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Le cinéma

Publié le 05/09/2014

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LE RAPPORT DU CINEMA A LA RÉALITÉE Préambule Le texte et les analyses qui vont suivre ne sont pas un catalogue historique ou thématique des rapports qu’entretient le cinéma avec la réalité mais un regard subjectif autour de quelques extraits de films et avec l’appui d’un certain nombre d’idées qui comme toujours peuvent être discutées et contestées par le spectateur et le lecteur. L’envie est de faire débat auprès des adolescents et de donner à voir autrement des films et le cinéma plus généralement. C’est donc une question de gout et le gout, comme les couleurs, ça se discute.1. Introduction à la problématiqueLe rapport du cinéma à la réalité représente un enjeu essentiel car ce mot de « réalité » parait fuyant ; il charrie un grand nombre d’idées et suscite des perceptions bien différentes dans l’espace et dans le temps depuis 1895 et l’invention à Lyon de l’appareil cinématographique par les frères Lumière. Repartons précisément de l’effet qu’a pu procurer cette invention selon l’expérience de la mère du critique Georges Sadoul rapportée par ce dernier :« En juillet 1896, ma mère, agée de dix-huit ans, quitta pour la première fois sa Lorraine natale, pour visiter Paris avant de se rendre sur une plage bretonne. Elle fut menée par son frère au “cinématographe Lumière”. Le film qui la bouleversa le plus montrait seulement des vagues déferlant. Elle n’avait jamais vu la mer, et quand elle la découvrit quelques jours plus tard, elle fut frappée de sa “ressemblance” avec les photographies animées du Grand Café ». (SADOUL, G., 1964)1La projection du cinématographe produit d’emblée une conviction : pour obtenir une image de la mer, il a fallu mettre en contact l’appareil et la mer elle-même. Dans le défilement de la pellicule naissent le mouvement des vagues, la netteté de leurs ondulations et le vrombissement de la nature. Le rapport entretenu par le cinéma avec la réalité est d’emblée celui de l’empreinte ressemblante.Toutefois, nous ne gardons pas l’intégralité de cette réalité : l’image cinématographique est plate puisque l’écran de cinéma est une toile. L’effet de profondeur est une illusion d’optique, une reconstruction de la réalité. Ensuite, toute image résulte d’une opération de cadrage : dans le viseur, celui qui filme choisit ce qui sera inclus ou non dans le plan. Nous croyons donc au réalisme des vagues déferlant même si au-delà du cadre, la mer disparait brutalement.Cette part invisible de l’image est appelée hors-champ et entretient un rapport singulier avec la réalité. S’il suffit que la caméra pivote vers la gauche ou vers la droite pour que cette portion invisible de la mer apparaisse enfin devant nos yeux, le hors-champ implique tout de même que le spectateur effectue un travail de l’imaginaire pour supposer cette présence continue de la mer, au-delà du visible.161Le cinéma extrait de la réalité un fragment de forme plus ou moins rectangulaire définissant un espace découpé entre ce qui est vu et ce qui ne l’est pas, ainsi que leurs communications : un personnage qui rentre ou sort du champ, un mouvement de...

« opération de cadrage : dans le viseur, celui qui filme choisit ce qui sera inclus ou non dans le plan.

Nous croyons donc au réalisme des vagues déferlant même si au-delà du cadre, la mer disparait brutalement.Cette part invisible de l'image est appelée hors-champ et entretient un rapport singulier avec la réalité.

S'il suffit que la caméra pivote vers la gauche ou vers la droite pour que cette portion invisible de la mer apparaisse enfin devant nos yeux, le hors-champ implique tout de même que le spectateur effectue un travail de l'imaginaire pour supposer cette présence continue de la mer, au-delà du visible.161Le cinéma extrait de la réalité un fragment de forme plus ou moins rectangulaire définissant un espace découpé entre ce qui est vu et ce qui ne l'est pas, ainsi que leurs communications : un personnage qui rentre ou sort du champ, un mouvement de caméra qui découvre finalement la plage au bord de l'eau,...

Ce qui est visible un instant peut très bien disparaitre une fois franchi les bords de l'écran.Si le cinéma est de l'espace, il est également du temps.

Un film d'une heure trente par exemple ne montre jamais un seul plan, une seule image qui va englober toute l'histoire. Autrement dit, nous pouvons balayer un temps réel de plusieurs années en quelques secondes, quand entre deux plans, un titre indique : « deux ans plus tard ».

Le spectateur enregistre l'information et effectue le changement de valeur temporelle.Si nous voyons dans un plan un homme regarder vers la gauche et dire « Comment allez-vous ? » auquel répond un raccord sur une femme regardant vers la droite et disant : « Je vais très bien », le spectateur va automatiquement déduire que le temps entre les deux plans est continu.Si nous voyons par contre un plan d'un homme s'en allant le long d'une route précéder un plan où cet homme est attablé alors qu'il fait nuit, nous allons imaginer que quelques heures se sont déroulées dans le cut.

Ce temps invisible entre les deux plans est appelé ellipse.Si le cinéaste au moment de son montage veut filmer une conversation, il sait qu'il pourra utiliser deux plans avec deux personnages dont l'un pose une question et l'autre répond.

Le spectateur comprendra d'emblée que les plans sont simultanés.

Cela signifie que le cinéaste et le spectateur perçoivent le plus souvent la même durée dans l'enchainement des plans.

Pour le dire autrement, le cinéma est un langage, un ensemble de règles plus ou moins partagées.Le rapport à la réalité peut donc être perçu comme ressemblant parce que les vagues à l'image renvoient à la mer réelle ; il n'empêche que des conventions existent.

Ce qui est vu est donc un espace inventé par le cadre et intégré à une durée construite par les raccords entre les plans.Derrière ces deux idées a priori contradictoires se cachent. »

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