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De L'Ange bleu à Autant en emporte le vent : le cinéma parlant attire des millions de spectateurs dans le monde entier

Publié le 23/03/2019

Extrait du document

Au cinéma, on commence à parler, chanter, soupirer. Nous sommes dans la première décennie du cinéma parlant, et malgré une crise économique mondiale à peine surmontée, pour le septième art il s'agit d'une décennie de forte croissance et de nouveaux styles. Les années 30 sont en outre celles des dictatures fascistes et stalinienne. Les compagnies cinématographiques américaines continuent de régner sur le marché européen.

Dès le début des années 30, le cinéma muet est dépassé, aux Etats-Unis comme en Europe. En 1930, en Allemagne, cent quarante films parlants sont tournés contre cinq muets. Le cinéma parlant s'impose inexorablement, malgré les coûts élevés en matière d'équipement. La technique d'enregistrement est encore limitée : elle n'a à la disposition des dialogues, des bruitages et de la musique qu'une seule piste d'enregistrement, ce qui réduit les possibilités de montage. La caméra retrouve pourtant bientôt sa mobilité. Le blimp, caisson insonore enveloppant la caméra, estompe les bruits produits par la caméra elle-même. Bientôt, la bande sonore est mixée à partir de plusieurs pistes sur la table de montage. Le cinéma parlant représente pourtant, aux yeux de quelques metteurs en scène, un affadissement : dans les studios, de nombreux films se réduisent à du théâtre filmé; ils perdent la qualité spécifique de l'interpré

 

Les Révoltés du Bounf (1935) : Clark Gable (2' en partant de la gauche) campe un officier récalcitrant et Charles Laughton (4' en pal'tjlnt de la droite) joue le rôle du capitaine.

tation mimée avec laquelle les metteurs en scène et les acteurs ont porté le film muet à son zénith, bien qu'aujourd'hui le jeu de ces acteurs rende de nombreux films muets insupportables.

 

Les films marquants du siècle. Lorsqu'on leur demande de citer les films qu'ils considèrent comme les meilleurs, les cinéphiles placent toujours quelques œuvres des années 30 en tête de leur palmarès. L'élite des metteurs en scène -en premier lieu les Français - sait très vite intégrer le son et la parole au film. Les premières places sont occupées par les créations de Jean Renoir. Le fils du peintre Auguste Renoir montre, dans La Grande illusion, en 1937, des officiers français faits prisonniers par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Le film analyse les antagonismes entre les nations et les classes sociales, mais fait apparaître la capacité de l'être humain à surmonter les obstacles.

« ex emple A nous la liberté (1932) qui ironise sur le travail robotisé à l'usi ne, et inspire les célè bres séquences du travail à la chaîne dans Les Temps modernes de Chaplin.

Carné et Duvivier dressent des portraits de personnages en marge de la société, et racontent des histoires entre la révolte et la résignation.

l'Al lemagne d'avant Hitler.

le cinéma conna ît un âge d'or très court avant la prise de pouvoir des nazis.

Dans l'adap­ tation que Joseph von Sternberg fait du roman d'Heinrich Mann, L'Ange bleu (1 930), Mariene Dietrich joue le rôle d'une chanteuse de cabar et, Lola-Lola, qui séduit le professeur Rath, petit-bourgeois par exce llence.

Devenue célèbre, Marlène Dietrich part pour Hollywood .

Le film de Georg Wilhelm Pabst contre la gue rre, Quatre de l'infanterie (1930), est violemm ent attaqué par les nazis.

Pabst, qui met en scène l'adaptation de L'Opéra de quat' sous (1931), n'i nsiste ni sur le réalisme ni sur la critique sociale, mais sur le pittoresque, ce contre quoi Bertolt Brecht proteste, et que le public acclame.

Pabst évoque la réal ité amère de l'ex istence des ouvrier s et l'appel à la solidarité dans La Tragédie de la mine (1931) , un an avant que le Bu lgare Slatan Dudow ne porte à l'écran Ventres glacés (scén ario de Brecht et d'E rnst Ottwa ld).

le cinéma, qui perme t d'oublier la crise éco nomique mondiale, conna ît partout un véritable succès : le film musical Le Congrès s'amuse d'Eric Chareil (1931) avec Lilian Harvey et Willy Fritsch, par exemple, est une des gros succès de I'UFA.

