Le cinéma expressionniste (histoire)
Publié le 04/08/2011
Extrait du document
L'étudiant de Prague (1913), Max Reinhardt, le Cllblnet du Dr Calligari, Genuine (1920), Raskolnikov (1923) et les Mains d'Orlec (1924), Le Cabinet des figures de cire, La Mandragore, Fritz Lang, Le Testament du docteur Mabuse, M le Maudit, Ceorg Wilhelm Pabst, Eraserhead, etc...
«
le Tresor (1923).
Cette histoire d'un tresor
autrefois enterre a Vienne par les Turcs
et qui fait ('objet de toutes les convoitises
au sein dune famille de fondeurs de
cloches est plus proche de Nosferatu
que des «films de rue A qui rendront
celebre le maitre du Kammerspiet
Avec Metropolis (1925), fable
futuriste ou a la die haute des
maitres s'oppose aux profondeurs
de la cite ou travaillent des esclaves,
Fritz Lang delivre un chef -d'oeuvre
de modernite aux decors
impressionnants, qui inspirera
bien des films de science-fiction.
Loin des monstres Caligari ou
Nosferatu, le cauchemar surgit ici
d'un monde futuriste aliene a la
productivite, d'un ordre quotidien
soumis au despotisme dans une cite
qui n'a plus de dimension humaine.
L'expressionnisme laisse aussi
sa trace, surtout dans le domaine
de reclairage, sur In realisme poetique
des annees 1930, et en particulier sur
les films de Marcel Came et de Jacques Preyed comme Quai des brumes (1938)
ou Le jour se /eve (1939).
Julien Duvivier, en 1935, realise quant
a lui une version francaise du Golem,
reprenant le theme d'un des films
phares de l'expressionnisme allemand.
SUR LE CINEMA FANTASTIQUE C'est le film fantastique qui est le
grand heritier de l'expressionnisme,
de ses themes et de ses effets.
SUR U FILM NOIR
Le film noir americain s'inspire
aussi du style expressionniste, avec
!importance conferee a I'expressivite
de ('image, a la lumiere et au cadre.
Des films comme le Mouchard (1935)
de John Ford, le Faucon maltais (1941)
de John Huston, le Grand Sommeil
(1946) de Howard Hawks ou encore
les Tueurs (1946) de Robert Siodmak
en portent la marque
M le Maud( (1931) exploite une
autre peur, celui du tueur d'enfants.
Pour son premier film parlant, Lang
plonge dans le realisme social avec
revocation d'un fait divers reel et
un terrible portrait moral et social
de l'Allemagne de repoque.
Ce film
encore est fortement marque par
I'expressionnisme : jeux d'ombres et
de lumieres, grilles, miroirs des vitrines, perspectives cassees...
Le decor tout
autant que la mise en scene construit
le formidable labyrinthe dans lequel
se perdra ('assassin.
Georg Wilhelm Pabst Georg Wilhelm Pabst (1885-1967)
epouse toutes les Mapes esthetiques du
cinema allemand avec, des ses debuts, un film typiquement expressionniste,
L'ECRAN DEMONIAQUE Emigree de l'Allemagne nazie en
1933, la journaliste et critique de cinema
Lotte Eisner (1896-1983) rencontre
le fondateur de la Cinematheque
francaise, Henri Langlois, en 1936.
Collaboratrice de ('institution
francaise, elle publie en 1952 l'Ecran
demoniaque, une analyse du cinema
expressionniste allemand qui est aussi
une histoire culturelle et esthetique
de la Republique de Weimar.
Amie de Fritz Lang et admiratrice
de Friedrich Wilhelm Murnau,
auxquels elle consacrera des ouvrages,
Lotte Eisner collectera egalement des
documents sur la periode, notamment
un grand nombre de dessins des
decorateurs de l'expressionnisme.
Autre émigré juif, Siegfried Kracauer
publie en 1947 De Cagan d Hitler,
une histoire psychologique du cinema
allemand, dans lequel il analyse,
au travers des themes vehicules
par la production cinematographique
de repoque, les dispositions
psychologiques profondes du peuple
allemand predisposant celui-ci
a l'avenement du nazisme.
Son premier film parlant, l'Opera
de quarsons (1931), d'apres la piece
de Bertolt Brecht et sur une musique
de Kurt Weill, dont l'histoire se deroule
dans le monde de la pegre londonienne
de la fin du xixe siècle, est egalement
de facture expressionniste.
