'3-'..-:1
• Les effets spéciaux sont entrés
dans l'ère du numérique, qui autorise
la création par ordinateur d'images
composites, l'effacement, l'adjonction,
la déformation et la transformation
de personnages et d'objets.
Décors, vaisseaux spatiaux, animaux
préhistoriques, jouets, dans Tron
(Steven Lis berger, 1982), Jurassic Park
(Steven Spielberg.
1993) et Toy Story (John
Lasseter, 1995) sont générés
par des images virtuelles.
L:image
d'un être humain peut désormais être
incrustée sur une autre, telle celle
du comédien Tom Hanks serrant la main
des présidents Kennedy et Nixon, dans
Forrest Gump (Robert Zemeckis, 1994).
• Jurassic Park marque un tournant
dans l'histoire des effets spéciaux.
Les dinosaures sont les premiers
personnages de synthèse hyperréalistes.
L:animation image par image d'un
dinosaure « marionnette » se fait par
ordinateur.
La marionnette est dotée de
capteurs placés sur les articulations ; les
données analogiques fournies par les
capteurs sont numérisées ; l'ordinateur
crée alors l'animation image par image
à partir des données numérisées.
l'image
du décor, avec un trou noir au
milieu, de la forme du sujet Ce trou noir
sera ensuite comblé par l'Image du suje�
séparé du fond bleu par le contre-cache
et ainsi le sujet sera intégré au décor.
• Canon à air Permet de soulever des
véhicules ou des objets à l'aide de masse
d'air projetées sous haute pression,
de manière à simuler le souffle d'une
explosion, comme dans Une journée
en enfer (1995) de John McTiernan.
• Compositing ou plan/image
composite Technique d'assemblage
des images animées de plans différents
pour ne composer qu'un seul plan,
comme si ce dernier avait été filmé en
une seule fois.
L:utilisation successive
du cache et du contre-cache
(complémentaire du cache) avec une
double exposition du négatif permet
la réalisation d'un compositing.
par
exemple, les jumeaux interprétés par
un seul et même acteur, comme Jeremy
Irons dans Faux-semblants (1988)
de David Cronenberg : les personnages
démultipliés sont toujours séparés
à l'écran, chacun occupant une portion
f-------------l de l'espace qui lui est assignée.
LES IMAGES DE SYNTHÈSE
• Les images de synthèse sont des
images entièrement créées et non
simplement manipulées.
C'est la
grande différence entre le trucage
numérique d'Images déjà existantes
-la 2D - et l'Imagerie de synthèse -
la 3D -utilisée notamment pour
ltuektor (1995) de Georges Lacroix.
•
Contacteur Permet de mettre à feu
à distance des charges détonantes,
par exemple pour simuler les impacts
de balles d'une fusillade.
• Décors virtuels Images réalistes
entièrement synthétiques.
Titanic
(1997) de James Cameron est le
premier film à employer des images
réalistes entièrement synthétiques.
L:océan a été réalisé grâce à des
variations de formules mathématiques
appelées «fractales » et les figurants
qui arpentent le pont du paquebot
synthétique vu en plan large sont issus
d'ordinateur.
La Menace Fant6me
(1999) de George Lucas utilise
les décors virtuels, notamment dans
les scènes de présentation de la planète
Naboo et lors de la course de Pods.
�------------l · Effets numériques Effets obtenus
PRINCIPAUX TYPES ET
TECHNIQUES D'EFFETS SPÉCIAUX
• Animatronique Terme désignant
les techniques d'animation à distance
d'êtres mécaniques grandeur nature.
• Arrêt sur Image Trucage réalisé
au tirage qui consiste à multiplier
une image isolée dans un plan
en mouvement de façon à donner
le sentiment que l'image se fige.
• Bullet time Effet visuel basé
sur un effet utilisé pour montrer
les mouvements d'un personnage
dans un ralenti extrême, comme dans
Matrix (1999) des frères Wachowski.
· Cache/contre-cache Surface
opaque utilisée à la prise de vues ou
au laboratoire pour masquer une partie
du négatif et constituer une réserve
non impressionnée (la pellicule
n'impressionne pas le noir) de l'image.
Dans ce procédé, la scène est d'abord
tournée dans le décor, un cache noir
obturant une partie de l'image (par
exemple, un détail d'un décor à cacher).
Puis le film est exposé une nouvelle
fois, le contre-cache noir protégeant
la région de l'Image déjà impressionnée.
• Cache mobile (traveling matte)
Technique permettant d'Intégrer
un personnage dans un décor filmé
séparément.
Ce dernier est filmé sur
fond bleu.
On établit un jeu de caches
mobiles négatif et positif sur film à haut
contraste noir et blanc par sélection
du bleu.
Grâce aux caches, on obtient en
postproduction (après le tournage)
grâce à la numérisation par scanner des
images d'un négatif original.
Transférée
en vidéo numérique haute définition,
l'image peut être retouchée sans subir
de perte de qualité.
Lorsque le trucage
est terminé, on le transfère sur pellicule.
• Effets pyrotechniques Tous les
effets d'explosions, de flammes ou
d'impacts de balles sur un acteur ou
une paroi.
Les explosions sont
déclenchées à distance, en utilisant des
fils électriques ou des systèmes de
radiocommande, comme pour anéantir
la maquette de la Maison-Blanche,
dans lndependence Day (1995)
de Roland Emmerich.
• Fond bleu Fond devant lequel
les acteurs sont filmés, qui est retiré
par traitement numérique ou optique
pour incruster un arrière-plan filmé
séparément Le bleu a été choisi parce
qu'il n'entre pas dans la composition de
la couleur de la peau humaine.
