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La Règle du jeu: Le sens du titre

Publié le 10/08/2014

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Initialement, Jean Renoir avait prévu d'intituler son film Les Caprices de Marianne (la pièce de Musset lui ayant servi de lointaine inspiration). Mais d'autres titres encore avaient été envisagés : Fair Play, La Chasse en Sologne... En choisissant en définitive La Règle du jeu, qui ne fait référence à aucun lieu ni personnage, Renoir ouvre son film vers une dimension plus universelle, en même temps que plus sibylline. Dans l'agitation apparente du film, dans ce foisonnement et ces quiproquos, quelle est la règle ? Et s'agit-il bien d'un jeu ?

« faut analyser le statut dramatique de cette séquence de chasse par rapport à la soirée du lendemain.

Présentée comme une activité plaisante, la partie de chasse se résume en définitive à une hécatombe de lapins ; le montage* est à cet égard très explicite : au lieu de nous montrer l'activité des chasseurs, on multiplie les plans* répétitifs d'animaux tués en pleine course.

L'intention de Renoir est évidente : quels qu'en soient les motifs, la chasse n'est qu'un massacre.

Or elle annonce, dans le film, les activités sociales, plus «urbaines», des protagonistes ; la soirée, organisée joyeusement.

finit dans le drame.

Là encore, du plaisir du jeu, on passera aux conséquences mortelles.

Cette fonction symbolique de la chasse est bien expliquée par Renoir : «Jurieu était condamné bien avant que je commence le film - mais l'idée de le faire mourir comme il meurt m'est venue de la mort du lapin, que j'avais filmée d'abord.

Dans mon idée, toute la chasse, primitivement, préparait la mort de Jurieu ; Jurieu c'était l'innocent.

l'innocent ne pouvait pas vivre là-dedans» (Jean Renoir le patron, cité dans le hors-série des Cahiers du cinéma consacré à Jean Renoir, 1979).

Jeu sauvage ou jeu civilisé, prenant pour cible des lapins ou symbolisant le sacrifice des hommes, la chasse en tout cas est bien cette activité distrayante et sans gravité, à laquelle certains participent sans l'avoir demandé ...

L'amour Si l'on a cité un peu plus haut Musset, auquel Renoir fait souvent allusion, il faut aussi évoquer Marivaux et Le Jeu de l'amour et du hasard.

À ce «jeu de l'amour», La Règle du jeu fait évidemment référence.

Toute la première partie du film (les conversations entre La Chesnaye et Octave, ou entre Octave et Jurieu) y est consacrée.

Geneviève cite Chamfort, moraliste du xv111• siècle : «L'amour, en société, c'est l'échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes.» Cet échange de deux fantaisies, c'est-à-dire de séductions affichées, de légèretés jouées plus ou moins publiquement, c'est bien ce à quoi nous allons assister par la suite.

29. »

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