Edgar Morin, La réalité semi-immaginaire de l'homme
Publié le 21/05/2013
Extrait du document
«
( la fameuse étape du miroir ), et la secondaire, où le sujet s’identifie à d’autres
personnes/personnages.
L’identification au cinéma fonctionne alors sur les deux mêmes
niveaux, mais il faut cependant opérer une distinction.
En effet, dans le Signifiant
Imaginaire , Christian Metz écrit que « L’identification au regard propre est secondaire par
rapport au miroir, mais elle est fondatrice du cinéma et donc primaire lorsqu’on parle de
lui : c’est proprement l’identification cinématographique primaire ».
Au cinéma, le face à
face avec l’écran est à mettre en analogie avec la phase psychologique du miroir .
Seulement,
le sujet est absent de l’écran.
L’identification primaire est alors celle du regard, celui de la
caméra, et la secondaire tend à la projection du sujet sur un ou plusieurs personnages du film.
Selon Freud, notre plaisir de regarder se divise en deux catégories : une jouissance
narcissique où l’on se projette soi ou sa vie sur l’écran ( phénomène d’identification), et un
autre dit « scopophilique » ( Essais sur la sexualité, Freud ).
Celui-ci est central dans la
formation de l’instinct et du désir sexuel.
C’est sur cette distinction que Laura Mulvey, dans
Plaisir visuel et cinéma narratif, nous expose sa thèse féministe sur la projection et
l’identification au cinéma.
A l’écran, le sujet s’identifie au même sexe et désire le sexe
opposé.
Le film est alors un jeu de regards : le regard de la caméra qui conduit à une
identification primaire, mais également une érotisation du regard.
Au cinéma, la femme est
présentée comme l’objet du regard : celle-ci est alors dédiée au plaisir scopophilique.
C’est
alors l’homme qui serait porteur de l’identification (c’est donc à lui qu’est dédié le film).
En
effet, l’homme s’identifiera au protagoniste masculin, et la femme s’identifiera à l’image que
véhicule l’homme du personnage féminin.
La femme est regardée en fonction de comment les
hommes la regardent.
Cette notion de « projection-identification » a également été mise en scène par des
réalisateurs.
Il semble que l’exemple de Persona de Bergman soit représentatif.
Lors de la scène d’ouverture, Bergman opère une véritable mise en abyme de l’analogie
possible entre psychologie et acte cinématographique, et notamment du phénomène de
projection-identification.
Celui-ci montre un enfant spectateur du processus d’identification.
Le miroir que représente l’écran est plastiquement représenté et mis en évidence lorsque
l’enfant s’approche de la toile cinématographique pour la toucher.
Dans un premier temps, le
jeune homme est le sujet d’une identification primaire lorsque il s’assimile à travers le regard
de la femme.
Dans un dernier temps, l’enfant est sujet d’une identification secondaire en
discernant chez la femme une figure familière, voir maternelle ( on le devine grâce au contact
charnel qu’il cherche à établir) .
Nous sommes donc spectateurs de ce phénomène, mais nous
le mettons également en perspective, car nous identifions nous aussi ce jeune homme au fils
de cette femme.
Nous sommes alors conscient de notre propre « projection » et
« participation » dont parle Edgar Morin..
»
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