Catégorie : Français / Littérature
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Michel Lioure, évoquant les différentes formes du drame (drames bourgeois, romantique, symboliste...), écrit : « Par la plasticité de sa forme, l'actualité de ses sujets, et la diversité de son style, le drame a été [...] le théâtre des temps modernes. » En vous limitant au drame romantique, vous expliquerez et commenterez cette opinion.
crois qu'on devrait diminuer à l'avenir l'action matérielle et ses puérilités pour tout donner à l'actionspiritualiste... » Théâtre débordant de vie (Ruy Blas par exemple) ou «théâtre plus riche d'idées ou d'idéal que de réalité et devie », disait un critique à propos de Chatterton. L'actualité des sujets Dès 1813, Mme de Staël réclamait dans De l'Allemagne un théâtre nouveau, en rapport avec un public quivenait de vivre les convulsions de l'histoire révolutionnaire et impériale. De...
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Annie ERNAUX, La Place. Commentaire composé
complémentaires et jouent le même rôle dans ce passage. La narratrice comprend enfin qu'elle se situe entre les deux générations extrêmes, représentées par le fils et le père,qu'elle associe. En effet, elle couche l'enfant, après avoir couché le père : je l'ai recouché... j'ai couché l'enfant. Vie et mort se rejoignent autour du thème du lit, qui revient sans cesse dans l'extrait : au bord du lit, sur le lit, devant les lits, sur son lit... Les deux femmes, la narratrice et sa mère, sont seul...
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Les personnages des Fourberies de Scapin de Molière
Acte III Scapin et Silvestre réunissent Hyacinte etZerbinette, « Égyptienne » désintéressée quisouhaite épouser honnêtement Léandre. Scapinrassure les jeunes filles, inquiètes de l'oppositiondes deux vieillards (scène 1). Il annonce àGéronte que des hommes le cherchent parcequ'il encourage Argante à faire rompre lemariage d'Octave: prétendant l'aider, il ledissimule dans un sac, puis contrefait plusieurssoldats qui s'attaquent à lui, alors que c'est luiqui, en fait, roue de cou...
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ACTE I, SCÈNE 4 des Fourberies de Scapin de Molière
- la longue série de répliques très courtes où Scapincontredit systématiquement Argante qui veut fairerompre le mariage ou déshériter son fils. Il est facile de voir que seule la troisième séquencepermet directement à l'action de progresser: l'histoiredu mariage forcé, confirmée par Silvestre (« Oui,Monsieur »), est acceptée par Argente. DésormaisArgante a renoncé à ce qu'il se promettait en entranten scène : Octave ne risque plus d'être mis « en lieude sûreté », ni Silvestre d'être « r...
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Emile Zola: Chapitre II - La Curée
De plus, leur échange s'inscrit dans une progression dramatique qui n'a pas besoin d'être exprimée par lanarration. Ainsi le changement de nom d'Aristide se fait à travers les répliques de la deuxième partie du texte :« Veux-tu t'appeler Sicardot, du nom de ta femme?» [...] — J'aimerais mieux Sicard tout court, reprit l'autreaprès un silence. » La narration se fait commentaire de cette progression (« il rêva un instant encore, puis d'unair triomphant»), ou y ajoute des éléments autres (« E...
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L'inondation, Emile Zola: La Garonne est en crue: une famille de paysans est assiégée par les eaux.
Zola, écrivain du peuple, décrit les conséquences terribles de cette catastrophe. Le bilan est très lourd : « Lesrécoltes perdues, le bétail noyé, la fortune changée en quelques heures ! » L'ampleur des dégâts est aussi perceptible grâce aux rythmes ternaires, que l'on remarque dans l'énumération de ces conséquences, et qui répondent aux promesses du début de journée, promesses « de ces prairies, de ces blés, de ces vignes». Cesrythmes ternaires illustrent le « ronflement d...
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Blaise CENDRARS, La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France.
[1.2. Régularité et irrégularité des vers et du voyage] Les blancs dessinent, en marge de ce « mini-refrain », deux strophes séparées par ce vers de transition et d'inégalelongueur (l'une comporte 12 vers; l'autre, plus longue, en compte 18). Il semble que l'auteur ait voulu donnerl'impression d'un temps irrégulier qui va s'allongeant ou se rétrécissant «comme (cet) accordéon)) mentionné au vers20. En effet, ces strophes comportent des vers tout à fait libres, dont certains ne sont cons...
