ANALYSE FIGURALE "JE VOUS SALUE MARIE" DE JEAN-LUC GODARD
Publié le 14/04/2013
Extrait du document
«
L’Annonciation, figure fondatrice de notre culture chrétienne apparaît chez de
nombreux cinéastes.
Comment les cinéastes font-ils figurer une telle scène ? Dans son film
datant de 1983 intitulé Je vous salue Marie, Jean-Luc Godard met en scène une Annonciation.
Il montre ainsi une connaissance précise des règles de la peinture de l’Annonciation.
Sa
démarche peut s’exprimer grâce à l’analyse figurale : le cinéaste tente de rendre sensible le
mystère de l’Incarnation à l’aide des moyens propres au cinéma : montage, mixage sonore.
Dans cet extrait, Godard nous montre au premier abord des personnages et des lieux
contemporains à l’époque du tournage.
Mais, derrière cette contemporanéité, Godard adapte
bel et bien l’Annonciation.
Tout l’extrait montre cependant que le metteur en scène a une
conscience très clair de ce qui a été fait avant lui, de la place de l’Annonciation dans
l’Histoire de l’Art.
Les analyses figurales sur les annonciations italiennes du Quattrocento
développées par des historiens de l’Art ou critiques d’art(mais comment les cataloguer sous
ces dénominations), comme Daniel Arasse (dans son ouvrage sur l’Annonciation italienne )
mais surtout Georges Didi-Huberman (dans son ouvrage Fra Angelico : dissemblance et
figuration ) nous sont d’un grande utilité pour analyser « le dispositif annonciatif » exposé par
Arasse et mis en place ici par Godard dans une séquence cinématographique.
Ainsi, Godard ne cite pas directement un tableau précis de cette période mais en
reprend des motifs picturaux, et des constantes de compositions.
La constante de tous les
tableaux représentant l’Annonciation est l’expression picturale d’une contradiction entre
l’essence divine de l’Ange, intercesseur de la parole divine et celle de la Vierge, d’essence
humaine (du moins avant l’Incarnation).
Et Godard ne tente pas d’échapper à cette règle dans
sa mise en scène du « dispositif annonciatif ».
Tout cela a déjà été démontré par Alain Bergala
dans son ouvrage Nul mieux que Godard dans lequel il analyse cette séquence de
« L’Annonciation au poste d’essence ».
Bergala nous démontre que Godard se sert de tout ce
qui fait la particularité de l’Art cinématographique pour figurer l’espace de l’Annonciation, en
particulier l’art du montage qui isole l’ange (ou plutôt les anges car dans cet extrait la figure
de l’Ange est double) par rapport à Marie (on ne les voit jamais dans le même plan au
moment ou Gabriel s’adresse à Marie) reproduisant ainsi la contradiction entre la nature de
l’Ange et celle de Marie, mettant en évidence « le paradoxe spatial » comme l’écrit Jacques
Aumont dans son article sur l’Annonciation au cinéma.
Godard respecte donc « le dispositif annonciatif », la composition classique légué par
la peinture en le transposant au cinéma et ce malgré l’actualisation de la scène.
De tout temps,.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Histoire[s] du cinéma [Jean-Luc Godard] - analyse du film.
- Pierrot le fou [Jean-Luc Godard] - analyse du film.
- Mépris, le [Jean-Luc Godard] - analyse du film.
- Chinoise, la [Jean-Luc Godard] - analyse du film.
- À bout de souffle [Jean-Luc Godard] - analyse du film.