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LE CINÉMA de 1995 à 1999 : Histoire

Publié le 24/12/2018

Extrait du document

histoire

Le cinéma n’aura pas attendu l’an 2000 pour affronter des étapes décisives. Apparition de jeunes cinématographies, essor des technologies de pointe, regain d’intérêt des cinéastes européens pour les éclairages sociaux... : depuis cinq ans, le cinéma bouge, se transforme, se heurte à des crises, cherche à dépasser la banalisation des images, résiste comme il peut au pouvoir de la télévision, tente de capter différemment l’attention du spectateur. Le système d’exploitation des films en salle est lui-même en proie à de considérables mutations, comme en témoigne le phénomène des multiplexes, ces supermarchés du cinéma qui s’implantent en nombre dans les grandes villes. Le public évolue et, pour le cinéma, le pari est de taille : rendre visible ce qui ne l’était pas encore, dans la spirale du « toujours plus » (d’effets spéciaux, de cascades) ; abolir les frontières entre les genres et les modes de représentation ; faire visiter des territoires inexplorés.

 

Nouvelles technologies

 

Paradoxalement, alors que d’aucuns dénoncent son manque d’ambition artistique et de sujets amples et forts, le cinéma américain n’aura jamais paru aussi puissant que ces dernières années. Les budgets battent des records, à coups de centaines de millions de dollars pour les superproductions, comme si l’on cherchait à repousser sans cesse les limites, dans une démesure à la fois fascinante et agaçante. Tout doit être mis en œuvre pour continuer à attirer les spectateurs dans les salles, et le développement du numérique n’est pas pour rien dans cette inflation : l’image peut être désormais manipulée à volonté, mais aussi s'accompagner de nouveaux effets spéciaux, susceptibles de créer encore davantage l’étonnement.

 

Pourtant, il n’est pas certain que le numérique engendre un renouvellement des formes et des fictions. La technique du mor-plting, l’une des premières prouesses du numérique, était intéressante en ce sens qu’elle permettait des représentations inédites du corps : par exemple, l'homme-machine dans Terminator 2, de James Cameron. D'une certaine manière, il subsistait toujours une trace de l’humain au travers de cet effet spécial. Or, dans les films les plus « numérisés », qu'il s'agisse d’Independence Day ou de Star Wars, la menace fantôme, ce n’est plus le cas, les personnages se réduisant à des stéréotypes ou à des marionnettes sans âme. Plus inquiétant encore, alors que la technologie est à son apogée, les cinéastes peinent à inventer de nouvelles histoires, et retombent dans des schémas narratifs éprouvés et vieillots. De surcroît, le numérique peut soulever de nombreux problèmes éthiques. Loin du caractère ontologique de l'image cinématographique chère à André Bazin, il permet en effet de modeler le réel à sa guise, comme si Ton ne faisait plus de distinction entre la réalité et sa représentation. Ainsi, certains plans de Forrest Gump ont suscité des controverses, car on y voyait le héros aux côtés des vrais présidents américains, Kennedy ou Nixon. Cette ambiguïté de l'image culmine dans les films dits virtuels, tel Matrix, dont la mise en scène cherche à épouser les mécanismes du jeu vidéo. Plus généralement, on assiste aujourd'hui à un nouveau mode de circulation et de contamination de l'image, qui doit autant au jeu vidéo qu’au cinéma.

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« LE CINÉMA EN MUTATION : CRISE OU RENOUVEAU ? S'il est e11core des réalisateurs poètes.

Manuel Poirier est de ceux-là.

Avec À la campagne, Marion er surrour Western, il donne à voir un quotidien pas conune les autres.

qui naft d'une obsen·ation quasi clinique de la Frcmce d"aujourd"lwi.

Ci-contre : Sergi Lopez et Sacha Bourdo dans l'une des scènes de Western, gmnd succès cinématographique de /'awomne 1997.

C> Xm•ier Lambours-Age11ce Métis LE CINÉMA EN MUTATION : LE CINÉMA EN MUTATIO :CRISE OU RENOUVEAU ? CRISE OU RENOUVEAU ? Les effets spéciaux les plus sophistiqués som-ils e11 passe de remplacer le plus abollli des scénarios ? Au l'li cles prouesses déployées par le cinéma américain pour amorcer cette substitlllion, on pelll cm indre que le septième arr ne se transforme bientôt en une vitri11e technologique pour amateur de jertx .-idéo.

Ci-comre : 1111e scène de S ta r Wars, la menace fantôme, de George Lucas.

dom la mise en scène specraculain! a attiré des m illio11s de spectareurs e11 1999.

E11 1996, la Palme d'or du Festival de Cannes récompense Secrets et mensooges, du Britannique Mike Leigh, u11e chronique d'une extrême se11sibilité qui témoigne de l'cm COIISOmmé des réalisateurs a11glais pour les éclairages réalistes.

Ci-dessus : Maria1111e Jean-Baptiste et Brellda 8/ethyn, da11s /"u11e des meilleures scènes du [i/11� © Collecrion Chrisroplre L cesse les limites, dans une démesure à la fois fascinante et agaçante.

Tout doit être mis en œuvre pour continuer à attirer les spectateurs dans les salles, et le développement du nu mé rique n 'e s t pas pour rien dans cette inflation : l'image peut être désormais manipulée à volonté, mais aussi s'accompagner de nouveaux effets spéciaux, susceptibles de cré er encore davantage l'é to nn em en t.

Pourtant, il n'est pas certain que le numérique eng end re un renouvellement des formes ct des fictions .

