Festen - Présentation du cinéaste et de son film
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Thomas Vinterberg est né le 19 mai 1969 à Copenhague au Danemark. Éminent réalisateur, scénariste et producteur, il sort de l'école de Cinéma danois en gagnant le Prix du jury et des Producteurs au festival international du Film Étudiant de Munich avec son film de fin d'études Sidste Omgeng. En 1995, il lance la charte et le mouvement Dogma 95 avec son métrage Festen comme réplique aux superproductions anglos –saxonnes, à l'utilisation abusive d'artifices et d'effets spéciaux aboutissant à des produits flegmatiques. Ce film annonce principalement les thèmes de l'inceste, du secret et de la colère. Avec Festen, Vinterberg nous affiche l'esthétique inédite du dogme 95 ainsi qu'une nouvelle disposition filmographique. Le Dogma 95 consistant au respect de certaines règles. Notamment, le son ne doit jamais être dissocié des images, la caméra se doit d'être à l'épaule, les aliénations temporelles et géographiques son interdites, le format du film doit être en 35 mm standard, etc. Ce dogme a comme aboutissement de réintégrer une sobriété formelle plus expressive, plus originale et jugée plus apte à notifier les enjeux artistiques contemporains tels qu'illustré avec Festen. Apposées à ce film, les règles du Dogme cheminent remarquablement. Lorsqu'on visionne le métrage, qui semble amateur, on est renvoyé à l'image d'un événement familial. Une ambiance d'intimité nous est subséquemment arborée avec force et violence pour exprimer le sordide de la situation. Il faut une véritable opiniâtreté et du courage pour aborder un tel sujet et c'est ce qui fait que cette ½uvre cinématographique semble si consubstantielle.
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du bon et du mal; de Christian et de son père.
Ce plan, reflétant une tension dramatique, psychologique etémotionnelle, permet de dévoiler la trahison du père lié à l'inceste et le dogmatisme évident du film.
L'angle de lacaméra varie entre la plongée et la contre-plongée illustrant la vision de Christian envers son père et celle de sonpère envers lui.
Cela illustre entre autres le sentiment de l'un et de l'autre qui se sentent tous deux trahis.
Thématique du traumatisme :
L'une des observations fréquemment énoncées à l'encontre du film de Thomas Vinterberg repose sur la notion quel'inceste s'y remarquerait, sinon soustraite, à tout le moins traitée de manière arachnéenne.
Festen n'est pourtantpas un film sur l'inceste en particulier, mais plutôt sur le traumatisme en général.
Dans le métrage, l'inceste sert devaleur d'exemple, voire même d'allégation.
Dans cette idée du traumatisme, on ne met pas l'accent sur le jeu del'acteur, mais bien sur le découpage.
La majorité du temps, le visage de Christian demeure impassible, ne manifesteaucune souffrance, c'est un visage un peu clos, pour ne pas dire froid.
Ainsi, pendant plus d'une heure et demie, unhomme amorce le récit d'un événement traumatisant, et tout cela sur un ton apparemment détaché, rehaussé àl'occasion de quelques pointes d'ironie.
Marqué par des gros plans, une caméra à l'épaule qui rend plus proche denous son discours et son traumatisme.
Puisque l'acteur énonce le traumatisme, sans que son visage laissetransparaître le bouleversement émotionnel relié à celui-ci, on en vient à extérioriser le traumatisme par le débitagedu film.
L'étymologie du terme traumatisme est particulièrement éclairante, au regard du parcours de cette analyse.Il provient du grec et indique, littéralement, une lésion avec appropriation.
D'après la psychanalyse, le trauma est liéà un épisode de la vie du sujet qui se définit par son intensité, l'incapacité où se trouve le sujet d'y répondrepertinemment, le bouleversement et les effets durables qu'il provoque dans l'organisation psychologique.
L'espacefilmique est d'ailleurs découpé de manière à faire comprendre le traumatisme de Christian.
Il est organisé selon untriple découpage vertical, partagé entre une scène du dessus, une scène intermédiaire et une scène du dessous.
Cedécoupage est particulièrement insistant entre les scènes des cuisines et celles dans la salle à manger.