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La tirade du Roi (Le Roi se meurt de Ionesco): "Bonjour, Marie... Va donc les nettoyer"
son Virgile travesti, franche caricature sans malice. Ici, l'enjeu est grave et le ton semble «à côté», grimace du langage tragique. Ionesco lui-même, qui se méfiait de toute sentimentalité, conseillait aux acteurs d'accentuer cettediscordance qui intensifie le tragique: «Sur un texte burlesque, un jeu dramatique. Sur un texte dramatique, un jeu burlesque.» Il faut imaginer cette scène jouée avec les jeux de scène parfois clownesques qui démentent ironiquement lepathétique de ce roi e...
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« Le bord de la mer », livre III, XV, Victor Hugo
LA JUSTICEDe moi, prêtresse, il fait une prostituée. LES OISEAUXIl a retiré l'air des cieux et nous fuyons. LA LIBERTÉJe m'enfuis avec eux - ô terre sans rayons,Grèce, adieu ! UN VOLEURCe tyran, nous l'aimons. Car ce maîtreQue respecte le juge et qu'admire le prêtre,Qu'on accueille partout de cris encourageants,Est plus pareil à nous qu'à vous, honnêtes gens. LE SERMENTDieux puissants ! à jamais, fermez toutes les bouches !La confiance est morte au fond des cœurs farouches.Homme, tu mens ! Solei...
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Les yeux noirs - Alphonse Daudet - Le Petit Chose (commentaire)
deux fois chaque jour qu'il peut la voir suffisamment pour savoir qu'elle coud « sans relâche ». Enfin, c'estgrâce au regard que la description disparaît au profit d'un dialogue imaginaire : « le regard aidant, nousnous parlions, — sans nous parler.» C'est la mention de l'échange muet des regards qui justifie l'apparitiondes pensées sous forme de paroles rapportées au discours direct et qui permet de comprendre que cespropos ne sont pas prononcés à haute voix, mais restituent dans l'esprit du...
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L'écrivain Michel Leiris, dans la préface de son autobiographie L'Âge d'homme, écrit qu'il essaie de trouver dans le lecteur « moins un juge qu'un complice».
Pensez-vous que Rousseau cherche à établir, dans les quatre premiers livres des Confessions, le même type de relation avec son lecteur ?
tout cas ce type de rapports que voudrait créer l'écrivain : « À mesure qu'avançant dans ma vie le lecteurprendra connaissance de mon humeur, il sentira tout cela sans que je m'appesantisse à le lui dire.» Enfin, ce lecteur se sentira forcément complice parce que c'est une image de ses propres défauts qu'ildécouvre dans le texte, et excuser l'auteur, c'est un peu s'excuser soi-même. Dans combien de petitsmensonges évoqués par Rousseau, d'omissions, se reconnaîtra-t-il ? En ne lai...
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Un critique contemporain écrit : « Les Confessions n'ont pas seu-lement pour fonction d'être une justification et un témoignage : pour un Rousseau meurtri, elles sont [...] une consolation, une chanson qui berce la misère humaine».
Vous direz dans quelle mesure cette phrase peut servir de définition aux quatre premiers livres des Confessions.
l'extrême, de cette sorte, représente d'une certaine façon tous les malheurs, et chacun cherchera sa propreexpérience derrière celle de l'auteur. Toutes les expériences sont relatées, depuis l'éducation scolaire chez lesLambercier aux voyages, aux errances, sans un sou en poche; en passant par la mise en apprentissage, à proposduquel Rousseau confie : «Je ne finirais pas ces détails si je voulais suivre toutes les routes par lesquelles, durant mon apprentissage, je passai de la subli...
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Louis Jouvet, acteur, régisseur, metteur en scène et directeur de théâtre (1887-1951), qui a étroitement collaboré avec Jean Giraudoux et a créé Électre le 13 mai 1937, affirmait : « Le théâtre est d'abord un beau langage.»
Dans quelle mesure, selon vous, cette formule peut-elle s'appliquer à l'Électre de Giraudoux ?
des messagers ou des confidents du théâtre classique, car il est mi-homme, mi-dieu : il dialogue avec les hommes,mais prévoit aussi l'avenir, voit dans le passé, et semble non seulement alimenter la progression dramatique, maisaussi la commenter, en intervenant notamment à la fin de chaque acte, et donc de la pièce. C'est dire que l'actionn'est pas niée dans Électre, mais n'est pas directement livrée au regard du spectateur, et lui permet de garder la distance réflexive favorisée par la médi...
