Histoire des films de série B
Publié le 04/08/2011
Extrait du document
Une « série B « est à l'origine un film à petit budget qui servait de supplétif de programation des années 1930 et jusqu'aux années 1950 essentiellement aux USA. Par extension, le terme a ensuite été employé pour désigner, au-delà du système hollywoodien, les films tournés rapidement et avec peu de moyens techniques et financiers. Le plus souvent, les films de série B utilisaient les conventions du film de genre policier, fantastique, science-fiction voire érotique...
«
C'est pourtant un film de guerre B
qui prend le premier position contre le
nazisme avec Hitler, Beast of Berlin (1939)
de Sam Newfield.
Sur un autre plan,
/a Patrouille perdue (1934) de John
Ford, tourne en deux semaines, offre
un modele aux futures series B de guerre
des annees 1950 : petit nombre de
personnages, errance ou longue marche,
tension psychologique plutot que
combats permettent de limiter les coats.
LE FILM FANTASTIQUE Le fantastique de serie B connait ses
heures de gloire a la Columbia avec Peter
Lorre et Boris Karloff comme acteurs
fetiches.
Its se retrouvent notamment
tous deux dans un pastiche des films
d'horreur, le Retour du vampire (1943).
La Columbia y poursuit la veine gothique
initiee dans les annees 1930 par Universal.
Cette derniere decline ses hems et ses
monstres en films B : trois films avec
l'Homme invisible de 1940 a 1944 a partir
de ('original de James Whale, quatre
films avec la Momie entre 1940 a 1945 partir de ('original de Karl Freund.
Ces memes series B melangent volontiers
les personnages : Frankenstein rencontre
le Loup garou dans le film de Roy
W.
Neill portant ce titre (1943), et Dracula
se joint ensuite A eux dans la Maison de
Frankenstein (1944) de Erle C.
Kenton.
De 1942 a 1946, les films B de
la RKO imposent la nouveaute dans
le fantastique.
Les films de Jacques
Tourneur, Robert Wise et Mark Robson
privilegient un climat de menace diffuse,
loin des monstres.
La science-fiction
s'impose a la suite de l'incroyable succes
de Hash Gordon (1936), serie en treize
episodes de Frederick Stephani et Ray
Taylor, d'apres la bande dessinee d'Alex
Raymond.
Le Mysterieux Docteur
Satan (1940), produit par la Republic
et reafise par William Witney, est un
exemple de film B aux effets speciaux
ingenieux.
Le Choc des mondes (1941)
de Rudolf Mate, Destination Lune
(1950) d'Irving Pichel ou la Guerre
des mondes (1953) de Byron Haskin installent definitivement le genre.
Deux veins s'y distinguent : une vision
conquerante, majoritaire, et une veine
pacifiste comme 24 Heures chez les
Martiens (1950) de Kurt Neumann.
MYSTERIOUS DOCTOR SATAN
BRIDGE OF PERIL
LE FILM D'AVENTURLS L'aventure exotique se decline
principalement sous forme de series,
quelle que soit la compagnie, A la suite
du succes des u Tarzan », qui donne
naissance a des sous-genres comme
la serie des II Jungle girl », d'apres
le meme Edgar Rice Burroughs.
QUELQUES GRANDS ARTISANS
DES ANNEES 1930 A 1950
Des kilometres de pellicule sont
consacres A cette production au budget
restreint, aux scenarios hJtivement
boucles et aux temps de tournage
minimum.
La plupart de ces films
n'ont pas ete exploites ailleurs qu'aux
Etats-Unis et la majorite de leurs
realisateurs sont restes inconnus du
grand public.
Quelques noms illustrent
toutefois le savoir-faire du film B.
ALLAN DwAN (1885-1981)
Ingenieur de formation, Allan Dwan
dirige ou supervise des centaines
de films courts, le plus souvent
des westerns, avant de realiser
son premier long metrage en 1914.
II collabore au film Intolerance (1916)
de David W.
Griffith, puis dirige
Douglas Fairbanks, les sceurs Dorothy
et Lilian Gish puis Gloria Swanson
dans des productions ambitieuses.
Au sommet de sa carriere a la fin
du muet, it ne rencontre plus le meme
succes dans les annees 1930.
De 1945
a 1956, il travaille pour la compagnie
Republic pour laquelle it signe des films
intimistes, des westerns et des films
de guerre - dont Iwo-lima (1949),
avec John Wayne -, avant de realiser
des films a tres petits budgets produits
par Benedict Bogeaus de 1954 a 1958,
parmi lesquels Quatre Etranges
Cavaliers (1958), le Bagarreur du
Tennessee (1955), Deux Rouquines
dons la bagarre (1956), le Bord de la
riviere (1957), Hie enchant& (1958)...
