L'Amant, réalisé par Jean-Jacques Annaud d'après le roman de Marguerite Duras.

Bien que ruinée, sa famille conserve boys et servantes jaunes et là où la nourriture n’abonde pas, où le manque d’intimité oblige Jane à dormir sous la moustiquaire, dans le grand lit à baldaquin de sa mère ; là où son frère aîné pille les maigres réserves d’argent et terrorise son petit frère, s’instaurant chef de famille ; là où l’obscurité plonge la maison dans la tristesse, là, c’est Sadec – la grande plaine de boue et de riz du sud de la Cochinchine, celle des oiseaux - où la jeune fille passe les quelques jours de vacances scolaires accordées par le Lycée Chasseloup-Laubat.  Le lycée et le pensionnat Lyantey où l’on a fini par accepter, pour des raisons administratives, sur demande expresse de sa mère, de la laisser aller et venir à sa guise, la cloche qui sonne, les rumeurs du marché, le bruit du vent dans les feuilles sur fond de fleuve, les petits ponts de bois sur les rivières, la nuit qui tombe comme sur les Tropiques, l’hygiène et la propreté enseignées, la majorité d’indigènes, la minorité de blancs, la limousine noire Morris Léon Bollée, le costume de tussor clair des banquiers de Saigon, les cigarettes anglaises, le porte-cigarettes en or, la pudeur de l’amant, son tremblement à la première rencontre, la bague maternelle, l’impudeur de Jane demanderesse, là c’est Saigon.