Le péplum
Publié le 18/11/2018
Extrait du document
• Le cadre historique des péplums s'inspire notamment de l'Antiquité grecque et de sa mythologie illustrée principalement par les épisodes de l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère : de la guerre de Troie au voyage d'Ulysse.
• Il peut aussi évoquer l’Antiquité romaine, et plus particulièrement
la période entourant la vie du Christ. Sont ainsi mis à contribution autant l'histoire de l'Empire romain - par exemple, l'épisode des six mille esclaves révoltés sous les ordres de Spartacus - que le récit des Évangiles - qui fournit nombre de personnages : Ben Hur, jeune prince juif qui lie son sort à celui du Christ, ou Barabbas, condamné gracié par Ponce Pilate au détriment de Jésus qui sera crucifié. Certains péplums évoquent aussi la chute de l'Empire romain et les invasions barbares.
• Le péplum s'inspire également de la Bible d'une façon générale et de l'Ancien Testament en particulier : le récit, notamment de la vie de Moïse, de sa confrontation avec le pharaon Ramsès, de sa conduite de l'Exode des Juifs hors d'Égypte, de
la traversée de la mer Rouge.
• Enfin, le péplum retrace des épisodes de l'Antiquité égyptienne, cadre parfait pour ses grandeurs
« pharaoniques », mais aussi la plus malmenée des périodes d'un point de vue historique.
« DE GLAIVE ET DE SANDALES »
On appelle « péplum » un film qui a pour cadre l'Antiquité - grecque, romaine ou inspirée de scènes bibliques ou mythologiques. À l'origine, ce terme désignait de façon péjorative l'importante production italienne du genre des années 1950 et 1960, films de série B destinés à un public populaire. Aujourd'hui, il recouvre tous les films inspirés de l'Antiquité : des imposantes reconstitutions historiques du cinéma muet aux superproductions américaines d'aujourd'hui.
LES RÈGLES DU GENRE
Des films « de glaive
ET DE SANDALES »
• C'est à la fin des années 1950 que le terme « péplum », du nom de la tunique des femmes romaines, a été utilisé en France pour désigner avec ironie les films italiens ayant pour cadre l'Antiquité.
• L'expression anglaise « sword and sondais film » définit bien ce qu’est le péplum : un film de « glaive et de sandales ».
• Film à petit budget ou superproduction, plus proche des films d'aventures ou des films fantastiques que des films historiques, le péplum met en scène des héros
à la musculature imposante
- Ulysse, Maciste, Hercule... -confrontés à de terribles épreuves
- parfois surnaturelles.
LA TRADITION DU « FILM ANTIQUE »
• Le genre qui se développe surtout en Italie et aux États-Unis dans les années 1950 et 1960 reprend en fait une tradition établie dans ces deux pays dès l'époque du muet : celle du « film antique » et de la reconstitution historique de l'Antiquité.
• Cette référence à l'antique est alors l'occasion pour le tout jeune cinéma d'acquérir ses lettres de noblesse
et d’être considéré à l'égal de la littérature et de la peinture.
• C’est aussi l'occasion de montrer que le cinéma est un instrument apte à figurer le gigantisme, par
les décors et le nombre de figurants, de façon à faire revivre Babylone, l’Égypte des pharaons ou la Rome antique. Ainsi, les péplums sont les premières superproductions de l'histoire du cinéma.
L'ANTIQUITÉ COMME CADRE
• Le terme « péplum » recouvre aujourd'hui, sans notion péjorative mais avec encore un fond d'ironie devant le caractère éventuellement pompeux du genre, tous les films dont le cadre est l'Antiquité
- historique, mythologique ou religieuse.
• Petits budgets et production abondante sont la marque du péplum italien des années 19501960 : quelque 130 péplums sont produits de 1960 à 1964.
• Film populaire par excellence,
le péplum italien est le seul digne de ce nom pour les puristes du genre.
• Si l'intérêt pour le genre se perpétue, des origines au néoréalisme, avec des films comme Fabiola (1948) d'Alessandro Blasetti, c'est à partir de 1953 que le péplum revient
sur les écrans italiens.
• Le tournage de films « antiques » américains dans les studios romains de Cinecittà enclenche le processus. Les Américains ont alors recours à des équipes et des actrices italiennes, tandis que les Italiens engagent des premiers rôles venus d'Hollywood.
• Ulysse (1954) de Mario Camerini, avec Kirk Douglas, Silvana Mangano et Anthony Quinn, est ainsi une grandiose réalisation italienne
en Technicolor illustrant des épisodes de l'Odyssée.
