LE CINÉMA DE SCIENCE-FICTION
Publié le 23/11/2011
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OLARIS DE ANDREÏ TARKOVSKI (1972) : SCIENCE-FICTION ET TRAGÉDIE HUMAINE
Adapté du roman de Stanislas Lem, ce film réalisé par un des plus grands metteurs en scène russes tend à utiliser la science-fiction pour explorer la fragilité de l'âme humaine. Une équipe est en station orbitale pour étudier la planète Solaris. Un psychologue les rejoint. Une fois sur place, il découvre qu'un homme s'est suicidé et que les autres sont presque fous. Lui-même commence à avoir des visions de sa femme morte. Peu à peu il comprend que, à côté de Solaris, les rêves et les souvenirs prennent chair. Ces illusions réveillent la souffrance et l'amour en chacun. À plusieurs reprises, Kris essaie de tuer son fantôme... tout en
l'aimant à nouveau.
La version de Solaris de Steven Soderbergh (2002) évite les pièges du remake cinématographique au profit d’une interprétation différente du roman de S. Lem.
La naissance du genre
On raconte que lorsque parut, en 1895, le roman de H.G. Wells, La Machine à explorer le temps, un inventeur anglais écrivit au romancier qu'il avait l'intention d'illustrer le livre au moyen d'un nouvel appareil, le kinétoscope. Le romancier ne marqua aucun intérêt pour le projet. En cela il se montrait différent de son rival Français Jules Verne qui, en 1892, décrivait dans le Château des Carpathes : la combinaison d'un phonographe et d'un reflet dans une glace sans tain. Doit-on rappeler que le 28 décembre 1895 a lieu la première représentation publique du cinématographe Lumière ? Ainsi cinéma et science-fiction sont-ils presque nés en même temps.
«
C.
Nyby , 1950) ou dans la Guerre des Mondes (de B.
Haskin, 1953 d'après le roman de Wells).
Il faut aussi reconnaître que certains films se veulent
à contre-courant et lancent implicitement un appel
pacifiste comme
le Jour où la Terre s'arrêta (de
R.
Wise , 1951) où les extra-terrestres sont por
teurs d'un message de paix.
Si les années 60 continuent dans la même voie
avec le film terrifiant de P.
Watkins, la Bombe
(1965), la conquête spatiale à l'horizon donne un
accent nouveau aux films qui sortent désormais .
Les Naufragés de l'espace (1969) de
J.
Sturges a
encore l'aspect d'un documentaire, en revanche la Planète des singes (1967) de F.
Schaffner et, sur
tout, 2001, Odyssée de l'espace (1968) de S.
Ku
brick représentent, à des titres différents, le désir -et la crainte- qu'éprouve l'homme au seuil de
la conquête spatiale.
Dans l'un prédomine l'idée
que la terre finira
par nous être totalement étran
gère si nous nous acharnons à la détruire, dans
l'autre qu'il y a quelque part des êtres supérieurs
tenant en main notre destin.
Les années
70 voient se développer le mouve
ment écologique dont la retombée cinématogra
phique la plus spectaculaire est le film de
D.
Trumbo, Silent running (1972) qui veut attirer
l'attention du spectateur sur la destruction de
notre environnement et ses conséquences.
Les tendances actuelles
Depuis quelques années on assiste à un essor
spectaculaire des films de science-fiction (notons à
ce propos que tous les films-catastrophes ne sont
pas forcément des films de science-fiction).
Ceci
est dû à plusieurs facteurs :
Tout
d'abord la floraison de la littérature de
science-fiction incite, devant l'abondance de scé
narios possibles , à réaliser des films.
Ainsi quel
ques grands films de ces dernières années sont-ils
des adaptations d'œuvres célèbres : Soleil vert tiré
d'un roman d'H .
Harrison et l'Age de cristal ins
piré par le récit de L.
Nolan en sont deux bons
exemples.
Notons cependant que l'inverse existe et
que , de
la Guerre des Etoiles , G.
Lukas, le metteur
en scène, tire un livre.
L'exemple le plus spectacu
laire est celui de 2001, l'Odyssée de l'espace : le film a été tiré d'une nouvelle du romancier
A . C.
Clarke et, devant son succès, Clarke en a fait
un roman (éd.
J'ai lu en traduction) .
Il est certain
que les films de science-fiction (et aussi les films
catastrophes) correspondent à une angoisse du
public.
Cette angoisse s'exorcise sur l'écran .
On a
envie d'avoir peur pour ne plus avoir peur dans la
réalité.
Mais face aux spectaculaires catastrophes
du type
la Tour infernale, il y a aussi le phénomène
animal.
Il est intéressant de constater que les ani
maux ne sont plus des monstres grossis par quel-que
mutation atomique mais bien des insectes
dont seules l'intelligence et la férocité
ont changé.
Fourmis comme dans Phase IV, cafards comme
dans les Insectes de Feu.
Parfois des animaux, en
général inoffensifs, tels les lapins, devenus féroces,
de Rabbits montrent à quel point d'angoisse on est
arrivé .
Autre tendance du cinéma des années
77-80 : le renvoi dans un futur très lointain de ce qui, il y a
une dizaine d'années, était cantonné dans les pre
mières années du
xxr siècle.
Ainsi les grands suc cès d'aujourd'hui : la Guerre des Etoiles et sa suite,
Star Trek ou Galactica se passent dans un avenir
très lointain.
Cette plongée dans
le merveilleux et le rêve s'accompagne d'ailleurs du retour sur les écrans des héros de l'âge d'or de la bande dessinée
tels Superman ou Buck Rogers.
Retour donc aux années
40 comme dans Nimit z
retour vers l'enfer où l'on voit un porte-avion ato
mique revenir devant Pearl-Harbour
ou encore la Maladie de Hambourg qui semble symboliser le retour à la « peste brune "• c'est-à-dire au nazisme.
Parfois le regain d'intérêt pour le passé se combine avec l'idée de science-fiction et l'on a ce film au beau titre : C'était demain.
On y voit B.G.
Wells, l'un des pères du genre, poursuivre
Jack l'Eventreur (référence à la vogue actuelle des
films de terreur) jusque dans la Californie des
années
80.
Cette angoisse trouve une spectaculaire
illustration dans des films comme A lien ou comme la Mort en direct.
Rien de commun entre eux au
premier abord sinon qu'il est difficile d'échapper
au mal.
Ici, une époque lointaine
où les transports dans l'espace sont devenus 'familiers ; là, une épo
que moins lointaine où la maladie a été vaincue.
Dans les deux cas le progrès technologique ne peut
empêcher que surgisse l'horreur du fond de l'es
pace (est-ce de notre inconscient
?) ou que le mal
(aux deux sens du terme : l'héroïne de la Mort en
direct .est malade et, par là, elle est différente) soit
exhibée (on charge un reporter de filmer en direct
les progrès de la maladie) pour être dénoncé.
Il reste pourtant un dernier courant des films de
science-fiction actuels : le recours à un genre que les Anglo-Saxons nomment « heroic-fantasy "·
Un bon exemple en est le SÙgneur des anneaux .
Ici le désir de dépaysement atteint son comble puis
que l'ensemble est censé, à la façon des contes de
fées,
se passer dans un pays imaginaire .
Il semble
bien que cette tendance, encore naissante, va gran
dir dans
les prochaines années.
Si films de terreur ,
films-catastrophe , films de science-fiction partici
paient , d'une façon différente, de la même
angoisse et du même !1ésir d'évasion, sans doute les films d'.
»
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