Le cinéma français de 1960 à 1969 : Histoire
Publié le 02/12/2018
Extrait du document
Cinémas
Le cinéma français
Indubitablement, les années soixante permettent au cinéma mondial de franchir une étape décisive de son histoire. La décennie est marquée par un courant novateur appelé à renouveler en profondeur à la fois les structures et les tendances des productions nationales: la «Nouvelle Vague» se poursuit, elle est jalonnée par l'arrivée de nombreux talents en herbe. Certes, en ce qui concerne le public, la détérioration est nette: des 412 millions de spectateurs enregistrés pour une année (1957 marqua l’apogée de l’après-guerre pour la fréquentation cinématographique), le chiffre descend à 355 millions en 1960, pour tomber à 184 millions en 1970. Mais cela n’empêche nullement les jeunes réalisateurs français de se lancer à corps perdu dans l’aventure. François Truffaut, exclu en 1959 de la vénérable institution du festival de Cannes pour avoir osé attaquer le cinéma français, y remporte le prix de la mise en scène l'année suivante avec les 400 Coups, où débute Jean-Pierre Léaud, appelé à devenir un des enfants terribles de la «Nouvelle Vague».
Claude Lelouch s’inscrira dans les prolongements du mouvement, notamment avec Un homme et une femme (1966); d’autres tenteront de s’y engouffrer, porteurs de belles promesses. Resurgiront en chefs de file incontestés, malgré des univers opposés, Claude Chabrol, peintre d’une France bourgeoise et provinciale (les Cousins), et Alain Resnais, qualifié d’arpenteur de l’imaginaire (l'Année dernière à Marienbad). Au sommet de ce mouvant édifice, Jean-Luc Godard culmine en abordant les thèmes qui caractérisèrent la décennie: la guerre d’Algérie (le Petit Soldat, interdit trois ans par la censure), les contradictions sociales (Bande à part et Une femme mariée, en 1964), les loisirs hebdomadaires (Week-end) et une kyrielle de films-manifestes (la Chinoise, Made in USA, etc.).
S'illustrent sous la férule de ces réalisateurs une cohorte de jeunes comédiennes dont Jeanne Moreau au sommet de son art et de sa grâce dans Jules et Jim (Truffaut, 1961), Bernadette Lafont, l’adolescente type de l'univers de Chabrol, Catherine Deneuve, à la beauté glacée et ambiguë, ainsi que sa sœur Françoise Dorléac, brisée en pleine gloire, et l’actrice mythe préférée des Français, Brigitte Bardot. Révélée au milieu des années cinquante par son pygmalion Roger Vadim, avec le film Et Dieu créa la femme, B.B. a été «fabriquée» dans le moule du libertinage, image clé de la révolution sociologique et sociale des années soixante, de la guerre d’Algérie aux événements de mai 1968. Côté messieurs, soulignons l’énigmatique Maurice Ronet, révélé par Ascenseur pour l’échafaud (Louis Malle, 1958), l’inquiétant Robert Hossein et sa populaire série des Angélique avec Michèle Mercier, l'omniprésent Jean-Claude Brialy, familier du trio Chabrol-Godard-Truffaut, et enfin l'inévitable Jean-Paul Belmondo, enfant chéri des écrans des sixties depuis À bout de souffle, malgré — dixit René Clair — «un physique difficile pour réussir au cinéma» ( !) (Cartouche de Philippe de Broca en 1961, le Doulos de Jean-Pierre Melville en 1963). Devenu très populaire, il se forgera une image stéréotypée, tout comme Louis de Funès avec les tribulations de son fameux Gendarme de Saint-Tropez (1964) ou encore Lino Ventura et Jean Gabin ensemble réunis pour le plus gros succès au box-office de l'année 1969 avec le Clan des Siciliens où s'inscrivait à leurs côtés le nom du challenger de Belmondo, Alain Delon, révélé par trois exceptionnelles créations curieusement tournées de l’autre côté des Alpes: Rocco et ses frères (Luchino Visconti, 1960), l'Éclipse (Michelangelo
«
Antonioni,
1962) et le Guépard (Visconti, 1964}.
Marqué par des rôles
légendaires, du petit truand de Mélodie en sous-sol (Henri Verneuil,
1962) où il fait face à Gabin, jusqu'au tueur du Samouraï (1967) dirigé
par Jean-Pierre Melville, il s'enferme définitivement dans l'étrange
dualité flic ou voyou.
Ce masque, Delon tente, en vain, de l'exporter
de l'autre côté de l'Atlantique (trois films ponctueront cet exil}.
Rares
sont d'ailleurs les stars nationales à s'être montrées convaincantes,
opposées aux géants du cinéma américain.
LE CINÉMA AMÉRICAIN
À Hollywood, cité des anges, le désarroi et l'effervescence
règnent au paradis; disparus, Marilyn, Judy Garland, Gary Cooper,
Clark Gable, les Marx de l'âge d'or.
Sam Goldwin décide d'arrêter la
production de films, Universal se lance dans le tourisme et la télé
vision, Paramount s'associe aux géants du pétrole et Warner Bros
cède ses actions à Kinney, puissant groupe industriel.
Paradoxale
ment, une véritable mégalomanie s'empare de certains producteurs,
soucieux de rétablir leurs finances.
S'installe alors une surenchère où
tout fuse vers le gigantisme et le spectaculaire.
La MGM devra ainsi
aux cinq oscars décrochés par le Docteur Jivago de l'Anglais David
Lean (1965) de se maintenir miraculeusement à flot quelques années
encore.
Darryl Zanuck annonce.
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