Catégorie : Fiches de lecture
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SCARRON: Le Roman comique (Fiche de lecture)
«Il y avait entre autres un petit homme veuf, avocat de profession, qui avait une petite charge dansune petite juridiction voisine. Depuis la mort de sa femme, il avait menacé les femmes de la ville dese remarier et le clergé de la province de se faire prêtre, et même de se faire prélat à beauxsermons comptants. C'était le plus grand petit fou qui ait couru les champs depuis Roland. Il avaitétudié toute sa vie; et quoi que l'étude aille à la connaissance de la vérité, il était menteur co...
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SEVIGNÉ (MADAME DE): Lettres
(Lettre du 15 décembre 1670, à Coulanges) Ménageant habilement le suspense pour le plaisir de son lecteur, l'épistolière, qui multiplie à loisir les superlatifs,n'est sans doute pas dupe de son sujet. N'écrit-elle pas elle-même dans la lettre suivante, alors que le mariage est tombé à l'eau avant même d'être célébré : «Voilà un beau songe, voilà un beau sujet de roman ou de tragédie, mais surtout un beau sujet de raisonner etde parler éternellement : c'est ce que nous faisons jour et nuit, s...
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SIMON: La Route des Flandres (Fiche de lecture)
indirectement, à la mort des deux hommes. Ce désastre, c'est aussi l'échec des rapports entre Georges et Corinne,dont il a rêvé pendant cinq ans et qu'il voulait rencontrer et posséder après la guerre. Les personnages ont pourtantcherché à donner un sens au passé, à leur rencontre, à leur vie ; ils ont tenté d'abolir le temps par l'acte sexuel :c'est un échec qu'exprime la dernière phrase du roman. 2. UN ROMAN PICTURAL Ce roman est composé comme un triptyque, forme féconde dans l'oeuvre de Claud...
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STENDHAL: Le Rouge et le Noir (Fiche de lecture)
1. «CHRONIQUE DE 1830» Tel est le sous-titre du roman (une chronique est un recueil de faits historiques), car c'est un fait diversauthentique qui suggéra à Stendhal l'intrigue du Rouge et le Noir. Fidèle à l'épigraphe qu'il a choisie pour son roman, un mot de Danton, «la vérité, l'âpre vérité», l'écrivain ne veut s'inspirer que de la réalité. Tout le drame de JulienSorel est solidaire en effet de la réalité politique et sociale de l'époque. En filigrane de son ascension et de sa chute...
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VALÉRY: Charmes (Fiche de lecture)
de son origine à son accomplissement, avec ses temps forts, ses étapes et ses souffrances. Des pièces courtes etdes poèmes plus développés ménagent une grande variété; l'alexandrin tend à s'effacer en faveur de vers plusrares, qui prouvent la virtuosité formelle du poète. Le poème inaugural, «Aurore», ouvre le recueil par l'amorce matinale de la méditation poétique. «Salut ! encore endormies À vos sourires jumeaux, Similitudes amies, Qui brillez parmi les mots !» «Palme» marque l'achèvem...
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VERLAINE: Poèmes saturniens (Fiche de lecture)
Mais ces emprunts et ces impertinences (le «coup de griffe» à Lamartine et à son «Lac» en conclusion du recueil)ne sont que le cadre, un peu tapageur, d'une série de poèmes où Verlaine, d'emblée, affirme son irréductibleoriginalité. 2. LA VERSIFICATION MINÉE DE L'INTÉRIEUR FORMES BRÈVES À côté des grands tableaux où se déploient réminiscences exotiques à la Heredia (cf. le début de «Nocturneparisien») et espagnolades baroquisantes dans le goût de Théophile Gautier («La Mort de Phi...
