Commentaire du film le Dr Folamour de Stanley Kubrick
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Cette peur du nucléaire est magnifiquement représentée par Kubrick au cours de la scène ou le délégué russe explique au président américain ce qu’est la fameuse « machine du Jugement dernier « conçue par les soviétiques : pensant que les américains avaient fait la même chose, les russes ont fait construire par le docteur Folamour une machine impossible à désamorcer, capable de détruire tous les hommes et les animaux de la terre. On croit ainsi que si cette machine venait à exploser, toute la terre serait ravagée par la radioactivité. Pour sauver l’humanité, le docteur Folamour propose donc que certains êtres humains se réfugient tout au fond des puits où la radioactivité n’arrive pas. Il faudrait ainsi établir une sorte de communauté dans ces puits. Etant donné qu’il dit que la vie radioactive moyenne est de 100 ans, il faudrait que ces « élus « restent dans ces puits pendant 100 ans. Afin qu’ils puissent survivre, Folamour propose d’y amener également des animaux pour les élever et ensuite les abattre à c’est une sorte d’Arche de Noé. Etant donné que ces puits ne peuvent abriter qu’une centaine de milliers de personnes, il est nécessaire de faire une sélection : Folamour soutient ainsi que les hommes doivent être sélectionnés selon leur âge, leur santé, leur fertilité sexuelle et leur intelligence alors que les femmes doivent être sélectionnées selon leur attractivité sexuelle. Il propose qu’il y est 10 femmes pour chaque homme. Les chefs de gouvernement et l’armée doivent également être inclus afin de « transmettre les principes d’autorité et de tradition «. Notons que l’on retrouve ici encore une crainte de la supériorité russe puisque le docteur Folamour dit qu’il y a un risque que les russes envahissent les mines afin de préserver l’ensemble du peuple russe, et il faut donc éviter qu’ils prennent de l’avant.
«
communiste, à l'endoctrinement communiste, la subversion communiste et le complot international communiste, de saper et de souiller tout nos précieux fluidescorporels ».
B/ La peur nucléaire et la menace d'une guerre atomique
Les premières années de la guerre froide sont caractérisées par celle que l'on a définit la « peur nucléaire » ainsi que par la menace d'une guerre atomique.
Américainset soviétiques sont tenus responsables du grand cauchemar atomique qui menace la planète et qui prend une ampleur croissante lorsque l'URSS reprend ses essaisnucléaires en septembre 1961.
Si la guerre n'est restée qu'une guerre « froide », c'est justement parce que bien que les deux blocs s'affrontent dans une compétition à la fois politique, idéologique,militaire, économique et scientifique, seule la peur d'une guerre atomique empêchera un affrontement direct.
On a ainsi parlé d'un « équilibre de la terreur »,caractérisé par une prise de conscience des conséquences possibles d'une guerre nucléaire entre les Deux Grands, à une époque où chacun d'eux à les moyens dedétruire plusieurs fois l'autre camp et d'anéantir en même temps une bonne partie de l'humanité.
Ainsi le président américain affirme dans le film que : « On nelancera une guerre nucléaire que s'il le faut vraiment ».
Mais le général Ripper décide d'intervenir, persuadé que le danger soviétique est imminent.
Il dit ainsi dans lefilm que : « Clémenceau disait de la guerre que « la guerre est trop importante pour être laissées aux généraux ».
Quand il a dit ça il y a 50 ans il avait peut êtreraison.
Maintenant elle est trop importante pour être laissée au politiciens ».
Il faut noter qu'après la 2°GM, l'arme atomique n'est pas souvent représentée dans le cinéma américain car elle sous-entend tellement de destructions et d'horreursqu'elle n'est guère envisageable dans des films destinés au grand public.
Tout au plus quelques films représentent le champignon atomique comme symbole suffisantde l'arme nucléaire.
Kubrick en revanche base son film sur cette peur nucléaire et sur cette menace constante d'une explosion de la bombe atomique.
Ainsi bien quel'expression « bombe atomique » ne soit pas clairement employée dans le film, les bombes lancées par les bombardiers B-52 s'y apparentent : chaque B- 52 peutlarguer une bombe de 50 mégatonnes soit 16 fois la puissance explosive de toutes les bombes utilisées pendant la 2°GM.
Cette peur du nucléaire est magnifiquement représentée par Kubrick au cours de la scène ou le délégué russe explique au président américain ce qu'est la fameuse «machine du Jugement dernier » conçue par les soviétiques : pensant que les américains avaient fait la même chose, les russes ont fait construire par le docteurFolamour une machine impossible à désamorcer, capable de détruire tous les hommes et les animaux de la terre.
On croit ainsi que si cette machine venait à exploser,toute la terre serait ravagée par la radioactivité.
Pour sauver l'humanité, le docteur Folamour propose donc que certains êtres humains se réfugient tout au fond despuits où la radioactivité n'arrive pas.
Il faudrait ainsi établir une sorte de communauté dans ces puits.
Etant donné qu'il dit que la vie radioactive moyenne est de 100ans, il faudrait que ces « élus » restent dans ces puits pendant 100 ans.
