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Le CINÉMA américain de 1910 à 1919 : Histoire

Publié le 11/01/2019

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histoire

Secoue par les prémices de la Grande Guerre, l’ensemble du cinéma européen s'effondre tandis que les États-Unis confirment leur suprématie absolue sur le marché mondial. En France, la production nationale, dominante au début du siècle, perpétue désormais des formules périmées et s'embourbe dans les clichés et les redites. Outre-Manche, les cinéastes britanniques sont devenus à leur tour des fabricants routiniers de films sans âme, tandis que l’Italie sombre dans les stéréotypes, à de rares exceptions près: le splendide Cabiria, par exemple, tourné en 1914 par Giovanni Pastrone, production qui influencera profondément les producteurs américains de Ben Hnr, ou encore le fameux Intolérance de D.W. Griffith.

 

Griffith ltnventeur

 

Griffith demeure sans doute le seul cinéaste dont le nom domine toute la décennie. À sa mort, en 1948, Erich von Stroheim, un de ses grands disciples, l’évoquera en ces termes: «Il avait donné sa place à la poésie et à la beauté dans une distraction de mauvais goût à bon marché!» Il est vrai que l'infatigable David Wark Griffith, d’origine irlandaise, acteur à ses débuts, innove dans tous les domaines: il est tout d’abord l’inventeur du «flash-back» ou retour en arrière (dans le film The Adventures of Dollie), une technique cinématographique qui va devenir un des éléments les plus attrayants du 7e art, puis du fameux «plan américain», cadrage d’un personnage au-dessus du genou afin d'accentuer la dramatisation (dans For Love ofGold, adapté de Jack London); enfin, il conçoit l’écriture du premier scénario, détaillé plan par plan, l’ancêtre du script en quelque sorte (pour After Many Years). Au cours de sa carrière féconde (144 films pour la seule année 1909), D.W. Griffith découvrira encore le «flou artistique» (dans Pipa Passes, le premier film américain d’un format de 300 mètres), la prise de vues mobile, ou encore le «travelling». Son inventivité est telle qu'on lui doit aussi l’existence de divers genres, tels le premier film «à grand spectacle» (Judith of Bethulia), le western (Old Kentucky ou The Massacre), le film à épisodes (Enoch Arderi), la comédie (O il and Water), le musical (Home Sweet Home) 

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« LE SOUFFLE DE L'AMÉRIQUE: DU CINÉMA.

Victorin Jasset, pionnier du cinéma, premier réalisateur en France de films à épisodes avec la série des Nick Carter, s'est pourtant effacé de la mémoire du 7' art.

Peut-être parce que nombre de ses films ont disparu.

Ci-contre: une scène de Protea, tou rn é en 1913.

Jasse1 mourra pendant le tournage.

© Colle cti o n Cinémathèque française LE SOUFFLE DE t:AMÉRIQUE: DU CINÉMA.

D écorll'erl par la Keystone de Mack Sen11et1 en 1913, Charles Chaplin deviem e11 quelques mois une v e d e ue , avam d'emamer une carrière de réalisaœur e11 compag11ie de son double iméparable, Charlot.

Ci-dessus: 1111e scène de Charlot usurier, ori le petit homme est déjà en position de victime.

© Collection Cinémathèque française fameux «plan améric ain >> , c adr age d'un personnage au-dessus du ge­ nou afin d'acce ntue r la dra m atis ation (dans For Love of Gold, ad ap té de Jack London); enfin, il conç oit l'é crit ure du prem ier scénario, détaillé plan par pla n , J'ancêtre du script en quelque sorte (pour Afrer Many Years).

Au cours de sa carrière féconde (144 films pour la seule a nn ée 1909), D.W.

Griffith découvrira encore le «flou artistique>> (dans Pipa Passes, le pre mier film américain d'un format de 300 mètres), la prise de vues mobile, ou encore le «tra ve llin g" .

Son inventivité est telle qu'on lui doit aussi l'existence de divers genres, tels le prem ie r film «à grand spectacle,.

(Judith of Betlwlia), le western (0/d Kemucky ou The Massacre), le film à épisodes (Enoch Arden), la comédie (Oit and Water), le musica l (Home Sweet Home) ct la re­ con st it u tio n historique ayant trait à, la préhistoire, à un épisode bi­ blique ou à la guerre de Sécession.

Egalement affirmé dans une série d 'a d apta tions (D ic k ens, Maupassant, Tolstoï, etc .), son fabuleux sens du cinéma -le fameux «montage à la G riffith >>- inspirera nombre de créateurs parmi lesquels Ernst Lubitsch, Frank Capra et même Alfred Hitchcock.

En outre, Griffith permet à de nombreuses futures vedettes d'amorcer sous sa direction une prolifique carrière: parm i elles, Mary Pickford, Lionel Barrymore et bien entendu les sœurs Gish.

Dorothy et Lillian.

Cette dernière deviendra, entre 1912 et 1922, son interprète favorite dans une quarantaine de films.

Beauc oup plus tard, en 1969, elle écrira une savoureuse biogra p h ie intitulée le Cinéma, Mr.