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RONSARD: Sonnets pour Hélène (Fiche de lecture)
Je me pâme de joie, et sens de veine en veine Couler ce souvenir, qui me donne vigueur [...].» (Sonnets pour Hélène, II, sonnet 13, v. 1-6) L'expression de la sensualité, déjà présente dans les Odes et dans les Amours de Marie, évoque dans les Sonnets pour Hélène la réalité du désir physique. Des métaphores suggestives, un jeu savamment calculé sur le rythme et les sonorités font partager au lecteur la puissance du désir : «Vous triomphez de moi, et pource je vous donne Ce lierre qui...
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ROUSSEAU: Julie ou La Nouvelle Héloïse (Fiche de lecture)
Avec Les Confessions, dont il entreprend la rédaction en 1765, Rousseau donne naissance à un genre nouveau : l'autobiographie. C'est sa propre histoire qu'il déroule devant les yeux du lecteur : «Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veuxmontrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi.» (Livre I) Publiées après la mort de Rousseau, 1782 et 1789, Les Confessions comportent d...
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ROUSSEAU: Les Confessions (Fiche de lecture)
Le siècle des «Lumières» Période d'ébullition intellectuelle, de découvertes et de remises en cause, le siècle de Rousseau ne ressemble pas à celui de Louis XIV, frappé au coin de la stabilité classique. Ce modèle continue certes de jouir du plus grand prestige, mais une longue fermentation aboutit à l'explosion révo lutionnaire. Le milieu du siècle est un tournant dans les mentalités : on ressent un besoin de sentiment, de sensibilité, d'é...
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RACINE: Athalie (Fiche de lecture)
Sous les pieds des chevaux cette reine foulée ; Dans son sang inhumain les chiens désaltérés, Et de son corps hideux les membres déchirés.» (Ibid., 1,11) Comme si cette évocation ne suffisait pas, Racine la reprend dans le songe d'Athalie : «Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange D'os et de chair meurtris, et traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang, et desmembres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.» (Ibid., II, 5) Mais cette cruauté des hum...
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RIMBAUD: Une saison en enfer (Fiche de lecture)
«Je meurs de soif, j'étouffe, je ne puis crier. C'est l'enfer, l'éternelle peine !» et, plus loin: «Extase, cauchemar, sommeil dans un nid de flammes.» L'ENFER EST EN NOUS Le poète est emporté par le tourbillon de son désespoir. Dans «Mauvais sang», il avait encore la force de se révoltercontre le monde autour de lui. Il stigmatisait les «prêtres, professeurs, maîtres», il se savait étranger à leur «fouleexaspérée»: «Je n'ai jamais été de ce peuple-ci, je n'ai jamais été chrétien ; je ne com...
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RIMBAUD: Les Illuminations (Fiche de lecture)
«Oh ! nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.» Dans les trois poèmes qui sont rassemblés sous le titre de «Vies», le «voyant» se fait prophète : «Je vous indiquerai les richesses inouïes.» et se déclare «un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui ont précédé». «Je suis dévoué à un troublenouveau» proclame-t-il. Et il est vrai que cette soif d'inconnu, ce désir de «révolution» s'accompagne d'une menace, qui est la destructionde l'ordre ancien, prélude à l'avènement de ce q...
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RONSARD: Les Odes (Fiche de lecture)
Quatre premiers livres des Odes (1550). Les Amours (1552). Continuation des Amours (1555). Nouvelle Continuation des Amours (1556). Hymnes (1555-1556). Discours des misères de ce temps (1562). Réponse aux injures et calomnies (1563). La Franciade (1572). Sur la Mort de Marie (1578). Sonnets pour Hélène (1578). Les Odes de 1550 comprennent quatre livres. Un cinquième est ajouté en 1552. Chaque livre contient une vingtaine ou une trentaine de pièces de formes très variables. L'ode es...
