Critique de Morse, de Tomas Alfredson
Publié le 09/03/2015
Extrait du document
«
L'humour dans Morse , même si cela peut paraître vraiment contradictoire, est réellemen t
présent.
Il est d'ailleurs très dérangeant d'avoir parfois envie de rire dans cette ambiance très
glauque, mais cela peut aussi faire chuter la pression chez le spectateur pour éviter que la tension
devienne intenable.
Dans cette scène où Håkan est dans les bois, un chien le surprend.
Il tente alors
de le faire fuir en lui jetant un bâton mais il ne réagit pas.
L'homme reste alors ébahi devant l'animal
et les deux sont immobiles.
Dans une autre scène où une femme se fait attaquer par des chats, sa
chute dans l'escalier donne un peu de burlesque au plan pourtant dramatique.
Tomas Alfredson a placé également dans son film plusieurs sous-entendus très intéressants.
Lors d'un passage où Eli est partie pour chasser, un homme dit à sa femme qu'elle est glaciale.
Sous
la pression elle s'en va dans la nuit et tombe malheureusement pour elle sur le vampire.
Elle devient
alors réellement glacée, atteinte par la maladie virulente du vampirisme.
Alors que son état
s'aggrave, son mari lui avoue qu'il l'aime encore et que sa « flamme » existe encore pour elle.
Ironie
du sort, elle fini t par mourir brûlée par les rayons du soleil.
A travers toute l’œuvre des moyens de transports sont disséminés tel qu'un camion, arrivant
à des moments surprenant et donnant à l'occasion de très beaux plans comme celui d'un train
traversant la nuit et éclairant les vitres d u gymnase.
Ces véhicules paraissent anodins au premier
abord mais prennent tout leur sens lors de la « seconde » scène de fermeture ou le voyage semble
être la vie entière de la protagoniste.
Lors d'un court plan (presque un insert) où Eli se change pour mettre une robe, on aperçoit
son entre-jambe cicatrisé.
Cette vision peut paraître étrange lors du premier visionnage du film,
mais l'on comprend vite que Eli (qui porte d'ailleurs un nom masculin) a été castré(e) et même si
cela est toujours bizarre, cela ne fait que renforcer le lien fort qui existe entre les personnages.
Enfin et certainement le plus intéressant, on ne voit jamais le vampire se métamorphoser ou
voler.
Tout cela n'est que sous entendu par des battements d'ailes, des ombres, et dans une
fantastique scène de fin : par des pieds se déplaçant sous la surface de l'eau.
Cette scène à elle-
même nous montre la force inouïe de la réalisation de Tomas Alfredson.
La main qui tombe dans
l'eau à côté du visage d'Oskar et la violence qui se ressent tout en restant sous l'eau est un véritable
coups de maître.
Ensuite la bande originale du film, composée par Johan Söderqvist, accompagne à merveille
le travail des acteurs et du réalisateur.
Elle arrive à nous poser sur le décor délicatement en
conservant un rythme en lien avec celui du film ( calme la plupart du temps).
Elle convient
parfaitement aux situations où elle est jouée et le silence à celles où elle n e l'est pas.
Son arrivée est
aussi toujours calculée avec attention de manière à laisser le spectateur réfléchir sans l’agresser sur
les actions qui viennent de se produire mais également à l'empêcher de s'endormir en attaquant avec
vivacité les premières notes.
Enfin, le travail du son dans l’œuvre est probablement le plus impressionnant de tous.
Nous
sommes souvent mis mal-à-l'aise par les bruits du ventre d'Eli ou par du sang qui coule, mais ce qui
peut paraître futile et sans action est probablement le plus important des effets du film.
L'étude du
son est donc si poussée que l'on entend du cuir grincer, des pages se tourner, et un élève se gratter
dans la salle sans bruit.
On ressent alors la solitude d'Oskar dans ce monde.
De même lors de la
scène où Håkan vide quelqu'un de son sang, ses frottements de veste, la moindre goutte qui coule
dans le s eau , tout est là pour vous faire ressentir son angoisse seul dans la forêt, vieux et voulant à
tout prix rester près d'Eli.
En conclusion, Morse est un film qui respecte son genre tout en donnant une nouvelle image
aux films de vampire.
Il se dégage de l'environnement vidéo-ludique par des techniques
cinématographiques très précises et sai t plonger ses spectateurs dans son univers calme et pauvre en
couleurs par une musique et un cadrage idéal.
Le metteur en scène, Tomas Alfredson, a su faire
passer le malaise des personnages à travers l'écran par un travail sonore et visuel incroyable.
En
bref, ce film saura trouver sa place dans le cœur de tous les cinéphiles..
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