Du Docteur Jivago à Sur la route, la littérature et le théâtre dans les années 50 n'en finissent pas d'exorciser le passé
Publié le 25/03/2019
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Les ruines ne sont pas encore déblayées, mais la reconstruction a commencé depuis longtemps. La guerre a cependant laissé dans la conscience des survivants des traces de désespoir, de peur et d'insécurité. De nombreuses œuvres littéraires parmi les plus importantes des années 50 prennent leur source dans la tragédie que vient de vivre le monde entier. Écrivains, auteurs dramatiques, psychologues, philosophes tentent de dépeindre et d'analyser l'horreur.
L, événement le plus important de la décennie est la remise en 1958 f du prix Nobel de littérature au Soviétique Boris Pasternak qui doit, sous la pression de son gouvernement, refuser l'honneur qu'on lui fait. Dans son roman Le Docteur Jivago, il ne donne pas une image de la révolution de 1917 conforme à celle du Parti, et attribue à la liberté intérieure une importance plus grande qu'à l'idéologie soviétique. Cet ouvrage est publié en 1957-1958 dans les pays occidentaux et rencontre immédiatement un immense succès. L'œuvre n'aura le droit de paraître en URSS que 30ans plus tard, pendant la période Gorbatchev.
L'inspiration religieuse. La quête de la foi rencontre un écho sans précédents chez les romanciers. Le Suédois Par Lagerkvist (Barabbas, 1950) et le Français François Mauriac obtiennent le prix Nobel de littérature (en 1951 et 1952). Mauriac, romancier catholique, connaît autant de succès avec ses pièces de théâtre que le philosophe chrétien existentialiste Gabriel Marcel. Le Britannique Wystan Hugh Auden - à l'origine militant d'extrême-gauche, puis chrétien par la suite - écrit
Le Tambour de Günter Grassest adapté à l'écran en 1979 par Volker Schlôndorff. David Bennent interprète le rôle d'Oskar Matzerath.
après la Seconde Guerre mondiale L'Âge de la peur (1948). Le poème de Thomas Stearns Eliot, La Terre vaine (écrit en 1922), est compris comme le miroir de la situation actuelle. Les romans de Graham Greene empreints de scepticisme catholique - comme par exemple Le Fond du problème (1948) - attirent de nombreux lecteurs. Dans la République Fédérale d'Allemagne qui vient de naître, le philosophe catholique Romano Guardini (Les Fins dernières, 1950) et le théologien évangéliste Helmut Thielicke (Éthique théologienne, 1951-1964) attirent de nombreux lecteurs -tous deux prônant le renouveau d'une façon de vivre fondée sur l a religion.
«
la
pièce en quatre actes d'Arthur Miller intitulée Les Sorcières de Salem est représentée pour
la première fois en 1954 à New York-soit un an après la première -et obtient un grand succès.
écrit La Nouvelle Classe (1957), Milovan
Djilas passe sept ans en prison.
Bertolt Brecht, qui a émigr é aux États
Unis et n'a pas obtenu de permis de
séjour en Allemagne de l'Ouest en 1948,
s'i nsta lle à Berl in-Est d'où il obtiendr a
une gloire interna tionale avec sa troupe,
le Berliner Ensemble.
La citation la plus
célè bre de Brecht sur l'in surrec tion de
19 53 ne paraîtra qu'en 1956 à titre
pos thume : > Pendan t des
anné es à l'Ouest, on ne représente
aucune des grande s piè ces que Brecht a
écrites en exil (par exem ple Mère
Courage et ses enfant s, 1941, La Vie de
Galilée, 1943).
Li berté de pensée et chasse aux
sorcières.
La confiance dans la réal ité,
dans l'efficacité dramatique du réalisme
et non plus l'esprit des Lum ières sert de
dénominateur commun à la plup art des
œuvr es d'a près guerre qui trouvent une
large résonance auprès du public.
Après
Les Nus et les morts (1948), roman du
tout jeune Norman Mailer âgé alors de
25 ans qui dénonc e l'absur dité d'une
mission suicide dans une île du Pacifique,
James Jones écrit en 1951 Tant qu' il y
aur a des homme s, qui met en cause le
systè me même de l'armée qui broie les
individus au nom d'on ne sait trop quelle
morale collective.