L'expressionnisme est egalement
tres present dans son adaptation
du roman de Pierre Benoit l'Atlantide
(1932), dont les decors sont marques
par le surdimensionnement ecrasant
du palais d'Antinea et les jeux d'ombre
et de lumiere...
LES INFLUENCES
EXPRESSIONNISTES
Sun LE CINEMA SOVMTIQUE Le Manteau (1926) de Grigori Kozintsev,
d'apres la nouvelle de Nicolas Gogol
- un jeune fonctionnaire se fait
confectionner un manteau que
des bandits lui volent - use d'un style
tres ()dente vers le caligarisme par
ses decors, ses eclairages et le jeu
de ses acteurs.
Cette oeuvre est une illustration
de Mole de la FEKS -« I'Ecole
de l'Auteur excentrique » - fond&
par Kozintsev avec Leonid Trauberg
et Serguei Youtkevitch.
Pour Kozintsev,
« la vie exige un art hyperboliquement
grossier, etourdissant, qui fouette
les nerfs, ouvertement utilitaire,
mecaniquement précis, instantane,
rapide - sans quoi personne
n'entendra, ne verra, ne s'arretera ».
L'esthetique des films d'Eisenstein
dolt aussi beaucoup a l'expressionnisme
allemand, meme si le cineaste s'en
est defendu : tres gros plans, contre-
plongees, architectures imposantes
ou lignes de fuite travaillees des decors
et des horizons...
SUR LE CINEMA FRAN(AIS
Dans le cinema francais, les influences
expressionnistes sont sensibles chez
Marcel UHerbier, dans Don Juan et
Faust (1922) et dans l'inimmaine
(1924), contemporains de ses modeles
allemands, qui s'inscrivent eux-memes
dans une recherche esthetique
d'avant-garde.
Elles sont aussi presentes,
beaucoup plus tard, chez Georges
Franju, dans la Tete contre les murs
(1959) et les Yeux sans visage (1960).
En temoignent Frankenstein (1931)
de James Whale, Vampyr (1932)
de Carl Dreyer, le Chat noir (1934)
d'Edgar G.
Ulmer, la Momie (1932)
de Karl Freund - ancien directeur
de la photographie de Metropolis
les Mains d'Orlac (1935) du meme
realisateur - reprise du film de Wiene -
ou le Fils de Frankenstein (1939)
de Rowland V.
Lee.
Alfred Hitchcock s'inspire
souvent des cadres et de reclairage
expressionnistes, mais c'est surtout
Orson Welles qui, de Citizen Kane (1941) a Falstaff (1965), en passant
par Macbeth (1948) ou le Proces
(1962), en apparaft comme ('heritier
le plus direct.
SUR U CINEMA MODERNE
ET CONTEMPORAIN Les influences de I'expressionnisme
sont clairement reperables dans des
films comme Phantom of the Paradise
(1974) de Brian de Palma ou Eraseritead (1977) de David Lynch.
Nosferatu, fant6me de la nuit
(1979) de Werner Herzog reprend
la thematique du vampire et se veut
un echo moderne du Nosferatu
de Murnau.
La photographie d'Henri Alekan
est pour beaucoup dans ('atmosphere
expressionniste dans laquelle baigne les
Ailes du desir (1987) de Wim Wenders.
Epidemic (1988), film essai de
Lars von Trier, entraine egalement
In spectateur dans un monde sombre
heritier de l'expressionnisme jusque
dans son theme : une epidemie
de peste qui sevit a travers ('Europe.
On peut aussi trouver des influences
« caligaresques n dans les decors et
la lumiere de Batman, le deft (1991)
de Tim Burton ou de Dark City (1998)
d'Alex Proyas, mais ('utilisation d'un
noir et blanc intense sur un theme
d'anticipation, comme dans le film
d'animation Renaissance (2005)
de Christian Volckman, pousse encore
plus loin rexpressivite de ('image.
DECORATEURS ET CHEFS OPERATEURS « Les films doivent etre des gravures
rendues vivantes », declarait Hermann
Warm, un des trois decorateurs du Cabinet du Dr Caligari.
Exemplaire
des recherches expressionnistes dans le cinema allemand des annees 1920,
ce film s'avere de fait etre autant
('oeuvre de ses trois decorateurs,
Hermann Warm, Walter Reimann
et Walter ROhrig, et de ses deux
scenaristes, Hanns Janowitz
et Carl Mayer, que du realisateur, Robert Wiene.
Les grands decorateurs
Andrei Andrejew (1887-1966).
Russe emigre a Berlin, il assure la
scenographie de Raskolnikov (Wiene,
1923), puis concoit les decors de
l'Opera de quat'sous (Pabst, 1931).