Lorsque
l'on efface le bleu du plan, les tons de
peau des acteurs ne change donc pas.
L:avènement des effets spéciaux
numériques a permis d'utiliser un vert
fluo encore plus pratique.
L:ordinateur
détecte cette couleur et crée
automatiquement les caches
et les contre-caches qui permettent
de réaliser les incrustations.
• Fondu Apparition ou disparition
progressive de l'image obtenue
par une variation de l'exposition.
• Fondu enchaîné Mode de transition
entre deux images, la première disparaissant
progressivement
tandis que la seconde apparaît
en surimpression.
• Gimble Énorme plate-forme
mue par des vérins hydrauliques
ou pneumatiques permettant de faire
pivoter, tourner, monter ou descendre
tout un décor, comme l'Intérieur du
sous-marin d'A la poursuite d'Octobre
rouge (1990) de John McTiernan.
•Image
numérique
Image codée
numériquement
qui peut
-----.• être
obtenue
sa qualité,
soit en ajoutant
ou en supprimant des éléments comme
pour The Mask (1994) de Chuck Russel.
Ainsi, pour les cascades de Matrix,
on a effacé numériquement, après le
tournage, les câbles qui soutenaient les
acteurs apparemment en apesanteur.
• Image de synthèse Image virtuelle
générée par ordinateur, réalisée à partir
de calculs qui permettent de modéliser
l'objet ou la scène à représenter
en trois dimensions, tels les dinosaures
de Jurassic Park.
Le réalisme
de ces images est comparable
à celui de photographies.
• Incrustation Procédé qui consiste
à insérer tout élément dans une image
en utilisant les moyens de la vidéo
ou du traitement numérique,
par exemple un personnage de dessin
animé dans un décor de film,
comme dans Roger Rabbit (1988).
• Latex Matériau synthétique
proche du plastique avec lequel
sont confectionnées la plupart
des prothèses destinées à simuler
des plaies et des cicatrices.
• Maquette Technique utilisée
dans des films pour tourner des scènes
dangereuses ou spectaculaires ou
pour produire un trucage plus grandiose,
par exemple les plans aériens
de Metropolis (1926) de Fritz Lang
où des avions circulent au-dessus
de gratte-ciel, ou l'anéantissement
de New York ou Washington dans
lndependence Day.
Des maquettes
d'animaux peuvent être également
fabriquées, comme celle de certains
personnages de la Menace Font6me.
•
Maquillage Technique de préparation
d'un acteur destinée à lui donner
l'apparence que réclame son rôle
à l'aide de différents accessoires
(prothèses, bandes, moulages ...
).
• Morphing Traitement informatique
de l'image permettant de réaliser
une interpolation d'images, c'est-à-dire
le passage progressif d'une image à
une autre (par exemple, le T1000 dans
Termina/or 2 déploie le rnorphing dans
plusieurs directions : d'un personnage à
un autre, d'une matière à une autre ...
).
• Motion Control/contrôle
de mouvement Technique
de déplacement des mouvements
de la carné ra contrôlé par ordinateur,
permettant des effets spectaculaires,
cornrne les évolutions de vaisseaux
de Star Wars.
• Motion capture/ capture
de mouvement Technique de saisie
informatique de mouvements
directement captés sur le corps humain.
Par exemple, les déplacements de Jar
Jar Binks dans la Menace Fantôme
sont transcrits directement à partir
des données issues de capteurs fixés
sur le corps d'un acteur chargé de
mimer cette créature virtuelle du film.
Au final, Jar Jar Binks se déplace
cornrne l'acteur le faisait préalablement
devant les caméras.
• Rendering Technique informatique
qui consiste à calculer les images
successives d'un personnage virtuel
comme Jar Jar Binks dans la Menace
Fant6me.
• Rotoscopie Technique de retouche
(ou d'ajout) image par image
d'un plan filmé par l'usage du dessin
(par exemple, l'incrustation du faisceau
laser en images de synthèse sur
les lames en aluminium des épées
dans les scènes de duel de Star Wars).
• Substitution Effet obtenu en
interrompant la prise de vues au cours
de la continuité d'un plan, en modifiant
un détail concernant le décor,
les accessoires ou les personnages,
puis en reprenant le tournage.
• Surimpression Procédé
photographique assurant, à la prise
de vues ou au laboratoire.
la
superposition par expositions multiples
de plusieurs images qui se fondent
en une seule.
On utilise pour cela
la réexposition du négatif (en le faisant
défiler une deuxième fois derrière
l'objectif lors de la prise de vues)
ou du positif (en l'impressionnant
successivement derrière deux négatifs
différents au tirage).
• Tambour Cylindre dont la paroi
extérieure est recouverte d'un
panorama peint ou photographique,
et qui tourne autour d'un axe vertical ;
le panorama est observé derrières
les vitres d'un véhicule en marche
(voiture, train, avion) ou encore derrière
un ou plusieurs comédiens simulant
une marche sur un tapis roulant.
• Tireuse optique Outil permettant
de monter ensemble plusieurs plans
en un seul, en incorporant par exemple
plusieurs fois le même acteur dans
le même plan grâce à l'incrustation
les uns dans les autres des plans
où apparaît l'acteur, cornrne
dans Professeur Fa/dingue {1996)
de Torn Shadyac.
• Transparence Procédé consistant
à filmer les personnages en studio
devant un écran en verre dépoli
sur lequel le décor est projeté
en transparence..
»
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