Devoir de Philosophie

Le cinéma d'auteur

Publié le 01/08/2011

Extrait du document

Pour attirer la petite bourgeoisie, on crée des salles plus confortables et on passe d'un cinéma de saynètes à des adaptations littéraires. Dès lors, c'est le texte original qui donne sa valeur au film et c'est le talent de l'écrivain que l'on salue. Sur les affiches, on peut lire les noms d'Émile Zola et d'Alexandre Dumas. En revanche, on ne trouve pas celui d'Albert Capellani qui réalise entre 1909 et 1914 les premières adaptations à l'écran des romans de Victor Hugo. De manière générale, on se sert de l'aura du monde littéraire et plus particulièrement du théâtre pour valoriser le cinéma.

« DROITS D'AUTEUR ET PROCES A REBONDISSEMENTS Puisque aucune loi ne garantit le droit moral du realisateur, tout film est donc matiere a proces.

Le droit francais et le droit americain se sont ainsi opposes en 1988 autour du film de John Huston Quand la vile dort (1950).

Une chaine privee francaise devait en passer une version colorises par l'entreprise de Ted Turner.

Or, John Huston, alors deckle, Raft oppose a cette colorisation. Aux yeux de la loi americaine, Ted Turner ayant rachete le copyright du film, it pouvait le modifier.

En France, intervenir sur une oeuvre contre l'avis de l'auteur est une atteinte a son droit moral.

Celui-ci est inalienable, meme si les droits d'exploitation ant ete cedes.

En 1994, apres de multiples peripeties, la justice francaise a donne raison aux ayants droit de John Huston. II n'a donc pas autorite sur le montage final du film (the final cut). Avec la naissance du cinema independent dans les annees 1960- 1970, les cineastes se tournent vers de petites societes de production ou montent leur propre societe. Francis Ford Coppola fonde ainsi avec George Lucas ('American Zoetrope en 1969.

Reste que le combat entre cinema independent et cinema hollywoodien est commercialement inegal.

Dans la plupart des cas aujourd'hui, le producteur controle le montage final, le realisateur pouvant, sit le souhaite, sortir sa version du film (the director's cut). LE CINEMA D'AUTEUR VU PAR LA CRITIQUE Dans la France de l'apres-guerre, l'engouement du public pour le septieme art temoigne de la reconnaissance du o cinema d'auteur». Cette cinephilie est relay& par une presse enthousiaste et par une politique volontariste. Les cine-clubs se multiplient dans les lycees comme dans les entreprises. Le CNC (Centre National de la Cinematographie) est cree en 1946. La meme armee, le Festival de Cannes connait son premier palmares. Pour le public averti, le realisateur est desormais un veritable artiste porteur d'une esthetique propre. A partir de 1954, la revue Les Cahiers du cinema se met a defendre cette idee en la theorisant sous le nom de « politique des auteurs». LA POLITIQUE DES AUTEURS Les jeunes-turcs des a Cahiers du cinema » La revue Les Cahiers du cinema est fondee en 1951 par to Duca, Jacques Doniol-Valcroze et Andre Bazin. Ses jeunes-turcs sont Francois Truffaut, Eric Rohmer, Claude Chabrol, Jacques Rivette et lean-Luc Godard.

Ceux-ci lancent la politique des auteurs en 1954 et deviennent avec leurs premiers films les pionniers de la nouvelle vague» en 1958.

Leur politique des auteurs consacre le cineaste comme artiste.

Elle cherche aussi a montrer que, au-dela du scenario, chaque film est avant tout le produit d'une mise en scene.

II n'y a pas de bons ou de mauvais sujets, mais differentes manieres de raconter une meme intrigue.

A travers leurs articles, les jeunes-turcs valorisent Fecriture cinematographique et la forme des films.

Cette conception du cinema est a contre-courant d'une certaine tradition francaise qui s'appuie surtout sur les bons mots des scenaristes. Sur un ton volontairement polemique, Francois Truffaut denonce ce cinema de qualite dans un article celebre intitule: o Une certaine tendance du cinema francais». Des cineastes phares La politique des auteurs est lam& autour de quatre grands noms du cinema, les deux H et les deux R: Howard Hawks, Alfred Hitchcock, Roberto Rossellini et lean Renoir. La mise en parallele de ces artistes est audacieuse pour l'epoque.

