Eric Rohmer (histoire du cinéma)
Publié le 03/09/2011
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Écrivain et cinéaste, Éric Rohmer est l'un des «nouveaux« réalisateurs les plus intéressants qui apparaissent en France dans les années 1960. Ses films intimistes et sensibles ont depuis dessiné une oeuvre à la fois originale et personnelle: fables morales, relations minutieuses et souvent ironiques des rapports humains ou amoureux, le cinéma de Rohmer se décline en cycles comme autant de chapitres.
«
! Le réalisateur au travail.
/1/ustration de A la •politique d'auteurs », Rohmer assure un contrôle étroit de tous les aspects techniques et artistiques de ses films , imprimant sa marque personnelle au moindre détail .
La Collectionneuse (1966) est un conte ......
moral qui suit pas à pas l'évolution des relations entre un homme (Daniel Pommereulle) et une femme (Haydée Poliatoff) dans une villa du sud de la France.
et Claude Chabrol coécrivent un Hitchcock (1957), une remarquable étude sur le maître
anglo-américain
dont la mise en scène a une
grande influence sur
les auteurs de la Nouvelle
Vague.
Rohmer écrit par ailleurs deux scénar i os
pour Jean-Luc Godard: Tous les garçons s'appel
lent Fbtrick (1957) et Charlotte et son Jules (1958).
Rohmer commence à réaliser lui-même un
premier long métrage
en 1954 , Les Petites Filles
modèles, mais celui-ci ne sera jamais terminé.
En
1959, il réalise le Signe du Lion, un long métrage
qui
ne sortira que trois ans plus tard.
Paradoxa l e
ment, étant à la fois l'aîné du groupe des Cahiers
et le premier à s'être lancé dans la réalisation dès
1950, Rohmer est aussi celui qui devra attendre le
plus longtemps pour être reconnu hors des
cercles de cinéphiles.
Les contes moraux
Après son départ des Cahiers du cinéma en 1963,
Rohmer réalise plusieurs documentaires éduca
tifs
pour la télévision française.
C'est à cette
époque qu'il conçoit la série de six films qu'il
appelle Contes moraux et qui vont former un
cycle.
Il pensait qu'un producteur serait moins
tenté de couper ou d'intervenir sur un scénario
si
celui-ci faisait partie d'une série.
Rohmer a
eu l'occasion de s'expliquer sur ce
qu'il entend par
«conte moral»: " Ce que j'entend
par conte moral n'est pas
un conte avec une
morale, mais une histoire qui s'intéresse moins à
ce que
les gens font qu'à ce qui se passe dans
leur tête quand il sont
en train de le faire ...
On
peut dire que mon travail est plus proche du
roman que d'autres formes de spectacles,
comme le théâtre par exemple."
Le premier cycle de six films se compose de
la Boulangère de Monceau (1962), la Carrière de
Suzanne (1963), la Collectionneuse (1966), Ma
nuit chez Maud (1969), le Genou de Claire (1970)
et l'Amour; l'après-midi (1972).
C'est plus particulièrement avec Ma nuit chez
Maud que Rohmer acquiert une renommée inter
nationale.
Tous ses contes moraux ont cependant
les mêmes qualités.
S'il n'y a pas d'intrigue dra
matique à proprement parler, sinon une mince
trame ,
les tensions nées de situations quotidiennes
sont
cependant prenantes, voire déchirantes,
parce que le drame s'inscrit
dans les combats inté
rieurs qui minent chaque personnage
au moment
où il doit prendre une décision.
Dans tous ses films , les personnages de Roh
mer sont représentatifs de différents profils cultu
rels: peintre, philosophe, ingénieur, antiquaire,
etc.
De fait , le rôle de l'écrivain Aurora Cornu
donne une touche d'authenticité au Genou de
Claire, quand elle joue la romancière qui observe
et commente en vue d'un futur roman les rela- tions
d'un jeune dip l
omate avec deux jeunes
filles.
Ce qui rend l es films de Rohmer si passion
nants réside en partie dans le fait que l es person
nages
commentent eux-mêmes leurs propres
act ions ou bien les règles qu' ils s'imposent.
Cependant, il y a aussi toujours le sentiment sous
jacent que ces mêmes actions ou ces mêmes
choix pourraient, dans d'a utres contextes, se ter
miner en effusion de sang ou par la mort.
Par
exemple, dans le Beau Mariage (1982), la simple
décision d'une jeune fille de se marier avec un
homme qu'elle n'a ime
pas est déjà, a priori, bien
lourde de conséquences
désastreuses.
Si les intrigues des films de Rohmer peuvent
paraître minces, la vie même de
ses personnages
semble s'y accrocher,
et l'habileté de Rohmer à
utiliser
les lieux, l'espace et la lumière contribue
à renforcer leur
sens dramatique.
Comédies et proverbes
Après avoir achevé son premier cycle de films ,
Rohmer
se consacre alors à deux adaptations
littéraires:
l a Marquise d'O (1976), tiré d'une nou
velle de Heinrich von Kl
eist, et Perceva lle Gallois
(1978), à partir du roman de Chrétien de Troyes.
Ensuite, Rohmer entame un nouveau cycle qu'il
appelle cette
fois «Comédies et Proverbes••.
Le cycle commence avec la Femme de l'avia
teur (1980) et s'achève avec l'Ami de mon amie
(1987).
Cette fois, bien que l'émotion prédomine
toujours , l'attention de Rohmer
se porte moins
sur un personnage particulier que sur un groupe
de personnages ou un pan entier de la société.
Plus récemment, Rohmer a entamé un nou
veau cycle:
les «Contes des quatre saisons••, une
série de paraboles morales commençant
avec
Conte de printemps (1990), bientôt suivi par
Conte d'hiver (1992) et Conte d'été (1996).
Paral
lèlement, il réalise durant la même période
l'Arbre, le maire et la médiathèque (1993) et les
Rendez-vous de Fbris (1995).
Grâce à son atten
tion
au détail , à son exactitude dans l'observa
tion , à son utilisation subtile du registre de la
comédie et à la pertinence de
ses thèmes sur la
vie des gens, Rohmer reste l'un des plus grands
réalisateurs contemporains..
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