«
•
Aux côtés de ces sommets du genre
sont cependant déclinés, avec des
moyens plus légers et une exigeance
moindre, de nombreux péplums
destinés au marché national.
• l'Antiquité y est souvent malmenée,
victime d'approximations voire
d'inventions historiques, parfois même
totalement réécrite, avec l'introduction
de personnages ou de créatures
appartenant à d'autres sources,
romans populaires ou bandes
dessinées.
• Si le genre paraît hybride, hésitant
entre le traitement de sujets « nobles »
et la recherche du succès populaire,
il présente souvent une grande
inventivité et un charme désuet
grace aux effets spéciaux des années
1950, réalisés à grands renforts
de maquettes et de transparences.
LES GRANDS RÉALISATEURS DE PÉPLUMS
• Certains réalisateurs de talent
ont donné leurs lettres de noblesse
à cette production comme Pietro
Francisci, Vittorio Cottafavi
ou Riccardo Freda.
• Pietro Francisci est à l'origine
de la vogue du péplum à l'italienne,
à la suite du succès de son Hercule
de 1957.
PÉPLUMS n
MESSAGES POUTIQUES
• Le péplum ne se réduit pas forcément
au seul spectacle de divertissement
Le récit du combat d'un héros, guerrier
ou esclave, contre un pouvoir arbitraire
ou un ennemi extérieur, constitue
un support idéal pour délivrer un
message ou défendre une idéologie.
• Le recours à l'Antiquité permet alors
soit de défendre une idée en échappant
à la censure soit au contraire de parer
des vertus de l'épopée et du mythe
un combat contemporain.
• Cabiria (1914) de Giovanni Pastrone,
qui fait le récit des guerres puniques,
évoque aussi la guerre de Libye entre
l'Italie et l'Empire ottoman de 1911-1912.
• Commande de Mussolini, Sdpion
l'Africain (1937) de Carmine Gallone
est une apologie transparente du
régime fasciste.
Les luttes romaines
en Afrique font écho à la conquête
italienne de l'Éthiopie par le Duce.
• Aux États-Unis, les grands récits épiques
inspirés de la Bible ou de l'histoire
romaine des années 195D-1960
traduisent la quête de valeurs morales
d'un pays confronté à la menace
de l'Est communiste et athée.
• S,.rl iiCIIS (1960) de Stanley Kubrick,
produit
par l'acteur
Kirk Douglas,
défend
la dignité
de l'homme
en pleine
période de
• chasse aux
_ sorcières
»
anticommuniste aux États-Unis.
• En Pologne, un film comme
Pharaon (1966) de lerzy Kawalerowia
où Ramsés, le nouveau pharaon
réformateur, combat le pouvoir
des prêtres qui sont les vrais maîtres
du pays, évoque directement la
situation politique du pays sous
le régime communiste.
Il
réalise /11 R�ine d� S11btl (1952),
Attila fléau de Dieu (1954), les Travaux
d'Hercule (1957), Hercule et la reine
de Lydie (1958), le Siège de Syracuse
(1959), Sapho (1960), Hercule,
Samson et Ulysse (1964).
• Venu malgré lui au genre antique,
Vittorio Cottafavi en est devenu l'un des
plus grands auteurs.
Il tourne la Révolte
des gladiateurs (1958), Messaline
(1959), les Légions de Cléopâtre (1959),
les Werges de Rome (1960, avec Carlo
Ludovico Bragaglia), la Vengeance
d'Hercule (1960), Hercule à la conquête
de I'Atfanâde (1961) et supervise le Grand
Défi (1964), réalisé par Giorgio Capitani.
·Technicien hors pair, Riccardo Freda
est particulièrement soucieux de
l'efficacité de la mise en scène.
Il réalise
Spartacus (1952), Théodora, impératrice
de Byzance (1953), le Géant de Thessalie
(1960), le Géant à la cour de Kublai
Khan (1961),
M11cist� IIUX
�nfers (1962).
Riccardo Freda
participe aussi
à Sous le signe
de Rome (1958)
de Guido
Brignone,
Seul contre
Rome (1962) de Herbert Wise et
l'Or des Césars (1962) d'André De loth.
• Sergio Leone possède une place à part
dans le genre du péplum.
Après
avoir coréalisé avec Mario Bonnard
les Derniers jours de Pompéi (1959),
il signe le Co/osse d� Rhodes {1960),
célèbre pour sa reconstitution de la
gigantesque statue qui surplombait le
port de 111e grecque.