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En quoi le recueil des Châtiments présente-t-il les caractéristiques de l'écriture polémique ?
sbires. [La poésie au service de la dénonciation] Hugo n'hésite pas à recourir au pamphlet acéré, il mêle épique et grotesque, et se sert de son procédé fétiche,l'amplification, pour la mettre au service de la condamnation. Les sentences hugoliennes sur le compte de Louis Bonaparte sont particulièrement acérées : « Dogue aboyant,dragon farouche, hydre en colère; // Taupe aux jours du danger ! » (II, 6). Son « âme » est « horrible et fausse »(« Nox », 5). Le poète exprime ce qu'il pense de l'ar...
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Fin de partie : ACTE I - DIVISION 3 (Beckett)
Hamm. - Il fait donc nuit déjà? Clov. - Non Hamm. - Alors quoi ? Clov. - Il fait gris» (page 48). De l'infinie gradation de la lumière d'un jour, il ne reste que le gris qui règne sur l'univers («noir clair, dans toutl'univers »). La fin du monde L'épuisement menace l'activité théâtrale lorsqu'un seul mot suffit à décrire tout ce qui est. Le texte surchargéd'images de mort, s'apparente alors à une rubrique nécrologique. Il ne s'attache à un objet que pour en constaterl'absence ou la dis...
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En Attendant Godot de Beckett: ACTE I - DIVISION 1
et du dialogue. Un coup d'oeil au texte suffit à y constater la place du texte descriptif. Bon nombre de répliquessont accompagnées de l'indication expressive de l'intonation ou du geste qui viennent moduler la parole. Le textedonne autant à entendre qu'à voir. Roger Blin, le premier metteur en scène de la pièce semble avoir fixé les types de Vladimir et d'Estragon en lesassociant physiquement aux deux mimes Chaplin (Vladimir) et Keaton (Estragon). Le texte invite à l'exagérationexpressive...
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En Attendant Godot de Beckett: ACTE I - DIVISION 2
sonne, pas plus Vladimir que nous, ne pouvait comprendre la question «Et nous?>'. Notre vigilance se trouve alertée,le mot «rôle» (thématique) est répété trois fois. Le thème se trouve alors fermement établi, sa résolution gagne enimpact. Ce qui apparaît comme désordre et mécompréhension au niveau du dialogue et à l'intérieur de la fiction serévèle pour le lecteur-spectateur élément de clarté et de mise en valeur. Godot, figure d'un salut terrestre Les deux amis, larrons est-on tenté de dire,...
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Dans L'Impromptu de Paris, Giraudoux fait dire à l'un de ses personnages : « [...] le théâtre n'est pas un théorème, mais un spectacle, pas une leçon, mais un filtre. » Comment comprenez-vous cette déclaration ? Pensez-vous qu'elle puisse s'appliquer à Électre ?
Cependant, il n'est jamais question d'idéologie oud'engagement au sens étroit du terme parce quele théâtre est d'abord spectacle. Deuxième partie : Électre, spectacle et mise en scène Faire voir et faire entendre : si toute piècede théâtre doit donner à comprendre, elledoit aussi donner à voir et à entendre. C'estmême là un de ses buts premiers. Celajustifie la recherche des effets par la volontéde rendre vrai, de faire vivre, au besoin enréinventant le réel, en le remplaçant par...
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Dom Juan de Molière : ACTE I, SCÈNE 1 (commentaire)
le plaisir du tabac est à Sganarelle ce que le plaisirdes sens est à Don Juan. Une scène d'exposition Avec son habileté coutumière, Molière nous donnel'état de l'intrigue au lever du rideau et le portrait dupersonnage principal avant que celui-ci n'apparaisse.Mais au contraire de Tartuffe, qui n'apparaît qu'àl'acte III, Don Juan apparaît dès la scène 2 de l'acteI. L'intrigue : Don Juan, flanqué de son valet, a fui dansune autre ville son épouse légitime, à qui il avait faitune cour ardente...
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L'Ingénu chez les Bas-Bretons (chap. premier)
Bas-Bretons dans leur fureur de conversion. Tout se passe comme si le Huron n'avait rien opposé à leurs premièresquestions. Le dialogue apparaît dès lors comme un dialogue de sourds, élément d'un comique de l'absurde que renforce le projet de présenter l'Ingénu sur les fonts baptismaux, comme s'il s'agissait d'un nouveau-né. Le jeu desrépétitions (« Nous le baptiserons, nous le baptiserons ») et de l'exclamation, l'accumulation de propositions brèves,l'amplification par les adverbes (« absolume...