Catégorie : Français / Littérature
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LA SCÈNE DU PAUVRE - MOLIÈRE, Dom Juan, acte III, sc. 2
L'explication de texte traditionnelle, étudiant le dialogue à ces différents niveaux, pas à pas, est tout à fait possible: des candidats l'ont pratiquée maintes fois. La lecture méthodique, pour tenir dans le cadre de l'examen, ne doitpas trop multiplier les balayages du texte. Nous proposerons donc de nous en tenir à deux axes :1. Le premier, centré sur le mouvement de la scène et sa tension dramatique, sera l'axe proprement théâtral :l'avantage de commencer par cet aspect est de nous perme...
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TIRADE D'INÈS (Jean-Paul SARTRE, Huis Clos)
Inès dépossédée d'elle-même (11 premières lignes) Il est important d'expliquer l'idée et de montrer la force que lui donnent les moyens d'expression utilisés.Garcin a proposé de fermer les yeux; il cache sa figure sous ses mains; il croit ainsi ne pas importuner Inès par sonregard, et donc se faire « oublier». C'est sur ce mot que bondit Inès : «Ah! oublier. Quel enfantillage !» Elle va doncmontrer à quels différents niveaux (en dehors du regard) la présence de Garcin empiète sur la sienne. La p...
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Jules SUPERVIELLE: Le voleur d'enfants
jour de ses propres ailes...Sa stupeur même, tant la coupure fut brutale : « on le sépare violemment de sa bonne ». Antoine et sa protectrice— notons la marque de la possession — cessent brusquement de former un tout. Une puissance subie à l'aveugle,impossible à identifier — « on » — opère ce schisme. Ainsi, le colonel Bigua qui adorait les enfants et ne pouvait enavoir à lui, les volait-il ou les recueillait-il... Cette histoire d'une de ses tentatives avortées, véritable occasion pourAntoine d...
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Louis ARAGON - Le Nouveau Crève-coeur: J'ai des peurs épouvantables
étriqué dans lequel le sujet se mure et avec lui, celle qu'il aime. Ses craintes sont telles qu'il voudrait pouvoir lagarder toujours à portée de son regard protecteur : « Tu vas sortir (...) Sortir sans moi, quel vilain jeu. » Sortir !Echapper à ma vue ! L'horizon du poète semble bien devoir se limiter au cercle qui entoure immédiatement la femme.Tout ce qui est extérieur est menace. L'espace s'amenuise. Il faut rester dans la maison, dans la chambre. «'Moncoeur bat comme une porte », rappelle...
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COLLETTE: Les vrilles de la vigne
Transition : Ainsi, Colette se trouve placée au coeur d'une intimité animale qui lui fait vivre ce moment exceptionnel avec une sensibilité aiguisée. II. La féerie d'un spectacle polysensoriel. a) La neige, élément magique.— Mots utilisés par Colette pour désigner la neige et la qualifier : « poudrées », « scintille », « sucre impalpable », «mille et mille mouches blanches » (profusion enchanteresse), « froides comme des fleurs effeuillées » (imagesurréelle).— Les métamorphoses des robe...
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Allégorie de Paul VERLAINE, Parallèlement
« ... C'est effrayant ce que nous nous sentonsD'affinités avec les moutonsEnrubannés du pire poétastre.Nous fûmes trop ridicules un peuAvec nos airs de n'y toucher qu'à peine.Le Dieu d'amour veut qu'on ait de l'haleine,Il a raison ! Et c'est un jeune Dieu.Séparons-nous, je vous le dis encore.O que nos coeurs qui furent trop bêlants,Dès ce jourd'hui réclament, trop hurlants,L'embarquement pour Sodome et Gomorrhe ! » Le regard que Verlaine porte sur la tapisserie est donc bien l'occasion d'un rega...