En effet, si des cineastes comme Rossellini et Renoir sont d'emblee classes s auteurs» par le public, Hitchcock et Hawks, tous deux issus des studios, incarnent un cinema de divertissement, classique et commercial.

Its sont consideres comme des faiseurs et non comme des artistes. En 1953, s'appuyant sur Cherie, je me seas rajeunir (Monkey business), Rivette decortique le style de Hawks et declare pour contrer les refractaires: H L'evidence est la marque du genie de Hawks.» En 1954, dans I'entretien intitule o Quel est le motif de votre tapisserie? », Hitchcock analyse son travail devant Truffaut et Chabrol.

La politique des auteurs surprend egalement parce qu'elle analyse aussi les oeuvres mineures (ou realisees dans des conditions difficiles) de ses auteurs. Ces jeunes critiques sinteressent ainsi a la periode americaine de Jean Renoir ou de Fritz Lang, *lode durant laquelle ces cineastes sont confrontes aux pressions des studios.

L'auteur nest donc pas uniquement presente comme un cineaste libre de ses choix, mais aussi comme quelqu'un qui doit integrer des contraintes.

D'un auteur a l'autre La politique des auteurs va attirer ('attention sur des cineastes aux styles varies.

La revue publie de longs entretiens avec Hitchcock, Renoir, Rossellini et Hawks, mais aussi avec Fritz Lang, Luis Bunuel, Orson Welles, Carl T.

Dreyer, Robert Bresson ou Michelangelo Antonioni. Les critiques devenant cineastes, leur approche se retrouve dans leurs films.

Dans Le MOpris (1963), Jean-Luc Godard fait jailer a Fritz Lang son propre role.

L'histoire se passe a Rome et reunit Fritz Lang, qui vent tourner une adaptation de l'Odyssee, Jeremy Prokosch (Jack Palance), son producteur, un homme grossier et mercantile, Paul Java! (Michel Piccoli), un scenariste, et Camille, sa femme (incarnee par une figure du star system : Brigitte Bardot).

La fin du film est tres symbolique: la star et le producteur se tuent en voiture, restent le scenariste et le metteur en scene. rIIIIPACT DE LA POLMQUE DES AMENS L'assurance de ces jeunes critiques en agace plus d'un.

La revue Positif, creee en 1952, se dresse contre les partis pris des Cahiers et defend d'autres auteurs.

L'epoque etant par ailleurs tres politisee, chaque revue radicalise son point de vue.

On *at pour savoir si le cinema de William Wyler est superieur a celui de John Ford et, dans tous les cas, on invente une nouvelle maniere de paler du cinema et des cineastes. Consideres au depart comme des originaux», les critiques des Cahiers finissent par etre reconnus internationalement.

Des lors, etre un oauteur Ceders» devient un privilege. La vulgarisation de la politique des auteurs aupres du grand public a aussi des retombees politiques.

Elle conforte la politique culturelle francaise visant soutenir la creation anematographique. Elle nourrit aussi le &bat autour de ('exception culturelle francaise, notamment depuis les accords du GATT de 1993: en effet, pour de nombreux pays (et surtout pour les Etats-Unis), les produits cinematographiques et audiovisuels doivent etre soumis a la libre concurrence.

Or, pour la France, le cinema est un art avant d'être un commerce et doit etre protege par des mesures protectionnistes. LE CINEMA D'AUTEUR AUIOURD'HUI LE CINEMA D'AUTEUR, UNE NOTION AWOURD'NUI conntovEnstx Dans les annees 1980, le critique Serge Daney revient sur la notion de o cinema d'auteur » dans un texte intitule «Apres tout».

II constate que le mot Hauteur)) ne choque plus personne et qu'il est meme parfois utilise de facon abusive. Selon lui, cette notion reste toujours riche et problematique a la fois.

L'auteur est-il tout simplement celui qui signe le film ou plus specifiquement celui qui parvient a faire un film dans une situation contraignante ou encore celui qui est a la fois producteur, scenariste et realisateur? Pour le grand public, certains amalgames se sont malheureusement banafises.

Ainsi oppose-t-on souvent In cinema d'auteur au cinema commercial.

Le cinema d'auteur represente alors un cinema a petit budget et aux recits intimistes pour ne pas dire ennuyeux.