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RONSARD: Les Amours (Fiche de lecture)
Mon sang s'émeut, et d'un penser fertile Un autre croît, tant le sujet m'est doux. [...] Et toutefois je me plais en ma braise. D'un même mal l'un et l'autre est bien aise, Moi de mourir, et vous de me tuer.» (Amours de Cassandre, sonnet 100, v. 1-4 et 12 14) Loin de l'exigence moderne de sincérité et d'originalité, l'époque de Ronsard ne séparait pas l'artifice et l'émotion :un poème devait être composé selon des règles, comme un morceau de musique, et ces règles venaient de latraditio...
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RONSARD: Sonnets pour Hélène (Fiche de lecture)
Je me pâme de joie, et sens de veine en veine Couler ce souvenir, qui me donne vigueur [...].» (Sonnets pour Hélène, II, sonnet 13, v. 1-6) L'expression de la sensualité, déjà présente dans les Odes et dans les Amours de Marie, évoque dans les Sonnets pour Hélène la réalité du désir physique. Des métaphores suggestives, un jeu savamment calculé sur le rythme et les sonorités font partager au lecteur la puissance du désir : «Vous triomphez de moi, et pource je vous donne Ce lierre qui...
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RACINE: Andromaque (Fiche de lecture)
>> Les passions sont dévastatrices et mortifères ; Racine ne les dépeint «que pour montrer tout le désordre dontelles sont cause» (Préface de Phèdre). Elles mènent à la mort, car, dévorés par un feu qui les brûle, désespérés de n'être pas aimés, victimes d'une jalousie féroce et assoiffés de vengeance, les héros raciniens sont prêts à toutpour ne pas perdre l'être aimé : Pyrrhus menace Andromaque de sacrifier son fils si elle ne l'épouse pas, Oreste estprêt à commettre un crime pour conquérir...
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QUENEAU: Zazie dans le métro (Fiche de lecture)
«Alors, tu t'es bien amusée ? Comme ça. — T'as vu le métro ? — Non. Alors, qu'est-ce que t'as fait ? J'ai vieilli.» 2. UN UNIVERS LUDIQUE Le récit progresse par enchaînement de scènes cocasses, à la façon des procédés cinématographiques que connaîtbien Raymond Queneau. Les dialogues et les monologues priment sur la narration proprement dite. Rien de réalistedans ce Paris de carte postale où Gabriel confond tous les monuments, qui est peuplé de fantoches et depersonnages extravagants, l...
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RABELAIS: Pantagruel (Fiche de lecture)
Roman de 34 chapitres, le récit des Horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du grand géant Gargantua se présente comme une suite aux Grandes et Inestimables Chroniques du folklore. Adoptant la structure traditionnelle des aventures de géants, Rabelais lui donne une tournure inédite, enfaisant varier de manière burlesque les styles et les tons, en suscitant à côté du personnage principal uncompagnon capable de toutes les impertine...
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RABELAIS: Gargantua (Fiche de lecture)
grammaire latine et de morale sont lus pendant «treize ans, six mois et deux semaines», d'autres traités demandent «dix-huit ans et onze mois» ! L'écritoire et le bréviaire sont symboliquement d'un poids insupportable, même pour un géant: «Il portait habituellementune grosse écritoire, pesant plus de sept mille quintaux, dont l'étui était aussi grand et gros que les piliersde Saint-Martin d'Ainay ; l'encrier qui jaugeait un tonneau y était pendu par de grosses chaînes de fer.» (Ch. 14) «Aprè...
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RABELAIS: Le Tiers Livre (Fiche de lecture)
C. rassis, C. pendillant [...].» (Ch. 28) L'IMPUISSANCE DES AUTORITÉS 3. Les consultations ayant abouti à une impasse, «Pantagruel décide d'assembler un théologien, un médecin, un jugeet un philosophe pour remédier à la perplexité de Panurge» (ch. 29). Hippodatée, le théologien, répond à Panurge qu'il ne sera pas cocu «s'il plaît à Dieu», le laissant dans son incertitudeinitiale. Rondibilis, le médecin, déclare que le risque de cocuage est indissociable du mariage à cause de la nature de lafem...