Le Mariage de Maria Braun 1978 Rainer Werner Fassbinder (1946-1982)

Télescopage...

Avec une nudité crue des images, avec un dynamisme du récit qui semble tout balayer sur son passage et qui débouche sur une vigueur telle que certains, comme Straub, ont pu dire que Fass­binder a réalisé «les films les plus violents qu'ait produits le cinéma allemand«, le cinéaste de Tous les autres s 'appelent Ali s'est attaché une fois encore avec Maria Braun à mettre en accusation la société allemande ; par un télescopage des dernières images, l'allégorie porte même le récit jusqu'aux années '70.

Le mariage de Maria Braun qui se scelle sous les bombes de 1943 et sous le portrait d'Hitler, tandis que s'éteignent les der­niers cris de «Deutschland über alles «, prend fin en effet en 1954 avec la victoire de l'Allemagne au championnat du monde de foot­ball, en cette époque où l'Allemagne a reconquis sa fierté et oublié la défaite, clôturant le long cycle du miracle économique : et sur cette foule qui hurle à nouveau les chants anciens «Deutschland über alles « défilent les portraits d'Adenauer, Ehrard, Schmidt...

Miss Braun ou Miss Deutschland

Le destin de Maria Braun, maîtresse-femme sûre d'elle-même qui conduit sa vie sentimentale comme ses affaires, avec cette vigueur que les femmes savent acquérir dans les guerres, n'est autre que celui de l'Allemagne entière qui se relève des décombres et qui va s'efforcer de survivre, fraternisant avec l'occupant, échangeant les cigarettes contre les bijoux, l'alcool contre les vêtements, et préparant la reconstruction sans céder à la sentimentalité. Faisant