Le cinema commercial, souvent incarne par Hollywood, est associe a un certain sens du glamour, du divertissement et A une debauche d'effets speciaux. Pourtant, si Ion en croit les critiques des Cahiers, le budget a peu a voir avec la notion d'auteur.

Les articles consacres aux films du cineaste John Woo le montrent...

mais les cliches sont tenaces. DES AUTEURS CONSACRES PAR LA CRITIQUE COMIPAPORAINE De facon assez consensuelle, la critique a identifie un certain nombre de grands cineastes contemporains.

La plupart ont vu leurs films selectionnes et primes au Festival de Cannes. Le cinema francais Parmi les cineastes francais, on retiendra entre autres: Francois Truffaut (La Femme d'i clite, 1981), Alain Resnais (On connalt la chanson, 1997), Eric Rohmer (Conte de printemps, 1990), Jean-Luc Godard (Histoire(s) du cinema, 1997-1998), Maurice Pialat (Sous le soleil de Satan, 1987), Jacques Doillon (La Filk de quinze ans, 1989), Claire Denis (Beau travail, 1999), Catherine Breillat (Romance, 1999), Francois Ozon (Hurt femmes, 2002), Arnaud Desplechin (Rots et rein., 2004).

Madison, 1995), Ethan et Joel Coen (Barton Fink, 1991), David Lynch (Mulholland Drive, 2001), Gus Van Sant (Elephant, 2003). Cinemas d'ailleurs Par cineastes d'ailleurs, on entend des cineastes venus de pays (.16 l'industrie cinematographique nationale est mains develop*.

Certains pays ant eu autrefois une industrie cinematographique florissante. Le cinema italien a ete pone par des artistes majeurs tels que Pier Paolo Pasolini, Frederico Fellini ou Michelangelo Antonioni avant de *liner au debut des annees 1980. Au-dela des questions de creativite, la politique culturelle de chaque pays conditionne sa capacite a resister a la concurrence etrangere.

Le Bresil a ainsi soutenu sa production en etablissant des quotas protectionnistes au debut des annees 1960.

Les cineastes du Cinema Novo pranaient alors la naissance d'un cinema national.

Les quotas continueront d'augmenter mais ('elan artistique sera lui brise par le coup d'kat de 1964.

Parmi les cineastes les plus interessants citons : Peter Greenaway (Meurtre dans un jardin anglois, 1982), Ingmar Bergman (Fanny et Alexandre, 1982), VVim Wenders (Paris, Texas, 1984), Souleymane Cisse (Yeelen, 1987), Manoel de Oliveira (Val Abraham, 1993), Krzysztof Kieslowski (Trois couleurs: Bleu, Blanc Rouge, 1993-1994), Nanni Moretti (Journal intime, 1994), Jane Campion (La Lecon de piano, 1993), Ken Loach (Raining Stones, 1993), Emir Kusturica (Underground, Palme d'or, 1995), Lars von Trier (Breaking the Waves, 1996), David Cronenberg (Crash, 1996), Mike Leigh (Secrets et mensonges, 1996), Tsai Ming Liang (La Riviere, 1997), Le dnEina americain Le cinema americain, qu'il soit independent ou pas, presente des cineastes passionnants: Martin Scorsese (Taxi Driver, 1976, Palme d'or), Francis Ford Coppola (Apocalypse Now, 1979), Woody Allen Abbas Kiarostami (Le Goat de la cerise, 1997), Youssef Chahine (Le Destin, 1997), Takeshi Kitano (Hana-bi, 1997), Alexandre Sokourov (Mere et fits, 1997), Imamura Shohei (L'Anguille, 1997), Hou Hsiao-hsien (Les Fleurs de Shanghai, 1998), Moshen Makhmalbaf (La Pomme, 1998), Amos GitaI (Kadosh, (Manhattan, 1979), Jim Jarmusch (Stranger than Paradise, 1983), Steven Soderbergh (Sexe, mensonges et video, 1989), Clint Eastwood (Sur la route de 1999), Pedro Almodovar (Tout sur ma mire, 1999), les freres Dardenne (Rosetta, 1999), Wong Kar Wai (In the Mood for Love, 2000), Raoul Ruiz (La Comedie de l'innocence, 2000), Aki Kaurismaki (L'Homme sans passé, 2001).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles