Analyse du documentaire Toni Morrison et les fantômes de l'Amérique
Publié le 31/08/2024
Extrait du document
«
TERIITAU Maéva L2 LETTRES
Synthèse critique
La mission Égalité - diversité a organisé le jeudi 28 mars de 12h à 13h un
"rendez-vous ciné" à la BU (bibliothèque universitaire) dans le cadre de la lutte
contre le racisme et l'antisémitisme.
Pour ce faire, a été diffusé le documentaire
intitulé Toni Morrison et les fantômes de l'Amérique, réalisé par Claire Laborey et
diffusé pour la première fois en octobre 2020.
4 siècles d'esclavage et plus de 60 millions de victimes, c'est ce que
décortique Toni Morrison page par page, dans son roman Beloved (1987).
Ce chef
d'oeuvre est l'épicentre du documentaire intitulé Toni Morrison et les fantômes de
l'Amérique.
Ce dernier se compose d'entretiens et de témoignages, d'un travail
d'archives conséquent et d'une bande son remarquable.
En 52min, il nous
emmenera à la découverte de la genèse du roman Beloved, et bien plus encore.
Toni Morrisson et les fantômes de l'Amérique, semble avoir été tissé de la
main d'un maître qui, prenant des matériaux divers, a réussi à créer une oeuvre
homogène.
En effet, les supports visuels sont extrêmement riches : photographies,
vidéos, peintures, gravures et animations.
Il y a même des références
cinématographiques avec, par exemple, un extrait de The birth of a Nation,
présenté par D.W GRIFFITH, qui est une oeuvre adapté du roman de Thomas Dixon
intitulé The clansman.
Les effets sonores sont tout aussi divers, avec des bruits qui
immergent davantage le spectateur dans le récit : bruitage de pages qui tournent,
de clavier d'ordinateur, de bruits d'oiseaux, de voitures, de sirènes de police, du
crépitement d'un feu, du brouhaha, de bruits de matraques s'écrasant contre un
dos ou encore de rires d'enfants et j'en passe.
Je cite tous ces exemples pour
montrer de quelle manière chaque détail est pris en compte, pour capturer
l'attention du spectateur.
Sans oublier les musiques utilisées qui par moment
intensifient les scènes historiques, ou au contraire apporte le calme.
Quoi qu'il en
soit elles sont toujours en parfaite concordance avec ce qui est dit ou montré.
Je
trouve qu'il y a aussi un soin particulier au volume du son, par exemple à la fin du
documentaire la musique monte en intensité, jusqu'à s'achever sur les différents
contributeurs du projet.
J'ai aussi remarqué qu'il y a même une concordance de
musique, car celle utilisée pour l'introduction est la même que celle qui clôture le
documentaire.
Ce choix permet de mettre un cadre temporel au documentaire, c'est
à mon sens montrer au spectateur quand est le début et quand est la fin.
Cependant, de musiques entraînantes, à musiques douces qui se résument à
quelques notes de piano, nous passons au silence.
Ces silences sont parfois plus
éloquents encore, car ils précèdent souvent des photographies choquantes.
Je
pense notamment à l'image du dos massacré d'un esclave dans l'interview de Peter
Sellars.
Grâce à ces silences, le documentaire semble alors suspendu, comme si
l'on retenait son souffle devant ces atrocités.
Le temps est figé et le spectateur
saisit.
Mais ce sont aussi des silences qui sont synonymes de réfléxions.
Par
exemple, quand Mona Jenkins regarde en silence la peinture de Margaret Garner
accroché à un mur.
De fait, la variété des supports audiovisuels démontre un travail
minutieux et réfléchi.
Pour parler de la structure du documentaire, il s'ouvre et se
ferme sur de rudes vidéos de manifestations.
Ces vidéos sont l'un des exemples de
la pertinence du rapport propos et images du documentaire.
Car les premiers mots
prononcés par Toni Morrison, qui sont d'ailleurs superposés aux images, sont : "la
violence est le pain quotidien des Américains".
Je peux affirmer que ce projet ne
perd pas une minute.
L'un de ses objectifs est de nous expliquer la genèse de
Beloved, c'est ce qu'il fait dans les 5 premières minutes où on nous raconte
l'histoire tragique de Margaret Garner.
Et le documentaire va plus loin encore que la
simple évocation de cette histoire, il nous fait comprendre de fil en aiguille, les
réflexions que Beloved a apporté, pourquoi Toni Morrison a choisi cette petite fille
comme fantôme et comment elle est partie d'un fait pour obtenir une vérité,
comme elle le dit.
Finalement, le documentaire nous montre pourquoi Beloved a
autant bouleversé l'Amérique.
Pour ce faire, il sera mis en images par l'animation
touchante de certaines scènes, avec des passages qui vont être lus.
C'est saisissant
de voir comment en quelques extraits, nous est montré la force de ce roman et les
émotions poignantes qu'il porte en lui.
Nous comprenons par ce qui est dit que ce
livre est le fil conducteur du documentaire, mais cette idée est aussi présentée
visuellement.
En effet, au début de chaque interview nous apercevons Beloved dans
les mains des intervenants.
Parfois il y aura un gros plan sur la couverture ou les
pages, parfois il sera lu, mais en tout cas, il passera de main en main de Peter
Sellars jusqu'à Yiyun Li.
Pour faire un point sur les différentes interviews, nous
pouvons noter que ces dernières sont très dynamiques.
Tout d'abord, parce qu'il y a
de nombreux changements de cadrage, on se rapproche plus ou moins des
personnes lorsqu'elles parlent par exemple.
D'ailleurs, si le propos devient plus
sérieux ou qu'une phrase est pertinente, le cadrage aura tendance à être en plan
très rapproché sur la personne.
Le dynamisme tient aussi du fait qu'ils
interviennent tous tout au long du documentaire, ils ne sont pas interrogés en une
seule fois.
Troisièmement, parce que ce qu'ils disent est aussi illustré par des vidéos
ou des photographies.
C'est alors revenir sur l'efficience du rapport propos et
images que j'évoquais précédemment.
Ce choix de superposer des voix sur des
supports visuels, pour nous expliciter les choses.
Finalement, il est agréable de voir
à quel point les intervenants parle de Toni Morrison avec ce mélange d'admiration
et de respect.
L'universalité de Beloved est perçut au travers de toutes ces
personnes qui exercent des métiers différents (poète, metteur en scène,
professeure, écrivaine...) et qui parle de ce roman avec la même ferveur.
Pour ma
part, le témoignage de Yiyun Li est celui qui m'a le plus touché car elle comprenait
ce dont parlait le livre, sans même connaître l'histoire de l'Amérique.
De son
enfance en Chine, elle a perçu le message de Toni Morrison, et pour moi ça montre
l'universalité de Beloved.
La question est alors comment ne pas être admirative du
travail de Toni Morrison ? Le documentaire nous montre l'auteure et essayiste à
différentes périodes de sa vie.
Ce sont parfois des extraits de différentes interviews
mais qui je trouve se répondent entre elles.
Son acharnement, son courage sont
représentés par la....
»
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