CINÉMA dans les années 1980: Nouvelles vagues ?
Publié le 30/11/2018
Extrait du document
Apocalypse now
1980-1989: la simple lecture des chiffres de fréquentation des salles confirme le total effondrement de l'industrie cinématographique. Et rien ne semble réellement pouvoir renouer avec les fastes passés de la toute-puissance hollywoodienne si ce n’est l'ingéniosité et le savoir-faire de quelques jeunes loups de la profession assurant le retour de très gros profits. À titre d’exemple, E T. rapporte en cinq ans trois fois plus cpx Autant en emporte le vent en cinquante ans! Mis à part des «coups» réussis tels les Aventuriers de l'arche perdue (Steven Spielberg, 1981), Rambo (Ted Kotcheff, 1982) ou Batman (Tim Bur-ton, 1989), les années quatre-vingt n'invitent guère à l'optimisme.
L’inverse proportion de la production et du profit aboutit rapidement à une situation aussi curieuse qu'asphyxiante: de plus en plus de films sont produits pour un nombre toujours plus restreint de spectateurs! À titre d’exemple, plus de 600 films sont exploités sur les écrans français au cours de la seule année 1980! Chiffre d'autant plus hallucinant que la plupart d’entre eux sont impitoyablement refoulés par des productions «mammouth» en provenance des Etats-Unis. Par exemple, l'énorme tapage publicitaire qui accompagne la sortie d’Â-pocalypse now (Francis Ford Coppola, 1979) balaie, en un vilain jeu de massacre, une multitudes d'œuvres de tout premier ordre vouées ensuite à la castratrice voracité du petit écran. Ce laminoir est évidemment bénéfique pour le cinéma américain car, la plupart du temps, son propre redressement financier passe par cette surexploitation à l'étranger et particulièrement en France.
Hollywood: dernières croisades?
Encouragé par le filon des productions «à grand spectacle» du type Indiana Jones, Hollywood favorise d'abord l'éclosion d’une série de «remakes» dont Le facteur sonne toujours deux fois (Bob Rafelson, 1981), Scarface (Brian De Palma, 1983), sans oublier celui du succès de Coline Serreau (Trois hommes et un couffin) devenu Trois hommes et un bébé (Leonard Nimoy, 1987).
S'inscrivant dans la tradition du cinéma purement commercial, les majors exploitent ensuite le filon des films «à suite», séquelles pour la plupart discutables qui prouvent de façon évidente répuisement des scénaristes hollywoodiens: T Arme fatale, les Dents de la mer, Halloween, l'inspecteur Harry, Mad Max, Police Academy, Rocky, S. O.S. fantômes. Star Trek, etc. Avec Indiana Jones et la dernière croisade (Steven Spielberg, 1989), Harrison Ford consolide son statut de supervedette dans la nouvelle constellation hollywoodienne où s’inscrit également le nom de Michael Douglas, fils d'un des derniers «monstres sacrés» d'Hollywood, après l'énorme succès d'À la poursuite du diamant vert (Robert Zemeckis, 1984). Au passage, celui-ci affirme également sa double identité de producteur et de vedette.
Outre ce «retour de la grande aventure» — qui constitue l’un des arguments publicitaires communs à toutes ces productions — , le souvenir d'Apocalypse Now donne naissance à un chapelet d’œuvres fortes, du fameux Platoon (1986) d’Oliver Stone — l’un des scénaristes-cinéastes clés de la décennie — à Good Morning Vietnam (Barry Levinson, 1988) sans oublier Full Métal Jacket de Stanley Ku-brick et Jardins de pierre de Francis Ford Coppola sortis en 1987, et traitant chacun à leur façon le conflit en un parfait exercice de style. À noter deux autres triptyques: Portés disparus et ses suites, avec lequel l’ex-karatéka Chuck Noms s’inscrit dans le «top 10» des vedettes américaines, et Rambc qui, des rizières orientales, ira ensuite en Afghanistan mener la guerre à sa façon.
«
CINÉMA
...
Harrison Ford dans
les Aventuriers de l'arche perdue
de Steven Spielberg (1981).
© Coll.
C!rristop!rl! L.
CINÉMA ...
Stranger than Paradise
de Jim Jarmusch (1984).
© Coll.
Chri,·wpl•e L.
pour la plupart discutables qui prouvent de façon évidente l'épuise
ment des scénaristes hollywoodiens: l'A rm e fatale.
les DeniS de la mer.
Halloween, I'I11Specreur Harry, Mad Max, Police Academy, Rocky,
S.O.S.
fantômes, Swr Trek, etc.
Avec Indiana Jones er la dernière
croisade (Stevcn Spie lbe rg, 1989), Harrison Ford consolide son statut
de supervedette dans la nouvelle constellation hollywoodienne où
s'inscrit également le nom de Michael Douglas, fils d'un de� derniers
«monstres sacrés» d'Hollywood, aprè s l'énorme succès d'A la pour
suite du diamam vert (Robert Zemeckis, 1984).
Au passage, celui-ci
affirme également sa double identité de producteur et de vedette.
Outre ce •retour de la grande aventure» -qui constitue
l'un des arguments publicilaires communs à toutes ces productions -,
Je souvenir d'Apocalypse Now donne naissance à un chapelet
d'œuvres fortes, du fameux Plaroon (1986) d'Oli ve r Stone -l'un des
scénaristes-cinéastes clés de la décennie -à Good Morning Vietnam
(Barry Levinson, 1988) sans oublier Full Metal Jacket de Stanley Ku
brick et Jardins de pierre de Francis Ford Coppola sortis en 1987, �t
traitant chacun à le ur façon le conflit en un parfait exercice de style.