Exile a Paris en 1933, il collabore
avec Duvivier (le Go/em, 1936).
Otto Erdmann (1898-1965).
Sa
carriere de decorateur et directeur
artistique s'etend du debut des annees 1920 jusqu'a la fin des annees 1950.
II collabore notamment avec Pabst.
Rochus Gliese (1891-1978).
Costumier et decorateur au theatre
des 1913, il est d'abord I'un des
principaux collaborateurs de Wegener
au cinema, devenant bientbt son
corealisateur pour les scenes Oil
celui-ci est acteur.
II travaille aussi
comme decorateur pour Murnau.
Albin Grau (1884-1942).
Cet
architecte occultiste se fait connaitre
par son travail sur le Nosferatu
de Murnau : decors, costumes,
dessins et materiel promotionnel.
Emil Hasler (1901-1986).
II integre
en 1919 les studios berlinois de
Tempelhof oh it effectuera toute
sa carriere de decorateur.
II concoit
pour Lang les decors de M le Maudit (1931) et du Testament du Dr Mabuse
(1933) et collabore aussi avec Pabst.
Robert Herlth (1893-1962).
Decorateur et createur de costumes
pour le theatre et le cinema, il atteint
le sommet de sa carriere en travaillant
sur Faust (Murnau, 1926).
Otto Hunte (1881-1960).
Collaborateur de Lang, il est a la fois
concepteur, architecte-decorateur et
chef d'equipe de Metropolis (1926).
Erich Kettelhut (1893-1979).
II est
responsable, avec Otto Hunte et Karl
Vollbrecht, de la conception des
decors, de la realisation des maquettes
et de leur construction sur plusieurs
films de Fritz Lang : les trois Mabuse
(1922, 1933 et 1960), les Nibelungen
(1924) et Metropolis (1926).
Cesar Klein (1876-1954).
Uesthetique tourmentee des
tableaux de ce peintre se retrouve
dans les decors expressionnistes
de Genuine (Wiene, 1920).
Paul Leni (1885-1929).
Peintre,
decorateur de theatre puis de
cinema et dessinateur d'affiches,
il integre la troupe de Max Reinhardt
dans les annees 1910 et devient I'un
des plus inventifs decorateurs de
la scene puis du cinema des annees
1920, avant de passer a la realisation.
Ern6 Metzner (1876-1954).
Apres des etudes d'art a Budapest,
it travaille avec Wiene et Pabst avant
de devenir lui-meme realisateur
et de prendre alors ses distances
avec I'expressionnisme.
Hans Poelzig (1869-1936).
Architecte, directeur a I'Academie
de Breslau, il rejoint en 1918
les expressionnistes du
Novembergruppe, puis concoit les
decors du Golem (Wegener, 1920).
Walter Reimann (1887-1936).
Ses dessins pour le Cabinet du
Dr Caligari (Wiene, 1919) le font
souvent passer pour r« inventeur »
du cinema expressionniste.
Walter R6hrig (1893-1945).
Co-decorateur du Cabinet du
Dr Cagan, it travaille ensuite
a la creation d'autres films
expressionnistes : le Golem
(Wegener, 1920), les Trois Lumieres,
(Lang, 1921), le Tresor (Pabst, 1923),
Faust (Murnau, 1926)...
Walter Schulze-Mittendorf
(1893-1976).11 dessine et fabrique
pour Lang le robot de Metropolis
(1926), devenu une veritable cone
du septieme art.
Ernst Stern (1876-1954).
Figure
de la vie artistique du Berlin des
annees 1920, il realise les esquisses
des decors et les costumes
du Cabinet des figures de cire
(Leni, 1924).
Hermann Warm (1889-1976).
Les decors du Cabinet du
Dr Caligari, en collaboration avec Reimann et Riihrig, In rendent
celebre.
II travaillera ensuite
sur Vampyr (Dreyer, 1932)
et sur l'Etudiant de Prague (Robison, 1935).
Les grands chefs operateurs
Guido Seeber : Ittuchant de Prague
(Rye, 1913, et Galeen, 1926).
Fritz Arbo Wagner : Nosferatu
(Murnau, 1922), les Trois Lumieres
(Lang, 1921), le Montreur d'ombres
(Robison, 1923).
Karl Freund : le Golem (Wegener,
1920), Metropolis (Lang, 1925).
Carl Hofmann : Mabuse (Lang,
1922), les Nibelungen (Lang, 1924),
Faust (Murnau, 1926)..
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