En quoi les choix de Stanley Kubrick sur la manière de filmer (cadrage, échelle de plan, technologie utilisée…) permettent-ils de renforcer l’ambiance particulière et le côté effrayant de Shining ?
Publié le 24/04/2014
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En quoi les choix de Stanley Kubrick sur la manière de filmer (cadrage, échelle de plan, technologie utilisée…) permettent-ils de renforcer l’ambiance particulière et le côté effrayant de Shining ?
Stanley Kubrick est aujourd’hui incontestablement considéré comme un très grand réalisateur. En effet, il a su s’apparenter à plusieurs genres en réalisant des films maintenant cultes, comme Full Metal Jacket pour le film de guerre, 2001 : L’Odyssée de l’Espace pour la science-fiction etc. En regardant quelques uns de ses films, j’ai pu en faire ressortir un point commun : des plans très fluides, sans à-coups, et de durée relativement longue. Cette manière de tourner est notamment remarquable dans le film Shining. Ce chef-d’œuvre, inspiré du roman de Stephen King, a révolutionné le film d’horreur et a révélé le grand acteur qu’est Jack Nicholson. J’ai choisi de traiter de ce film car je l’aime beaucoup, et je m’attacherai à montrer en quoi les choix du réalisateur sur la manière de filmer permettent de renforcer l’ambiance particulière et inquiétante présente pendant tout le long.
«
autre très violent montrant les cadavres des deux petites filles dans un couloir, avec du sang jonchant
les murs , et une hache devant elles.
Ces deux fillettes sont d’ailleurs vues plusieurs fois par Danny et
sont filmées en plans pied, parfois très courts (inférieurs à une seconde), qui peuvent être alternés
par des gros plans sur le garçon.
L’apparition subite de ces deux enfants inconnues apeure le
spectateur , et le montage très rapide le met en alerte.
Dans la deuxième moitié du film, les plans
poitrine prennent de l’ importance en montrant Jack, devant la porte de la salle de bain, ou
s’apprêtant à tuer le chef cuisinier, ou encore à la fin lorsqu’il est mort de froid, dans la neige.
Il y a
aussi quelques contre -plongées : sous la machine à écrire de Jack puis sous ses feuilles, en cadrant
Wendy qui comprend ave c horreur que son mari est devenu fou, ou en dessous de Jack qui est à la
porte, enfermé par sa femme, en train de rire aux éclats puisqu’il sait qu’elle ne pourra pas quitter
l’Overlook.
Une autre image intéressante est celle avec en premier plan la hache de Jack qui défonce
la porte de la salle de bain et derrière sa femme qui crie , un couteau à la main pour se défendre.
Ce
plan accentue l’horreur de la scène car il nous impose au devant la hache entrant à plusieurs reprises
dans le cadre, et nous montre l’épouvante de Wendy qui ne peut rien faire et est dans le coin de la
pièce.
On a un sentiment d’oppression et on appréhende évidemment l’entrée de Jack.
C’est aussi un
plan très connu de Shining.
Le film fait d’autre part l’objet d’une révolution techniqu e puisque c’est le premier long métrage qui
a recours au Steadicam.
Cette toute nouvelle technologie pour l’époque permet d’obtenir des plans
parfaitement fluides en filmant à la main, en mouvement.
Elle est présente quasiment tout le temps
ici, mais son u tilisation est particulièrement remarquable dans certains plans qui contribuent à faire
de Shining un classique : par exemple lorsque la caméra suit Danny dans son tricycle, à plusieurs
reprises.
Ce plan donne l’impression que quelque chose va surgir, on d écouvre l’hôtel en même
temps que le petit.
Le steadicam permet aussi de suivre, de dos ou de face, les acteurs quand ils
courent : Wendy se précipitant jusqu’à Jack qui crie dans son sommeil, Danny allant se cacher, et à la
fin dans le labyrinthe, avec la course finale.
Il est même usité lors de déplacements lents, qui
accentuent le suspense : Danny, blessé, entrant dans le hall, Wendy reculant avec la batte devant son
mari, le chef cuisinier avançant d’un pas hésitant dans l’hôtel… Le steadicam facilite aussi les vues
subjectives , qui plongent le spectateur au cœur de l’horreur : lorsque Danny entre dans la chambre
237, quand Jack marche lentement dans celle- ci, puis lorsque la vieille s’avance vers lui et qu’il
recule, de même quand Wendy marche à reculon s et que lui s’approche.
Stanley Kubrick s’affirme donc dans ce film comme un réalisateur maître, dans la supervision de son
équipe et des acteurs, mais aussi et surtout dans ses choix sur la manière de filmer, qui définissent
son style propre et font de s es réalisations des chefs-d’œuvre dans leur genre.
Il utilise ici toutes les
ressources du cadrage, des échelles de plan, et de la technologie pour inculquer au spectateur l’effroi
resse nti par les personnages face à la folie de Jack.
Le film est rythmé par les changements de valeur
de plan, avec des plans de durées variables, et toujours cadrés à la perfection avec une fluidité
remarquable.
Kubrick a su montrer que la peur n’était pas conditionnée à la nuit (i ci l’horreur naît
dans des paysages immaculés , sous une lumière aveuglante) et que la caméra avait une place au
moins aussi importante que le jeu des acteurs..
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