A
noter deux autres triptyques: Panés disparus ct ses suites, avec lequel
l'ex-karatéka Chuck Norris s'inscrit dans le «top 10" des vedettes
américaines, et Rambf' qui, des rizières orientales, ira ensuite en
Afghanistan mener la guerre à sa façon.
Dans un tout autre registre, William Hurt est co n sac ré par
l'oscar dans le Baiser de la femme-araignée (Hector Babenco, 1986),
Mickey Rourke sacré «nouveau Brando» sur la lancée du scandaleux
Neuf semaines et demie (Adrian Lynne, 1986), tandis que Tom Cru ise,
épaulé par l'énorme succès de Top gun (Tony Scott, 1986), s'octroie
l'image du nouveau séducteur du ciném a américain (confirmé par les
succès de la Couleur de l'argent et de Rain Man).
Quant à Robert De
Niro, ses retrouvailles avec Martin Scorsese dans Raging Bull (1980)
lui permettent de s'a ffirme r.
comme l'un des acteurs les plus brillants
de la décennie, auréolé par le magnifique travail qu'il effectue dans
The Mission (Roland Joffé, 1986).
Côté dames, Meryl Streep (partenaire de De Niro dans
Fa/ling in Love d'Ulu Grosbard, en 1984) s'est engagée dans la voie
royale des mythes de l'écran grâce à trois succès internationaux: Kra
mer con tre Kramer (Robert Benton, 1980), le Choix de Sophie (Alan
J.
Pakula, 1982) et Our of Africa (Sydney Pollack, 1984).
À son
c har me mélodramatique s'oppose toute la sensualité de Kathleen Tur
ner, révélée par la Fièvre au corp s (Lawrence Kasdan, 1981) et parte
naire de Michael Douglas dans la série des Diamants.
Officier et Gemleman (Taylor Hackford, 1983) propulse le
nom de Richard Gere, les Enfants du sil enc e (Randa Haines, 1987),
celui du couple Mariee Matlin-William Hurt, tandis que Too rsie (Syd- CINtMA
..
.
Mickey Rourke
dans Barfly de Barbet Sclrroeder (1987).
©Andr ew Cooper -
Cannon Film, /ne-Coll.
D.B.
ney Pollack, 1981) et Rain Man (Barry Levinson, 1988) confirment
Dustin Hoffman comme un acteur-phénomène.
Gros succès commer
ciaux, ces films ont en outre le mérite de décrocher l'oscar.
Phéno
mène médiatique américain, l'acteur noir Eddie Murphy (le Flic de
Beverly Hills de Martin Brest, 1985) ouvre la porte à Whoopie Gold
berg (/a Couleur pourpre de Steven Spielberg, 1985) et à Edward H.
Rollins (Soldier's Story de Norman Jewison, 1985).
Enfin, divers cinéastes vont bouleverser le paysage cinéma
tographique américain par des œuvres dét�chées des habituelles tr adi
tions ou des contraintes du star-système.
A commencer par l'inte llec
tuel californien James Ivory dont l'académisme très britannique défie
le temps et force l'admiration, de Chaleur er Poussière à Chambre avec
vue (1986) en passant par Quartet (1980) av e c Isabelle Adjani.
Jim
Jarmusch, réalisateur new-yorkais habité par les fantasmes de la Nou
velle Vague française, donne habilement dans la caricature d'excep
tion ave�; Srranger thon Paradise (1984) et Dawn by Law (1988).
Spike
Lee, cinéaste noir d'Atlanta, champion de la comédie de mœurs grâce
au joyeux Nota Darling n'en fair qu'à sa rêr e ( 19S6), dén once le racisme
par l'intérieur avec le tru cu lent Do the Right Thing (1989), tandis que
Steven Soderbergh, autre Georgien de 26 ans, lui rafle la même année
la palme d'o r à Cannes avec Sexe, Mensonges et Vidéo, œuvre d'ana
lyse inquiète et obstinée sur les profondeurs de l'âme.
Une Amérique
mise à nu à la façon Kazan sans que l'on perçoive exactement le
devenir de ces œuvres ou de ces cinéastes d'exception.
LocAL HEROEs
Face à cet anarchique foisonnement, les pays européens
réagissent immédiatement en produisant des œuvres de dimensions
internationales dont il faudra retenir Tess de Roman Polanski (France/
Grande-Bretagne), Danton d'Andrzej Wajda (France/Pologne) et le
Tambour de Volker Schlôndorff (France/Allemagne).
Grâce à ce der
nier, à Rainer Werner Fassbinder (le Mariage de Mar i
a Braun, 1980), à
We rne r Herzog (Fitzcarraldo, 1982), le cinéma allemand s'e xpo rte
mieux; quant à Wim Wenders, dont l'époustouflant Paris Texas rem
porte la palme d'or à Cannes _en 1984, il livre, au hasard de ses voyages
( H omm et aux États-Unis, l'Etat des choses au Portugal, Tokyo-Ga au
Japon), le s carnets d'un cinéma à la conscience romantique consacré
par l'initiatique leçon des Ailes du désir (1987) où il dirige Peter
Falk-Columbo.
Percy Adlon, lui, crée la surprise -heureuse -en
1988, avec Bagdad Café qui s'impose par son humour intimiste, sa
profonde originalité et sa bande musicale.
Dans les autres pays européens, en Italie par exemple, des
réalisateurs confirmés comme Marco Bellocchio (la Sorcière, 1988),.
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