Emit G.
UUAER(1900-1972)
Cineaste americain d'origine
autrichienne, Edgar G.
Ulmer
travaille comme decorateur pour
Friedrich W.
Murnau, Fritz Lang
et Ernst Lubitsch en Europe avant
de cosigner Des hommes, le dimanche
(1929) avec Robert Siodmak, puis
de s'installer aux Etats-Unis en 1930.
plus II gothiques », pour lesquels
feconomie de tournage &ere une
nouvelle esthetique et une reelle efficacite.
La Feline (1942), Vaudou (1943),
l'Homme leopard (1943) plongent
ainsi le spectateur dans l'etrange tout
en le laissant libre d'une interpretation
rationnelle ou sumaturelle des faits.
Pendez-moi haut et court (1947)
ou Nightfall (1957) font apparaitre
cette meme u inquietante etrangete
mais dans le registre du film noir.
JOSEPH H.LEWIS
(1907-2000)
Tout d'abord assistant cameraman
puis monteur, Joseph H.
Lewis passe a
la realisation en 1937 chez Republic, of
it signe des films d'autant plus complexes
et ambitieux que leur budget est reduit.
Le Demon des armes (1950), au rythme
frenetique, est son film le plus personnel.
Association criminelle (1955), est sans doute un des films noirs les plus violents
des annees 1950.
Ses derniers films
sont des westerns qui melangent analyse
psychologique et imagerie fiamboyante
-sa a marque de fabrique ».
II travaille
ensuite pour la television.
BUDD BOETTICHER (1916.2001)
Passionne de tauromachie,
matador professionnel au Mexique,
Budd Boetticher debute au cinema
comme conseiller technique sur Arenes
sanglantes (1941) de Rouben Mamoulian
avant de signer une dizaine de series B
a la Columbia et chez Monogram.
On lui doit de nombreux films
d'aventures et westerns dont la Dame
et le toreador (1951), l'Expedition du
Fort King (1953), REvolte au Mexique
(1953), Sept Hommes d abaltre
(1956), l'Homme de l'Arizona (1957),
la Chevauchee de la vengeance (1959)
ou des thrillers comme Le tueur s'est
Evade (1956) ou la Chute d'un cold
(1960), dans lesquels it demontre
sa maltrise de I'espace et de ('ellipse.
Tres representatif de cet esprit de
liberte que permettait le film B, it signe
alors k Chat noir (1934), un premier
film fantastique avec des decors inspires du Bauhaus, puis une suite de
realisations a petits budgets melant
film noir et melodrame : Detour (1946),
Barbe-Bleue (1944) et le Demon de
la chair (1946), avec Hedy Lamarr.
En 1960, il tourne en onze jours et
dans les memes decors The Amazing
Transparent Man et Beyond the Time
Barrier.
On lui doit aussi les Mille
et Une Femmes de Bagdad (1952)
et le Bandit (1955).
JACQUES TOURNEUR (1904-1977) Fils du cineaste francais Maurice
Tourneur et citoyen americain des 1919,
Jacques Toumeur signe d'abord quelques
films en France, dans les annees 1930,
avant de passer sous contrat A la MGM
puis de s'imposer A la RKO.
II y realise des films fantastiques d'un
nouveau genre, contemporains et non JACK ARNOLD
(1916-1992)
D'abord acteur sur scene et a fecran,
puis assistant du documentariste Robert
Flaherty, Jack Arnold realise cinq films
de science-fiction pour Universal de 1953
a 1958 : le Meteore de la nuit (1953),
d'apres une nouvelle de Ray Bradbury,
l'Etrange Creature du lac flair (1954)
et la Revanche de la Creature (1955),
tous trois tour* en relief, puis Tarantula
(1955) et L'homme qui retrecit (1957),
devenu un classique du genre.
II signe aussi des westerns et des
thrillers comme le Salaire du Diable (1957) avec Orson Welles ou Une balk
sign& X (1959).
LRS LA TELEVISION ET
CINEMA INDEPENDANT
S LESANNEES 1960 ET 1970
La loi anti-trust de 1948 qui impose
aux studios de se defaire de leurs salles
porte un coup fatal a I'hegemonie
des grandes compagnies, A leur mode
de production et a leur contrOle
de ('ensemble de la chaine.
Dans le meme temps, l'essor rapide
de la television concurrence le cinema
et fait chuter la frequentation des salles.
Les studios se tournent alors vers
les grosses productions, la couleur, l'ecran large et meme le relief
pour tenter de relancer les entrees.
Its abandonnent la production de films
a petits budgets, ce qui entrain la
disparition du double programme.
LE RUMS DE LA TELEVISION La television prend alors le relais de
la production at de la diffusion de films
a petit budget.