L'Al lemand Theodor
Pl iever , qui se dét our ne en 1947 du
communisme, achève en 1954, peu avant
sa mor t, la trilo gie Stalingrad, Moscou, Berlin
.
Avec Jeune homme en danger, le
jeune John Osborne met en scène le vide
spi rituel et moral de la société britan
nique après le déclin de son empir e.
John
Her sey raconte dans son roman Der Wall
(1 95 0) l'anéantis sement du ghe tto de
Varsovie, et Leon Uris la nais sance de
l' État d'Israël dans son roman-r eportage
Ex odus (1958).
En 1950, le mathématicien et
phi losophe britannique Bertrand Russell
reçoit le prix Nobel de littérature en tant
qu'« apôtre de l'hum anité et de la li berté
de pensée ».
Mais la liberté spirituelle et
artis tique ne correspond à aucun bien
tangible même dans le monde occidental.
Pendant ce temps, le sénateur américain
Joseph McCar thy entame en 1950 sa
campagne contre le noyautage commu
ni ste, soupçonne de nombreux écrivains
et artistes et les fait interroger par un
comité sénatorial pour enquê ter sur « les
machina tions anti-américaines », procé
dur es qu' Arthur Miller fustige en 1953
dans sa pièce Les Sorcières de Salem .
Les années 50 sont aussi celle s du
drame américain.
Eugene O'Neill écrit en
19 56 son avant- dernière pièce Long
voya ge dans la nuit (1956), qui ne sera
jouée que trois ans plus tard à titre
pos thume.
Tennessee Williams porte sur
scène La Chatte sur un toit brûla nt (1955).
Edward Albee entame sa carrière en 1959
avec Zoo story.
Nouveau départ allemand.
En 1959, le
roman d'un jeune auteur de Dantzig
paraît, redonnant un nouveau souffle à la li
ttérature allemande : Le Tambour de
Gü nter Grass recueille un succès
internat ional.
Il présente le rég ime
hitlérien et ses conséquenc es, vu par le
nain Oskar Matzerath.
Alfred Andersch,
Hei nrich Bôll, Wolfgang Koeppen,
Sie gfried Lenz et d'au tres, y compris des
auteur s autrichi ens comme Ingeborg
Bachmann contribuent au renouveau de
la littérature allemande en formant le
Groupe 47.
Su ccès intern ationaux.
Le Journal
d' Anne Frank devient une des pièces les
plus jouées sur scène depuis 1955.
La
pièce est montée d'après les notes d'une
fil lette juive qui a vécu cachée pendant
deux ans dans un pavi llon d'arrièr e-cour à
Ams terdam avant de mourir en
dépor tation au camp de Bergen-Belsen.
Parmi les autres œuvres littéra ires
émin entes des anné es 50, il convient de
citer Le Vieil Homme et la mer d'Ernest
Hemi ngway (1952), Lo lita (1955 ) de
Vla dimir Nabokov, les dernier s livres de
Thomas Mann (Les Confessions du
chevalier d'industrie Felix Krull, 1954) et la
trilogie d'Henry Mil ler, Sexus (1949),
Plexus (1953) et Nexus (1960) ainsi que Le
Guépard de Gius eppe Tomasi di
Lampedusa (qui paraît à titre posthume
en 1959).
Le Chil ien Pablo Neruda écrit
son Chant général (1950) et l'América in
Jack Kerouac, protagonis te de la Beat
Generation, Sur la route (1957) ainsi que
Les Clocha rds célestes (1958).
Le
philo sophe allemand Ernst Bloch mis en
retraite forcée à l'un iversité de Leipzig en
19 57, pour avoir écrit Révisionnisme,
devi endr a plus tard professeur à
Tübingen et rédigera dans les années 50
son œuvre majeure, Prin cipe esp érance.
Jeune homme en colère de John Osborne avec Mary
Ure (à gauche) et Vivienne Drummond à New York
85.
»
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