Griffith er moi, qu'elle conclura en ces termes: «Je garde sur moi une des citations préférées de D.

W.: "On gagne de quoi vivre, mais c'est la vie q u 'o n offre.">> En 1913, D.

W.

Grif fi th devient donc le maître incontesté de l'écran américain.

En juillet 1914, avec le tournage de Naissance d'une nation (The Birth of a Na tio n), film dont les assis ta nt s se nomment Raoul Walsh et Erich von Stroheim, D.W.

Griffit h signe son premier chef-d'œuvre, même si la pro pa g_a nde raciste qui anime l'œuvre dé­ chaîne des pass io ns haineuses.

A Bos to n .

à Chicago, puis à New York, on s'enflamme en de violentes manifestations contre son esp rit ultrasudiste, oubliant que le film contient quelques-unes des plus belles scènes de l'histoire du cinéma: l'incendie d'Atlanta, la batai lle de Petersburg, les colonnes de réfugiés sur les routes, ou les champs de bataille parsemés de cadavres.

Naissance d'une nation, d'abord interdit en Euro pe , sera autorisé en France en 1922, tr on qu é de ces fa meuse s scènes à caractère raciste.

Excepté dans la Russie tsariste, puis plus tard en Union so viét iq u e, où l'œuvre ne sera jam ais proje­ tée, l'influence de cc film sera déterminante pour l'avenir du cinéma; après David Wark Griffith, on peut parler d'un e aut hentiq ue industrie du cinéma.

LE SOUFFLE DE t.:AMÉR IQ UE : DU CINÉMA.

En France, Louis Feuillade décline s11r le s écrans les Ol'e/1/ures de Fantômas, des V am pires ou de Judex.

Ci-comre: rme sc�ne extraite de la Nouvelle Mission de Judex.

© Collection Cinémathèque français� La carrière de son film suivant, Imolérance, œuvre dan­ tesque présentée en septembre 1916 en quatre épisodes, sera contra­ riée par l'entrée en guerre des États-Unis le 6 avril 1917.

Projeté en Russie au cours de l'année 1920, llltolérance ex er ce ra une én or me influence sur le cinéma sovié1ique et surtout auprès d'un de ses créa­ t e u rs essentiels: Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein.

Celui-ci dévelop­ pera la même forme romanesque du montage et de la dram atisa tion d'une scène, ne serait-cc que dans son légendaire Cuirassé Potemkine ( 1926-1929), qui fera de lui le cinéaste sovié tiq ue le plus connu à travers le mond e.

UNE INDUSTRIE, DES MYTHES E n 19 16 , la su pré matie de Griffith chancelle à cause de l'échec fi na n cie r d'Intolérance.

Cette rupture marque l'arrivée d'un autre bâ­ tisseur de la sup éri orit é du cinéma américain: Mack Sennett.

De son propre aveu, le créateur des fam eu se s Barhing girls s'ins pir e l ar ge ment des méthodes de montage de Griffith, dont il est à la fois l'i nte rp rè te , le confident et l'ami.

En 1912, Sennett fonde le studio Keystone dont les co méd ie s, in sp irées des films comiques du Fra n çais Max Linder, enrichissent considérablement l'éventail du genre; on y découvre la femme-clown Mabel Normand, le patib ula ire barbichu Fo rd Sterl in g, l'obèse Fred Mace, le jovial Fatty Arbuckle, le strabique Ben Turpin et les moustaches de morse de Chester Conklin, tous inénarrables figures de ces plateaux devenus le s plus cé lè bre s du monde.

Riche pépinière de talents (Buster Keaton, Gloria Swanson, Wallace Beery, etc.), les pro ductions Keystone dominent la comédie des années dix par leur sens du ry th m e et l'é to nnan te liberté de mouvement de leu r im age , qui de m eu re nt , à ce jour, inégalés.

En 1913, Sennett engage un comédien anglais dont la non ch ala nce tranche avec l'habituelle frénésie de ses interprètes: Charlie Chapl in .

Après le film Pour gagner sa vie (Making a Living, tourné en janvier 1914), et en moins d'un an, cet acteur victorien bouleve rse les règles du système hollywoodien en passant d'un salaire de 150 à ..

.

1 250 dol­ lars par semai ne! Entre mars 1916 et juillet de l'année suivante, deve­ nu réalisate�r.

Charlie «Charlot" Chaplin livre ses premiers chefs­ d'œuvre: l'E m ig ra nt, le Poli cem an , l'Usurier.

etc.

En 1918, il signe un contrat d'un million de dollars pour mettre en chantier quatre autres films en cinq ans, dont Une vie de chien (A Dog's Life) et Charlot soldat (Shoulder Arms).

L'année suivante, en février 1919, il fonde l'United Artists en compagnie de Mary Pickford, Douglas Fairbanks et D.W.

Griffith.

Moins connu que ce quatuor, Thomas Harper In ce (1882- 1924) jo u e néanmoins un rôle très importaot dans l'essor de l'industrie. »

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