Quand le péplum
s'essouffle, au milieu des années 1960,
LES PRODU CTIONS AMÉRICAINES
DES ANNÉES 1950 ET 1960
LE « SUPERPÉPLUM »
• Dans les années 1950, le cinéma
américain choisit de répondre à la
concurrence de la télévision naissante
en recourant à la couleur, au très
grand écran -le CinémaScope -
et aux superproductions.
Le grand
film antique, par sa démesure,
lui en fournit l'occasion.
• Le " superpéplum » offre deux thèmes
principaux : le récit inspiré de la Bible
et le drame romain des débuts du
christianisme.
La référence à l'Antiquité
grecque, non liée au christianisme,
est plus rare-Hélène de Troie (1955)
de Robert Wise.
•
Après avoir réalisé Cléopâtre (1934),
avec Claudette Colbert et Henry
Wilcoxon, Cécile B.
DeMille signe
S11mson et D111i111 (1949), avec
George Sanders, Victor Mature et Hedy
Lamar.
Le film retrace l'épopée biblique
de Samson, en lutte pour libérer
son peuple des Philistins et victime
de la belle et cruelle Dalila qui lui
coupera les cheveux, secret de sa force.
• Quo Vadis ? (1951) de Mervyn LeRoy,
avec Robert Taylor et Deborah Kerr, est
une nouvelle version de l'histoire du
jeune patricien romain Marcus Vincius,
amoureux de la belle Lygia, chrétienne
livrée par Néron aux jeux du cirque.
• La Tunique (1953) de Henry Koster,
avec Richard Burton et Jean Sim mons,
est le premier film en CinemaScope.
Il raconte l'histoire du tribun Marcellus
qui assiste en Palestine à la crucifixion
du Christ et gagne aux dés la tunique
de ce dernier.
Marcellus s'initie alors au
christianisme tandis que Caligula, devenu
empereur, persécute les chrétiens.
• La démesure est toujours présente
dans la Terre des pharaons (1955)
de Howard Hawks avec Jack Hawkins,
James Robertson Justice.
Le pharaon
Cheops, qui veut être inhumé avec
son trésor, demande à Vashtar de
lui construire un somptueux tombeau
impossible à violer.
li lui promet,
en contrapartie, de libérer son peuple
réduit en esclavage.
• En 1956, DeMille signe une nouvelle
version des Dix Commond�m�nts
avec Charlton Heston et Yul Brynner.
Le film nécessite sept mois de tournage,
cent mille accessoires, des chameaux
et des lotus venus de l'autre bout
de la Terre ...
afin de retracer la vie
• B�n Hur (1959), de William Wyler,
avec Charlton Heston, Stephen Boyd
et Hugh Griffith, connaît un succès
mondial.
Célèbre pour les scènes
de combat de galères ou de la course
de chars, le film rafle onze Oscars :
meilleurs film, réalisateur, acteur,
second rôle masculin, photographie,
son, musique, montage, effets spéciaux,
décors et costumes.
•
Enfin, Oéopiitn (1963) de Joseph
L.
Mankiewia, avec Liz Taylor, Richard
Burton et Rex Harrison, cumule les
superlatifs.
Pour mettre en scène
la célèbre histoire de la reine d'Égypte
et amante de César puis de Marc
Antoine, Mankiewia, déjà auteur
d'un Jules César en 1953, succède
à Rouben Mamoulian, après deux ans
de préparation.
Le tournage dure dix
mois.
Cette superproduction détiendra
jusqu'en 1999le record du plus gros
budget de l'histoire du cinéma.
• La Chute de l'Empire romain (1964)
d'Anthony Mann, avec Sophia Loren,
Stephen Boyd et Alec Guiness, évoque
les invasions barbares du temps de Marc
Aurèle et de Commode, son fils fou.
• Mais c'est Spartacus (1960), avec Kirk
Douglas, Jean Simmons, Laurence Olivier,
Charles Laughton, Peter Ustinov et Tony
Curtis, qui marque l'histoire du péplum
américain, moins par sa démesure que
par son réalisme et son caractère engagé.
• Commencé par Anthony Mann, qui
est renvoyé à la suite de désaccord
avec Kirk Douglas, acteur et producteur
du film, terminé par Stanley Kubrick,
alors jeune réalisateur, le film retrace
l'histoire de Spartacus, esclave et
gladiateur qui conduit ses semblables
à la révolte contre les légions romaines.
LA FIN D'UN GENRE
ET SES AVATARS RÉCENTS
LES ANNÉES 1970 ET 1980
• Si on ne produit pratiquement plus
de péplums dans les années 1970,
quatre films appartenant au genre
apparaissent comme représentatifs,
chacun à leur manière, du cinéma
de la décennie : le film d'auteur,
la superproduction pour la télévision
et le film érotique.