Les planss'enchaînent avec les autres par l'usage de mouvements ultras rapides de la caméra à l'épaule qui tourne sur elle-même pour laisser entrevoir le déplacement des serveuses qui changent de pièce.
Il y a donc lieu de montage enparallèle de manière à comprendre le rôle important des cuisiniers qui permettent à Christian de se libérer de sontraumatisme.
Un second découpage, horizontal celui-là, contribue également à ciseler cet espace.
Le film apporteune attention particulière à l'articulation entre l'intérieur et l'extérieur de la maison, et s'attache à marquer laséparation entre une scène du dedans et une scène du dehors qui nous parviennent par des plans d'ensemble puisde demi-ensemble.
Le franchissement du seuil par chacun des invités fait d'ailleurs l'objet de l'une des toutespremières séquences et l'on voit bien, alors, que l'entrée dans l'habitation n'est pas un événement quelconque.
Il estparfois difficile d'entrer dans cette maison (l'amant d'Hélène le prouve bien.
Lorsqu'il sort du taxi, il se heurte aubarrage mis en place par Michael), et il est parfois tout aussi difficile d'en sortir (les cuisiniers volent les clés desinvités qui ne peuvent plus quitter la demeure).
Ce qui compte, au fond, n'est pas l'une ou l'autre de ces scènes,mais la manière dont le film les met en relation.
Au-delà de cette difficulté liée aux franchissements du seuil, le films'attache à mettre en scène une procédure d'effraction.Christian vient de proposer son troisième toast et de proférer son troisième discours d'accusation.
Maintenant, lacommunauté familiale ne peut plus se fermer les yeux sur ce qui s'est passé.
Pour amoindrir l'affolement général, lefrère de Christian l'empoigne et le jette dehors aidé par quelques invités.
Le film, par l'entremise de Christian, fait del'extérieur une véritable menace pour l'intérieur, au point que les personnages s'emploient à cadenasser toutes lesportes, pour édifier une clôture.
Mais surtout, le film met en scène une série de tentatives pour faire sauter cetteclôture, c'est-à-dire une série d'effractions.
Ainsi, si l'acteur ne mime aucun bouleversement émotionnel, c'est toutsimplement parce que le traumatisme est pris en charge par la mise en scène.
L'effraction qui décrit le traumatismeest déplacée depuis le psychisme d'un sujet vers l'organisation de l'espace filmique.
Ce choix de mise en scènecontribue à remettre en question notre compréhension usuelle du jeu de l'acteur notamment de le diriger.
Christiann'a pas besoin de jouer la douleur ou, pire, de grimacer, mais d'enfoncer deux ou trois portes pour qu'on comprenneson traumatisme et son trouble émotionnel et psychologique.
Sur le plan de la temporalité, la séquence traumatiqueindique aussi ce moment où un passé inhibé fait promptement irruption dans le présent de la narration.
Pour aborderce changement de régime temporel, le flash-back est utilisé.
Le présent du récit s'entrouvre alors pour faire place àla chose remémorée, et le souvenir traumatique prend la forme d'un fragment du récit.C'est distinctement au niveau de cette temporalité du traumatisme que Festen nous semble parfaire les règles dujeu cinématographique.
Le film fait du trauma un passé qui double continûment le présent, un passé toujours actuel,apparemment interminable.
Le souvenir traumatique s'étend à l'échelle du film entier.
Il est impossible pour Christiand'oublier ce qui lui est arrivé, même si ce souvenir est refoulé.
A priori, le film dit tout dès le départ.
Pas d'énigme,pas de coup de théâtre final.
Toutefois, Festen introduit, au moyen d'un seul plan, un flash-back plutôténigmatique.
Assis dans sa chambre, Christian s'est endormi.
Un plan flou nous apparaît alors où l'on voit le jardin,dans lequel nous percevons un petit garçon qui court, poursuivi par Helge (le père).
Ce plan n'est pas exactementun flash-back, mais il en prend la somme.
C'est un plan qui appartient au songe autant qu'au tangible.
C'est un plandans lequel passé et présent s'emmêlent, jusqu'à se confondre.
Ce plan est tout ce qui reste de la séquencetraumatique.
Sujet désiré en échange :.
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