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Intervention de Henri MICHAUX, Mes Propriétés
Trait bien ironique que ce persiflage tous azimuts. On songe à l'attitude des contemporains de Michaux : Max Ernstpeignant en 1928 La Vierge corrigeant l'enfant Jésus devant trois témoins ou les textes — bien plus violentsqu'Intervention, il est vrai — de Naville, Breton, Péret ou Koppen parus dans La Révolution surréaliste où l'on peutlire : « Le procès de la connaissance n'étant plus à faire, l'intelligence n'entrant plus en ligne de compte, le rêve seullaisse à l'homme tous ses droits...
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Céline, Voyage au bout de la nuit - Lecture analytique
Céline, Voyage au bout de la nuit - Lecture analytique Intro : Louis Ferdinand Céline (1894-1961) a marqué le XX ème Siècle de son œuvre si particulière : la publication de Voyage au bout de la nuit a été un événement. En rompant avec la tradition romanesque, il a permis le développement du genre en 1950. En effet, ce premier roman est représentatif d’un style insolite, reposant notamment sur la langue populaire. Cette œuvre évoque les tribulations de Ferdinand Bardamu, le narrateur, qui no...
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Honoré de Balzac, La Maison Nucingen
Honoré de Balzac, La Maison Nucingen (1838) La Maison Nucingen retrace en partie l’itinéraire du baron Nucingen, véritable « Napoléon de la finance » de La Comédie humaine . Pour le prodigue et toujours impécunieux Balzac, toute grande fortune s’édifie dans le secret et naît du crime. Le puissant financier rejoint cependantles sommets grâce à son énergie qui lui permet de ne pas sombrer dans les médiocrités de la société bourgeoise. L’action du passage suivant sesitue dans un cabaret parisie...
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L'ADIEU de VERCORS, Le Silence de la mer
»), Vercors donne à son récit la force, l'authenticité d'un témoignage vécu. La distinction auteur/narrateur s'imposeici. En tant que narrateur, l'oncle de la jeune fille prend en charge tous les aspects informatifs et réalistes du récit :— Il informe : il nous donne toutes les indications spatiales et temporelles sur la position des personnages qu'ildécrit, la durée de l'échange, les traits objectifs de leurs visages, etc. — Il fait croire : l'emploi des temps du passé « prouve » que cela...
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FRÉDÉRIC ET ROSANETTE de Gustave FLAUBERT, L'Education sentimentale, 3e partie, chap. 1
• Les trois descriptions — Frédéric contemple Rosanette. Ce n'est pas un beau portrait mais c'est le portrait d'une femme jolie. Le narra-teur se contente d'énumérer quelques traits réalistes, mais chacun de ces traits signifie pour Frédéric la beauté deRosanette, qu'il s'agisse de son visage (sa « jolie» figure ovale) ou de son vêtement.— Les amants dînent. Leur repas est décrit. A vrai dire, les détails relevés par le narrateur seraient plutôt de na-ture à dégriser nos héros : « du vin râpeux,...
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PORTRAIT DE VAUTRIN de Honoré de BALZAC, Le Père Goriot
occupent d'ailleurs, dans cette phrase, plus de place que l'évocation du buste. C'est que les mains sont signed'action, et non de simples objets anatomiques. Elles nous informent que cet homme saisira toute chosebrutalement, de façon épaisse et carrée, et qu'il ne lâchera pas ce que tiennent ses phalanges poilues. Du moins lepressent-on...• La figure « rayée ». Les rides prématurées, elles aussi, ne sont pas simple effet de vieillesse physique : ellessignifient l'expérience, et une...
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L'AVION BLESSÉ - Henri TROYAT, La Neige en deuil
derniers termes, devenus techniques, étaient au départ des métaphores (assimilation de l'avion à un animal) : onverra plus loin que la personnification de l'appareil va en quelque sorte leur redonner une valeur métaphorique; pourl'instant, ils appartiennent pourtant au vocabulaire technique de la description.Le troisième effet réaliste (qui comprend le précédent) tient à l'aspect visuel de l'évocation, et dans celle-ci, auchoix de termes forts, crus, en rapport avec l'intensité de la catastrophe...
