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JEAN RENOIR

Publié le 09/02/2019

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Le lien qui s’établira peu à peu entre le capitaine français (incarné par Pierre Fresnay) et le chef du camp allemand (Erich von Stroheim) est à cet égard exemplaire. Appartenant tous deux à l’aristocratie d’avant-guerre qui est condamnée quel que soit le dénouement de la guerre, leur rapprochement, basé sur le même sens de l’honneur et les mêmes valeurs, apparaît plus fort qu’entre soldats d’une même armée. Si ce code de l’honneur impose une issue tragique à leur relation, deux soldats français réussiront, eux, à s’évader et à passer en Suisse grâce à l’amour d’une paysanne.

 

Deux ans plus tard, Renoir réalise son autre grand chef-d’œuvre, La règle du jeu. Comme dans plusieurs de ses films, l’histoire apparemment conventionnelle, évoque les chassés-croisés amoureux d’un groupe de personnages rassemblés dans une maison de campagne à l’occasion d’une partie de chasse. Mais cette règle du jeu est celle du jeu social avec ses conventions et l’opposition irréductible entre les maîtres et les domestiques. Dans ce portrait corrosif de la société d’avant-guerre, tous les personnages - l’aviateur, le marquis, la camériste, le braconnier - ont leurs défauts et leurs lâchetés : les uns sont attachés à leurs dérisoires privilèges et à leurs plaisirs, les autres veulent les imiter. Renoir s’intéresse à chacun d’entre eux et les regarde avec lucidité se

 

défendre contre les élans spontanés de leur cœur. Sa caméra excelle à recréer le côté naturel et impromptu des scènes.

 

Cette comédie sociale est cependant mal accueillie par le public, rebuté par l’aspect apparemment décousu du film. La règle du jeu est rapidement retiré de l’affiche et le film attendra vingt ans avant d’être distribué dans sa version intégrale et reconnu comme un chef-d’œuvre.

 

Hollywood et l’Inde

 

Pendant l’occupation Renoir s’exile aux États-Unis où il travaille à Hollywood. 11 rencontre toutefois de sérieuses difficultés tant avec la langue qu’avec l’organisation propre aux studios américains. Pour soutenir la lutte antinazie, il réalise deux films de commande, l’Étang tragique (1941) et YHomme du Sud (1945) qui reçoivent un accueil mitigé ainsi que Le journal d’une femme de chambre (1946) dans lequel on retrouve plus fortement son empreinte. Renoir part alors en Inde tourner Le fleuve (1951), son premier film en couleurs. Dans celui-ci, il accorde sa vision humaniste aux rites et à l’atmosphère propres à l’Inde.

 

Quand Renoir revient en Europe, sa carrière entre dans une nouvelle phase, plus orientée vers le seul plaisir de la mise en scène : évocation de la vie des comédiens ambulants (Le carrosse d’or, 1953) ou reconstitution nostalgique des cabarets (French Cancan, 1955). Dans les dernières années de sa vie, il tourne (Le déjeuner sur l’herbe, 1959; Le caporal épinglé, 1962), mais il met aussi en scène Orvet au théâtre, écrit des romans et ses souvenirs. Enfin, il réalise pour la télévision Le petit Théâtre de Jean Renoir (1969), puis se retire aux États-Unis où il vivra jusqu’à sa mort en 1979.

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« Jean Renoir Pierre Fresnay ......

(au centre) et Jean Gabin (à gauche) dans La grande Illusion réalisée en 1937.

Dans ce film pacifiste, Renoir montre comment les affinités entre les hommes se nouent par-dessus les nationalités et les différences sociales.

' Jean Renoir (à gauche) jouant dans son film La règle du jeu.

Cette • fantaisie dramatique•, comme Ill' a qualifié, est un portrait corrosif de la société française à la veille de la guerre.

Ce film ne fut perçu comme son chef­ d'œuvre que bien des années plus tard.

Adapté d'une nouvelle de Guy de Maupassant, ce film relate l'ébauche de deux idylles entre des jeunes gens au cours d'un dimanche passé au bord de l'eau.

Une grâce exceptionnelle et une plastique proche de l'impressionnisme imprè­ gnent les images, les lieux, comme les sentiments.

Les che�' œuvre Si les films de Renoir ont jusque-là reçu un accueil inégal de la part du public, La grande illu­ sion (1937) fait l'unanimité et connaît un succès international.

L'action se passe dans un camp de prisonniers en All�magne, pendant la Première Guerre mondiale.

A travers la vie quotidienne du camp, Renoir trace le portrait d'hommes de conditions sociales et d'origine différentes que les hasards de la guerre ont rassemblés.

Il montre que les individualités et les classes sociales peu­ vent s'effacer devant la camaraderie et l'amitié, et que les rivalités entre ennemis sont tout aussi arti­ ficielles et imposées arbitrairement.

Le lien qui s'établira peu à peu entre le capitaine français (incarné par Pierre Fresnay) et le chef du camp allemand (Erich von Stroheim) est à cet égard exemplaire.

Appartenant tous deux à l'aristocra­ tie d'avant-guerre qui est condamnée quel que soit le dénouement de la guerre, leur rapproche­ ment, basé sur le même sens de l'honneur et les mêmes valeurs, apparaît plus fort qu'entre soldats d'une même armée.

Si ce code de l'honneur impose une issue tragique à leur relation, deux soldats français réussiront, eux, à s'évader et à passer en Suisse grâce à l'amour d'une paysanne.

Deux ans plus tard, Renoir réalise son autre grand chef-. »

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