Certains departements
des studios hollywoodiens se mettent
produire directement pour le petit &ran.
La television adapte notamment des
series diffusee auparavant dans les salles,
comme les Aventures de Rintintin ».
LES PREMIERS PRODUCTEURS
INDEPENDANTS
Le desinteret des studios pour le film
a petit budget permet la naissance des
premiers producteurs independants et
('apparition des premiers films d'auteurs,
sous ('influence du cinema europeen.
Writer ou reinventeur de la serie B,
Roger Corman produit ainsi, de la fin
des annees 1950 jusqu'aux annees
1970, un grand nombre de films de
science-fiction, de comedies musicales
ou de films de gangsters tournes
en quelques jours, pour des budgets
minimes.
Pour leur realisation, il fait
appel a de jeunes talents a peine sorbs
de l'universite : Francis F.
Coppola, Monte Hellman, John Millius,
Martin Scorsese, Joe Dante...
Les films de Roger Corman donnent
surtout un nouveau souffle aux films
fantastiques populaires comme
la Petite Boutique des horreurs (1960)
ou be Corbeau (1963).
LA SERIE B AUJOURD'HUI
Si le film B en lui-meme n'existe plus
aujourd'hui et si le concept de u serie B
demeure sujet A interpretation, l'esthetique propre A la serie B perdure
travers une production foisonnante.
La Nouvelle Vague francaise de la fin
des annees 1950 et du debut des
annees 1960 s'en reclame ouvertement.
Ainsi Jean-Luc Godard, dans A bout
de souffle (1960), s'inspire du Demon
des armes (Joseph H.
Lewis, 1949).
D'autre part, des films comme les
Aventuriers de l'Arche perdue (Steven
Spielberg, 1980) ou Ala recherche du
diamant vert (Robert Zemeckis, 1984)
reprennent presque a la lettre, mais
avec de gros moyens, les scenarios de
series B d'aventures des annees 1940.
Le pastiche est une autre veine feconde
des series B actuelles.
Tim Burton, dans
Mars Attacks! (1996), realise un pastiche
des films B de science-fiction des annees
1950, tandis que Quentin Tarantino
reprend at Mourne I'esthetique du
thriller de serie B dans Pulp Fiction
(1994) at Boulevard de la mart (2007)
at des films de kung fu dans
Kill Bill 1
et /1(2003 et 2004).
QUELQUES PERLES DE LA SERIE B
Detour (1945) d'Edgar G.
Ulmer.
Le pianiste d'un night-club prend
lidentite d'un mort a la suite d'un
accident puis rencontre une jeune
femme qui le fait chanter.
Film noir
exemplaire, tourne en six jours avec
quatre decors pour la PRC, la plus
pauvre des compagnies de serie B.
Une incroyable histoire (1949)
de Ted Tezlaff.
Ternoin d'un crime,
un enfant est poursuivi par les
assassins.
Parce qu'il raconte trop
souvent des histoires, personne ne
le twit.
L'angoisse est au rendez-vous.
Le Demon des armes (1949)
de Joseph H.
Lewis.
Un tireur d'elite
s'associe avec une femme fatale
pour un hold-up qui tourne mal.
Un film violent au montage nerveux,
un Bonnie and Clyde avant la lettre.
L'Attaque des Martiens (1953) de
William Cameron Menzies.
Une ville entiere est possedee par des creatures
extraterrestres.
Des gens disparaissent,
enleves par les Martiens qui preparent
leur invasion.
Un classique de la
science-fiction des annees 1950.
Deux Rouquines dans la bagarre
(1956) d'Allan Dwan.
La guerre des
gangs avec deux rousses incendiaires.
Sexe et violence en couleurs.
Rendez-vous avec la peur (1957)
de Jacques Tourneur.
Un savant
se penche sur le domaine de la sorcellerie a la suite de l'assassinat
d'un de ses collegues par une force
mysterieuse.
Un monde de magie
noire of le reel bascule.
PlanEte interdite (1956), de Fred
McWilcox.
Au xxii` siecle, un vaisseau
spatial se pose sur une planete dont les seuls habitants sont le Dr Morbius
et sa fille Altafra, venus vingt ans plus tot avec une expedition decimee
par une force inconnue.
Les monstres
invisibles sont toujours la.
L'invention
au service de la science-fiction :
les monstres sont les materialisations
inconscientes de ('esprit de Morbius
qui protege ainsi sa fille.
L'homme qui titre& (1957)
de Jack Arnold.
Contamine par un
nuage radioactif, un homme diminue
de taille jusqu'a devenir minuscule.
Son chat puis une araignee deviennent
alors de redoutables menaces.
Un classique de la science-fiction
avec des trucages convaincants..
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