Bergman, Ingmar - réalisateur de cinéma.
Publié le 19/05/2013
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Bergman (Ingmar), les Fraises sauvages
En 1957, Victor Sjöström — cinéaste et acteur alors âgé de soixante-dix huit ans — interprète le vieux professeur Isak Borg dans le film d’Ingmar Bergman, les Fraises sauvages.
Il est ici auxcôtés de l’actrice Bibi Andersson, qui joue le rôle de sa cousine Sara.The Everett Collection, Inc.
Avec la Soif (Törst, 1949), Ingmar Bergman sonde pour la première fois les mystères du couple.
Puis son cinéma intérieur (le « petit théâtre de Bergman » selon un critique, qui fait notamment référence au théâtre de marionnettes de son enfance) se
fait l’écho de ses questions métaphysiques et artistiques : le Septième sceau (Det sjunde inseglet, 1957) est une allégorie philosophique sur la vie ; les Fraises sauvages (Smultronstället, 1957) et Au seuil de la vie (Nära livet, 1958) proposent des
variations sur le temps ; la Source (Jungfrukällan, 1960) et le Silence (Tystnaden, 1963) expriment les circonlocutions de l’âme ; Jeux d’été (1951), la Nuit des forains (1953) et l’Œil du Diable (Djävulens öga, 1960) abordent sous l’angle du drame les
thèmes de la création artistique et de l’amour.
Ingmar Bergman glisse durant les années 1960 vers une austérité plus prégnante et des huis clos oppressants par leur mise en scène de plus en plus dépouillée et ascétique (plans fixes, absence de son ou de musique) : À travers le miroir (Såsom i en
spegel, 1961), les Communiants (Nattvardsgästerna, 1963) et le Silence (1963) constituent une trilogie en forme de réquisitoire contre la religion — la foi, obsessionnelle, est au cœur des thématiques bergmaniennes ; puis l’Heure du loup
(Vargtimmen, 1968), la Honte (Skammen, 1968) et Une passion (En passion, 1969) composent une série autour du thème de la création, âpre et violente, teintée de désenchantement ; Persona (Persona, 1966), « sonate pour deux instruments »
selon les propres termes d’Ingmar Bergman, scrute l’âme et l’identité de deux femmes, au plus près de leurs visages, de leurs masques.
Le cinéaste trouve au fil de ces réalisations la représentation formelle adéquate pour traduire en images les tourments de la psychologie humaine, et installe parfois un malaise, comme en témoignent la cruauté mêlée de sensualité dans Monika
(1953), le viol dans la Source (1960), l’inceste dans les Communiants (1963), la frigidité dans Face-à-face (Ansikte mot ansikte, 1976), le sentimentalisme aride dans Rêves de femmes (1955) ou le sadisme du Silence (1963) et d’ Au seuil de la vie
(1958).
4 AU CŒUR DE L’HUMAIN
La filmographie d’Ingmar Bergman ne saurait cependant se réduire à une épure formelle et dramatique maniériste, le cinéaste parvenant à atteindre une part d’universel dès lors qu’il s’immisce dans les interstices humaines de ses personnages.
Les
films des années 1970, traversés par les courants philosophiques et psychanalytiques du moment, livrent ainsi des portraits féminins poignants de vérité dans la traque des sentiments les plus intimes, ainsi que des prestations mémorables de ses
actrices fétiches : Harriet Andersson, Liv Ullmann, Bibi Andersson ou Ingrid Thulin.
Ingmar Bergman continue par ailleurs son exploration des relations du couple et de la famille vécues et représentées comme un théâtre de la cruauté, tour à tour creuset émotionnel empreint d’une violence morale plus ou moins masquée dans le Lien
(Beröringen, 1971) et De la Vie des marionnettes (Ur marionetternas liv, 1980) et lieu de confrontations entre sœurs dans Cris et Chuchotements (Viskningar och rop, 1973) ou entre une mère et sa fille dans Sonate d’automne (Höstsonaten, 1978).
5 LA SYNTHÈSE ARTISTIQUE
Fanny et Alexandre (Fanny och Alexander, 1982) est le dernier film d’Ingmar Bergman pour le cinéma.
Somme de l’ensemble des thématiques bergmaniennes (théâtre, cinéma, question de la représentation, interrogations existentielles ou encore
paradis perdu de l’enfance), traitées sous une forme plus classique que par le passé dans l’expression des sentiments, le film est une bouleversante fable autobiographique aux accents proustiens ; il est récompensé par l’oscar du meilleur film
étranger.
Après la répétition (Efter repetitionen, 1984) puis Sarabande (Saraband, 2003) sont destinés à la télévision, mais finalement projetés en salle.
Entièrement en numérique, Sarabande réunit, trente ans après, les acteurs de Scènes de la vie
conjugale (Scener ur ett äktenskap, 1973), Liv Ullmann et Erland Josephson, pour une variation sur le temps et l’amour au fil de laquelle le cinéaste saisit la vie d’un couple dans le partage des souffrances privées et des espoirs intimes; le film est par
ailleurs dédié à Ingrid von Rosen, la dernière femme du réalisateur.
Du cinéma à la télévision, les années 1980 sont également celles du retrait de la vie publique sur l’île de Farö pour Ingmar Bergman, qui se consacre au théâtre, sa forme d’expression privilégiée selon ses propres dires.
Le cinéaste publie aussi une
autobiographie, Lanterna Magica (1987), suivi d’un roman très biographique, les Meilleures Intentions (adapté au cinéma en 1992 par le Danois Bille August), puis Images (1990) et Trois journaux intimes (Tre dagböker, 2004), témoignage d’amour à.
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