·Avec le Satyricon (1969), Federico
Fellini s'inspire librement du roman
de Petrone pour proposer une vision
à la fois baroque et fantasmée d'une
Rome d'avant le monde chrétien.
Pétri
de culture classique et de références
historiques, le film rompt toutefois avec
l'image traditionnelle de l'Antiquité.
Fellini renforce, avec sa galerie de
personnages grotesques et ses scènes
de festin et de débauche, l'image
d'une Rome à la fois libre et corrompue.
• Également film d'auteur, le Médée
(1969) de Pier Paolo Pasolini explore
le célèbre mythe en mêlant une volonté
documentaire � une esthétique
picturale.
• Avec Moise: les Dix Commandements
(1975), Gianfranco Del Bosio renoue
avec la version classique du film
antique, mais cette fois pour la
télévision.
Superproduction servie par
une pléiade d'acteurs internationaux
- Burt Lancaster, Ingrid Thulin, Anthony
Quayle, Irène Papas, Laurent Terzieff -,
c'est une nouvelle évocation des
événements majeurs de la vie de Moïse.
• En 1979, le très controversé Caligula
de Tinto Brass, avec Peter O'Toole et
Malcolm McDowell, sort sur les écrans.
Le
règne despotique, sanguinaire et
incestueux du jeune Caligula est ici revu
et corrigé par le producteur du film,
Bob Guccione, un magnat de la presse
américaine érotique.
Le péplum érotique
ou pornographique connaîtra d'autres
variantes moins célèbres ...
• Les tentatives pour relancer le péplum
dans les années 1980-Hercule (1983)
de Luigi Coui -n'aboutissent pas.
• Au cours des décennies suivantes,
les évocations de la vie du Christ et
du début du christian isme s'écartent
résolument du péplum pour relever
du drame religieux -la Dernière
Tentation du Christ {1998) de Martin
Scorcese ou la Passion du Christ (2003)
de Mel Gibson.
lEs PRODUCTIONS AMÉRICAINES RÉCENTES
• À la fin des années 1990, toutefois,
le cinéma américain renoue avec
le genre, combinant de nouveau film
historique et film d'action -avec
l'atout du numérique pour les décors
et les effets spéciaux.
• Gladiator (1999) de Ridley Scott,
avec Russell Crowe et Joaquin Phoenix,
raconte la revanche du général romain
Maximus, arrêté et condamné à mort
par Commode, fils de l'Empereur Marc
Aurèle, puis capturé par un marchand
d'esclaves, avant de devenir gladiateur.
·Alexandre (2003) d'Oliver Stone, avec
Colin Farrell et Angelina Jolie, retrace
l'histoire d'Alexandre le Grand narrée
par Ptolémée : de son enfance à sa mort,
des cours d'Aristote aux conquêtes de
l'Asie, de l'Intimité aux champs de bataille.
• Troi� (2003) de Wo lfgang Petersen,
avec Brad Pitt
et Eric Bana,
relate
l'enlèvement
d'Hélène, reine
de Sparte, par
Paris, prince de
Troie, la levée
des armées
grecques par
Agamemnon, pour délivrer Hélène, puis
le siège et l'assaut de la ville de Troie.
COMÉD IES n PASTICHES
• l'Antiquité peut aussi servir de cadre
à la comédie ou le péplum être objet
de pastiche.
• Les Week-ends de Néron {1957) de
Stephano Steno est une comédie avec
Alberto Sordi, Peter Ustinov, Gloria
Swanson et Brigitte Bardot Dans Ces
sacrées Romaines {1960) de Giorgio
Simonelli, autre comédie, Ugo Tognaui
et Walter Schiarri passent de l'époque
contemporaine à la Rome antique.
• Toto contreMadste {1961) et Toto
et Cleopâtre (1963) donnent l'occasion
au célèbre comique italien de l'après
guerre de laisser libre cours à son
humour loufoque et satirique.
Deux
Heures moins le quart avant Jésus
Christ (1982) de Jean Vanne est aussi
une parodie de péplum dans laquelle
Ben Hur Marcel -incarné par Coluche
est garagiste et où les jeux du cirque
sont retransmis à la télévision.
• Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre
(2001 ) d'Alain Chabat est une
adaptation de la célèbre bande dessinée
de René Goscinny et Albert Uderzo, qui
donne lieu à une parodie de péplum.
Cette superproduction a fait plus
de 14 millions d'entrées en France..
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