Afin qu'ils puissent survivre, Folamour propose d'y amener également des animaux pour lesélever et ensuite les abattre à c'est une sorte d'Arche de Noé.
Etant donné que ces puits ne peuvent abriter qu'une centaine de milliers de personnes, il est nécessaire defaire une sélection : Folamour soutient ainsi que les hommes doivent être sélectionnés selon leur âge, leur santé, leur fertilité sexuelle et leur intelligence alors que lesfemmes doivent être sélectionnées selon leur attractivité sexuelle.
Il propose qu'il y est 10 femmes pour chaque homme.
Les chefs de gouvernement et l'armée doiventégalement être inclus afin de « transmettre les principes d'autorité et de tradition ».
Notons que l'on retrouve ici encore une crainte de la supériorité russe puisque ledocteur Folamour dit qu'il y a un risque que les russes envahissent les mines afin de préserver l'ensemble du peuple russe, et il faut donc éviter qu'ils prennent del'avant.
[Rmq : la « machine du jugement dernier » décrite par l'ambassadeur soviétique dans le film a vraiment été étudiée par l'URSS au début des années 1960.
Le projetconsistait en un vaste cargo rempli de produits hautement radioactifs devant circuler le long des côtes soviétiques et qui, en cas de destruction de l'URSS, devait jouerle rôle d'une immense bombe radiologique.
Ce projet n'a jamais vu le jour devant les risques évidents d'accident].
C/ De la course aux armements à la Détente
La crise de Cuba a fait prendre conscience aux deux Grands du danger que la possession et la multiplication des armes nucléaires font courir à l'humanité.
Aussivont-ils s'efforcer de promouvoir une sorte d'armistice dans ce domaine, sans pour autant renoncer, pour eux-mêmes, à la course aux armements stratégiques.
Ils vonts'efforcer néanmoins d'en garder le monopole et d'en maitriser le déploiement, en négociant le maintien d'un relatif équilibre entre leurs forces de dissuasion.
Dans lefilm, le Docteur Folamour parle ainsi de cette volonté de dissuasion en disant que « la dissuasion c'est l'art de produire dans l'esprit de l'ennemi la peur d'attaquer ».Par ailleurs, le président américain Kennedy lance un appel à Khroutchev, lors d'un discours prononcé le 22 octobre 1962 au cours de la crise de Cuba, afin qu'il : «arrête er supprime cette menace clandestine(…), pour qu'il abandonne cette entreprise de domination mondiale, et pour qu'il se joigne à un effort historique, en vue demettre fin à la dangereuse course aux armements et de transformer l'histoire de l'humanité ».
Les deux Grands s'appliquent également à réduire les risques de «dérapages » qui peuvent résulter d'une erreur de calcul sur les intentions de l'adversaire.
Les Américains ont été sensibilisés à ce problème par toute une série delivres de « politique-fiction » et de films, parmi lesquels le Docteur Folamour.
La course à l'armement a eu de graves conséquences pour la Russie qui a été ruinée, comme l'affirme l'ambassadeur soviétique dans le film.
Celui-ci dit notammentque « notre peuple réclame du nylon et des machines à laver » à On retrouve ici une allusion à la fascination qu'exerce le mode de vie américain (société deconsommation) sur les populations de l'Est.
Les Soviétiques doivent prendre en compte l'aspiration de leur peuple à avoir un niveau de vie et de confort proche decelui des Occidentaux.
D'autre part, le risque nucléaire et la volonté de gagner du temps afin de permettre à l'URSS de rattraper son retard économique sur les Etats-Unis conduiront Khroutchev à adopter une politique de « coexistence pacifique » avec les Occidentaux.
Ce dégel n'empêchera ni le renforcement des blocs ni debrefs regain de tension sur la scène internationale.
Les deux Grands s'engageront néanmoins dans un processus de « détente » qui atteindra son apogée avec l'arrivéeau pouvoir de Nixon en 1969.
Les années 1945-1962 sont ainsi celles d'une « guerre froide », c'est-à-dire qu'il n'y a ni une guerre effective, ni la paix, mais une guerre que l'on ne se décide pas àmener et une paix que l'on ne parvient pas à établir.
Avec Docteur Folamour, 1963), Stanley Kubrick dénonce avec dérision et provocation la croyance dans l'armenucléaire comme garantie de la paix en montrant qu'il suffirait d'un fou pour détruire le monde dans une catastrophe sans précédent et que rien ni personne nepourrait l'arrêter.
Il expliquera ainsi avoir eu l'idée de cette comédie cauchemardesque « après avoir entendu le Président Kennedy dire que la guerre atomique, quel'on déclenche uniquement en pressant un bouton, a mille fois plus de chance d'avoir lieu à la suite d'une erreur ou d'un geste de folie, que de se déclarer sur l'ordreeffectif des responsables »..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Docteur Folamour [Stanley Kubrick] - analyse du film.
- Orange mécanique [Stanley Kubrick] - analyse du film.
- 2001 : l'Odyssée de l'espace [Stanley Kubrick] - analyse du film.
- Sentiers de la gloire, les [Stanley Kubrick] - analyse du film.
- 2001: L'ODYSSÉE DE L'ESPACE STANLEY KUBRICK/ÉTATS-UNIS/1968 (analyse du film).