Sous le signe de la croix gamm ée.

Le min istre de la propagande Joseph Goebbels prend immédia tement sous son contrôle la produc tion cinémato­ graphique.

Il fonde en 1933 la Chambre ciné matog raphique du Reich et instaure une ligne idéologique par le biais de la loi sur le cinéma, en 1934.

Il se montre tout de même suffisamment intelligent pour perme ttre la production, jusqu'à la gu erre, des spect acles dont l'idéologie nazie est sous-jacente : il évite la propagande directe .

On assiste alors à la création de drame s typique s de I'UF A pendant cette période, qui mettent en scène des héros de haute moral ité et d'une extrême élégance.

Le film antisémite de Veit Harlan, Le Juif Süss, parait en 1940.

Porteur de l'idéologie nazie, ce film est aujour d'hui maudi t.

Harlan a cependant affirmé avoir diminué la char ge d'an tisémitisme exigée à l'époque par Goebbels.

Les films docu mentaires de Leni Rie fensta hl sont très efficaces en terme de propagande.

la force psychologique et la beauté de son esthé tique photo gra­ phique lui perme ttent d'obtenir les prin­ cipales commande s du parti nazi : pour l'ann iversaire du parti à Nur emb erg en 19 34 (Le Triomphe de la volonté) et pour les jeux Olympiques de Berlin en 1936 (Les Dieux du stade).

Il n'y a pas de témoi­ gnage plus impressionnant de la montée du nazisme.

Sous le signe de la faucille et du marteau.

En Union sovi étique, la production ciné matog raphique est soumise depuis 19 33 à une admin istration centrale sous contrô le du conseil des comm issaires du peu ple.

le nouveau programme doit traiter du « réalisme socialiste >>.

Il faut représenter avec optimisme les prolétaires soviéti ques.

la production est de plus en plus dominée par le culte de la person­ nalité de Lénine et de Staline.

Pendant les épurations stalinien nes, on sort des films sur le sa bota ge et sur les agents des ennemis de classe.

Même Vsevolod Poudovkine et Serge Eisenstein doivent essuyer de sévères attaques, étant accusés de formalisme.

les stars du cinéma hollywood ien.

le « glamour >> de Greta Garb o, très admir ée dans La Reine Christine en 1934 et Anna Karénine en 1935, et le sex appeal de Jean Harlow (Blonde platine, 1930), le cha rme arrogant de Clark Gable, surnommé >, et le laconisme de Gary Cooper (Alice au pays des merveilles, 1933), marquent la déc ennie améric aine.

Il ne faut pas oublier non plus que Johnny Weissmuller interpr ète Tarzan dans la jungle (Tarzan, l'homme singe, 1932), que James Cagney et Hum phrey Bogart tournent des films de gan gsters, que Boris Karloff devient célèbre grâce au film d'horreur Franken­ stein.

les trucages subtils de King-Kong (1 933) datent aussi de cette époque.

Le public a la chair de poule et rit dans les comédies de Frank Capra (New York­ Miami, 1934) et d'E rnst Lubitsch (Haute pègre, 1932).

le film commence à se coloriser : la dél icieuse Shirley Temple, l'enfant star préférée de l'Amériqu e, tourne son premier film en couleurs en 19 39 : La Petite princesse.

Walt Disney sort son premier dessin animé en couleur s dès 19 37 : il s'agit de Blanche-Neige et les sept nains.

S'il ne s'agit pas d'une grande œuvre d'a rt, c'est en tout cas l'un des plus gros succès de Holl ywood qui sort en 1939, un film de près de qua tre heur es, bouclé par plusieurs scénaristes et mette urs en scène, qui dépeint la guerre de Sécession d'un ton naïf et dont l'histoire d'amour entre Vivien leigh et Clark Gable bouleverse des millions de spectateu rs, Autant en emporte le vent.

L'enfant star des années 30 : Shirley Temple, dans le film Heidi (1938), d'après le roman du même titre de l'écriv ain suisse Johanna Spyri 69. »

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