La techn iq ue du mor· p ll in g , l'une des prem ières prouesses du numé riq ue, était intéres­ sante en ce sens qu'elle permettait des re pr ése n ta tion s inédites du corps : par exemplt>, !"homme-machine dan s TerminMor 2.

de James Cameron.

D'une certaine manière, il subsistait to ujo urs une trac e de l'humain au travers de cet effet spéc ia l.

Or, dans les films les plu s « nu méris és "• qu 'il s'agisse d'lndependence Day ou de Star Wars, la menace fantôme.

cc n'es t plus le cas, les personnages se réduisant à des stéréotypes ou à des marionnettes sans âme.

Plus in q uié ta n t encore, alo rs que la te ch nol og ie est à son apogée.

les cinéastes pei­ nent à inventer de nouve ll es histoires.

ct retombent dans des sché­ mas narratifs éprouvés et vieillots.

De surcroît, le nu mé riq u e peut soulever de no m bre ux pro b lèm es éth iq ues .

Loin du caractère onto­ logique de l'image cin ém ato gra ph iqu e chère à André Baz in , il per­ met en effet de modeler le rée l à sa gu is e , comme si l'on ne faisait plus de distinction entre la réalité et sa représe nta tio n.

Ainsi, certains plans de Forrest Gump ont suscité des controverses, car on y voyait le héros aux côtés des vrais présidents américains.

Kennedy ou Nixon.

Cette ambig u ïté de l'image culmine dans les lilms dits vir· tucls, tel Matrix, do nt la mise en scène cherche à épouser les méca· nismes du jeu vidéo.

Plu s généralement, on assiste aujourd'hui à un nouveau mode de circul ation et de contamination de l'image, qui doit autant au jeu vidéo qu'au cinéma.

De cette uniformisation de l'image ct de cene disp arit ion de l'humain, certai ns cinéas te s o nt jou é avec brio.

Dans 1\lfission : impos· s ibl e (1996), Brian De Palma construit un monde dés h u m an isé , entiè­ rement dom iné par l' inform atiqu e, et signe là l'un des films les plus férocement symboliques de ces dernières années.

D'autres.

tel James Cameron, utilisent au contraire la technique pour renouer avec la tra­ dition du grand spe ctac le chère à Hollywood : on peut ne pas classer Titanic au rang de ch efs - d 'œ uvre , mais force est de const ate r que ce film, où les eff ets spéciaux sont un moyen et non un but, retrouve la magie de ceux d'a u tr e fois , où la foi du spectateur dans la vérité de ce q u 'i l voit est constamment sollicitée.

En revanche, celle foi est mise à e CollectiOII Christophe L l'épreuve dans The Blair Witch Project, de Dan ie l Myrick et Eduardo Sanchez (11), ce qui n'a pas em pêch é ce petit film indé p en dant , tour­ né en quelq ues jou rs pour une poignée de do lla rs , de remporter un tel succès aux Éta ts -U nis qu'il constitue déjà un véritable phénomène de société.

Cc n'est pas seulement l'inventivité d'un film à petit bu dge t qui a été ains i plé bisc it ée, mais aussi la volonté de do nn er au specta· teur à décrypter l'invisible -le ressort le plus efficace encore pour provoquer la peur dans les salles obscures.

Ce qui passe pour nouveau et révolutionnaire un jour peut être frappé d'obsolescence les mois suivants.

Le cinéma am érica in est ainsi pétri de contra d icti ons , et il n'est pas éton nan t que l'un des thèmes m ajeu rs dé veloppés dans bon nombre de films soit la vieillesse, celle des héros et celle des genres.

Nombre de cinéastes indépendants, tels Quentin Tarantino ou Jim Jarmusch, cherchent ainsi à représenter des figures d'autrefois (issues des pola rs pour le pre mier, des westerns ou des films de samouraïs pour le seco nd) en leur donnant une coule ur contemporaine.

Cela ne va pas sans quelque mélancolie : on en trouve une illustration dans la dimension fantomatique des films de Clint Eastwood.

Même au sein des supe rp ro du ctions, les héros sont fatig ués, épuisés.

Certains films en tir e nt des aspects parodiques : exemple, l'un des policiers du tandem d'Arme fatale qu i, en pleine poursuite en voi­ ture, soupire qu 'i l ''se se n t trop vieux pour ces conneries.

, LE CINÉMA EUROPÉEN sous LE SIGNE DU RÉALISME SOCIAL De l' au tr e côté de 1 'A tlan tiq ue, le cinéma européen tente de survivre face à son pu is s ant rival, alors même que l'i n du str ie cinéma­ tographique de certains pays subit de graves cris e s (1' Allemagne et l'Italie ont les ex emp les les plus frappants).

Mais tant bien que mal, il affirme avec énergie et vivacité ce qui fait sa singularité : audace.

l ib erté de to n , et sujets fons.

Le cin ém a britannique aura ouvert la voie.

Il a connu ces dernières années un succès considérable dans les festivals et auprès du public en mettan t en scène les problèmes qui m inen t la société anglaise, en filmant au plus près du réel, cl en cher­ chant aussi un effet de forte proximité à l'é g ard des spectateurs.

Citons des cinéastes comme Mike Leigh (Secrets et mensonges), Ken Loach (My Na me is Joe).

L'exceptionnel succès de The Full Monty, de Peter Cauanco, une comédie sur une poignée de chômeurs inventifs, confirme ce retour du ré ali sm e, qu i n'évite pas to ujo u rs les écueils du mi sé rab ili s me et de la caricature.. »

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