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Le château de heidelberg de Victor HUGO, Le Rhin, lettres à un ami, lettre XVIII
produit normalement une impression de grandeur. On comprend donc la fréquence des termes évoquant l'ampleurdes choses : « immense halo », « magnifique amas d'écroulements », «vaste broussaille», «creux profond», «grospilier», «grande tête», «grand néant», «géants de pierre», «majesté inexprimable », «enchevêtrement des brècheset des crevasses», «corridors inaccessibles », etc.Mais sitous ces traits peuvent être considérés isolément comme réalistes, leur rassemblement ne l'est pas. C'estvolontair...
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« PRINTEMPS PASSÉ » de COLETTE, La Maison de Claudine
signalé l'activité qui domine le premier paragraphe : la taille des plantes et ce qui s'ensuit. Mais tout se meut dans lesecond paragraphe. La colline « fume » ; le moment de l'aube « passe » très vite; tout « croît »; chaque chose faiteffort vers le haut. C'est bien entendu l'exemple de la pivoine qui est le plus significatif. D'une part, les termesindiquant le mouvement ascensionnel de la pivoine se multiplient : « pousse/ un tel jet! dépliées! traversent/emportent/ suspendent dans...
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RETOUR AU PAYS de Jules VALLÈS, Le Bachelier
la Loire bleue!» Il y a véritablement surimpression du spectacle passé sur la réalité présente. Nous pouvons noter ànouveau le point d'exclamation : le narrateur recherche avant tout son émoi ancien. Ce qu'il voit n'est qu'unprétexte. Il dit aussitôt : «Je regardais ». C'est un souvenir d'enfance, qui a constitué son être de toujours, qu'il seplaît à contempler.Le paysage de la Loire bleue est -alors décrit, idéalement, tel que le voyait l'enfant: coloré, riche, humain, en parfaitcontra...
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MISÈRE DE JÉRUSALEM - GARNIER, Les Juives
de la strophe, T'a dévestue, qui donne à imaginer Jérusalem, comme tout à l'heure Jéhovah, sous une formehumaine.Au cours de la troisième strophe, la cité est maintenant interpellée, comme un être vivant, sous son nom de Sion;et la personnification va être complétée et précisée. Cette ville a un visage, que le malheur a obscurci (le verbeobscurcir, appliqué métaphoriquement à un visage, suggère la tristesse et le deuil, comme le verbe plus moderneassombrir); elle a un coeur, dont la duret...
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Au Cabaret-vert de RIMBAUD (Commentaire composé)
» (et non pas simplement « coloré »), du jambon rose, de la table verte (avec insistance sur cette couleur par lenom du lieu) ; formes lourdement matérielles de la « fille aux tétons énormes », cette fille du Nord qui, évoquéeentre la commande et le service du jambon, et de façon à l'imaginer grasse et d'une solide bonne santé, peutprendre facilement à son tour, dans l'imagination du lecteur, les couleurs vives du jambon. L'appétit sexuel évoquédans sa naïve simplicité cède d'ailleurs le pa...
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Extrait du Roman inachevé (Aragon)
de joliesses, mais de quelque Chose qui se veut plus profond, plus vrai, et aussi plus difficile à vivre. plan du commentaire composé Introduction 1. Longue et multiple est la tradition des poèmes d'amour, sensuel ou idéal, charnel ou sentimental, chantant avecRonsard les charmes de l'instant ou avecLamartine l'angoisse du temps qu'on ne peut retenir. 2. Plus rare dans la tradition poétique est l'application que fait Aragon de ce lyrisme à la permanence de l'amourconjugal, dans le vaste ensemb...
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BAïF, Jean-Antoine de
l'année suivante, refuse d'en- registrer ses statuts, et de la Sorbonne, toujours hostile à la nouveauté. Première ébauche d'un con- servatoire, l'Académie a pour objet de mettre en oeuvre de façon expérimentale l'associa- tion étroite entre musique et poésie prônée par Baïf, des théoriciens et des poètes comme ceux de la Pléiade. Ayant la volonté d'abolir les frontières entre les différents arts, elle accueille d'autres disciplines : elle frappe des médailles, s'int...