Catégorie : Echange
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Dina DREYFUS: Prolégomènes à toute mise en question du roman
ANTHO LOGIE Le roman contemporain est sa propre mise en question radicale. Il y a une sorte d' ép ochè romanesq ue qui décou vre une dimension nouvelle du roman, et qui met défin itivemen t hors de sa sphère tous ces contenus empi riques et positifs qui constituent le >. La réduct ion des > du roman est la cond ition sans la quelle le roman n'en res tera it qu' à sa dimension naïve et naturel le. Le roman contemp orain est un roman du roman, ou mieux,...
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Bernard PINGAUD (né en 1923) Le nouveau roman, école du refus
Le prem ier de ces refus , le plus connu, vise le > et l'>.
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Georges BLIN (né en 1917) Le romancier transmue la contingence en nécessité
ANT HOLO GIE dans l'existence empiri que. Autre ment dit, et pour reprendre la termin ologie de J.-P. Sartre , elle y joue le rôle d'un «a nalogon », elle y est en posture dési dérati ve, en valeur intensive, elle y renvoie à plus loin qu'elle ou, si l'on préfère, elle y est devenue soit une image, soit un signe. N' est-ce pas là l'idée que sous-en tenda it, dans sa maladresse même, le réalis me, quand il vou lait impo ser le critère de la ressemblance...
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Charles PLISNIER Roman-fleuve et nouvelle
ANTHOLOGIE e n plus à ado pter la forme du roman-fleuve , œuvre où l'on prend les héros à leur source, à leur naissance, pour les condu ire jusq u'à leur fin de vie, ju squ'à leur mort. Je ne crois pas qu'un seul auteur de roman- fleuve, -ni Ro main Rolland, ni Roger Martin du Gard, ni Georges Duhamel, ni Jules Romains, pour ne citer que les plus grands, -ait eu jamais l'idée qu'un récit en deu x, cinq, dix ou vingt- cinq volumes occupât a priori ,...
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Jean-Louis CURTIS : Réplique à Jean-Paul Sartre : les limites du réalisme subjectif
à Thér èse. Ce ne peu t être Thérèse qui se voit ainsi, remarq uait-il; ce n'est pa s elle qui se nomme elle-même une «désespérée prudente ». Non. C'est M. Mau riac qui la juge telle et nou s fait ainsi participer à sa luci dité incond i tio nnelle de dém iurge . Il nous permet de prend re sur Thérèse le point de vue de Dieu, alors que, dans cette même page du livre , nous étions limités au point de vue de Thérèse sur elle- même, nous coïncidions av...
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Maxime CHASTAING (né en 1913) Le dogme du réalisme subjectif
l'un àe l'autre . Ils ne devaient jamais se revoir, dit le narrateur. Mais peut-il le dire ? Oui, si les héros sont morts et s 'il rappor te leur vie passée. Si donc il écrit un conte. Or, il ne veut rien raconter, il ne veut conjuguer ni le passé simple ni le passé composé : il emploie le présent de l'indicatif et parfois cet autre présent -«le présent du passé », note Brunot -qu'on appelle imparfait. Il pa raît donc prédire l'avenir. En feignant...
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Claude-Edmonde MAGNY (1913-1966) La crise du roman
A Quel étrange propos en effet, si l'o n y réfléc hit, que d'écrire un roman. >. A ce point, la réflexion sem ble engagée dans une impasse : le roman n'a pa s d'avenir, puisqu'i l n'a même pas de présent . Mais voici que surgit un espoir : po ur que le propos du roma ncier cesse en effet d'être impensable, il fau t - mais il suffit -que cette trame d'événem ents semblables à ceux de la vie réelle qu'il nous restitue soit évoquée non pas pour ell...
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Jean PRÉVOST (1901-1944) La technique du point de vue chez Stendhal
] ean Prév ost mon tagnes creusent leurs perspec tives quand le voy ageur les voit de plusieurs po ints différents , de même un récit, pour ne point paraître inconsist ant, pour arrêter le jugement du lecteur, veut que l'auteur nous présen te, à cha que occa sion grave, deux ou plusieurs points de vue sur la scène et le héros. C'e st par là que le roman, entre autres caractères propres, diffère du conte. Le conte est borgne. Un admirateur de Balzac et...
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Albert CAMUS (1913-1960) : Le roman, expérience imaginaire du destin
connu le dessin si elle ne lui avait donné la cou rbe nue d'un lan gage sans défaut. Il n'est pas non plus d'histoire plus romanesq ue et plus belle que celle de Soph ie Tonska et de Casimir dans Les Pléiades de Gobine au. Sophie , femme sensible et belle, qui fait compren dre la con fessi on de Stendhal, « il n'y a que les femm es à grand caractère qui puiss ent me rend re heureux �>, force Casimir à lui avouer son amou r. Habituée à être aimée,...
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Maurice BLANCHOT (né en 1907) : Le roman, œuvre de mauvaise foi
nous les faire sentir et vivre à travers les mots. ( ... ).Le roman est une œuvre où les événements, les personna ges, en tant que fictifs , se réa lisent sur les mots par un acte double, en perpét uel porte-à-faux, celui de l'éc riture et celui de la lecture . Que cette fiction ait justement besoi n des mots pour se ré aliser, qu'en dehors d'eux elle n'ait aucun moyen spécifique de se man i fester, cela suffirait à faire comprend re combien la fict i...
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Critique de l'impassibilité du romancier
les expliquant, les interprétant. Ce n'est pas la vie que V()US avez devalt vous. C'en est une image, reflétée dans le plus pmss�nt cerveau de philo sophe, mais une image. Ainsi en a ju gé l'auteur lui-même, et il s'e st arrêté dans sa besogne, se considé rant, lui, comme incapable de l'exé cuter autre ment, et la considé rant, elle, comme trop peu conforme au canon qu'il s 'é tait fixé pour le roman. Tel jadis Polyclète pour la sculptu re. Cette est...
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Albert LAFFAY : La feinte indétermination du récit
l es auteu rs de rom ans-feuillet ons, l'ignorer lui-même au moment où il s 'em ba rque dans son histoire. Pourtant l'indétermina tion du récit est tou jours seconde par rapport à une déterm ination de principe selon laquelle les événe ments relatés ont un sens et son t d'avance terminés . La structure «récit )) ferme d'abord la bou cle. Le commence ment d'un récit dessine à vide une certaine trajectoire, un peu comme la langue populaire indique des r...
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Jean POUILLON : La Vision « par derrière »
Au contraire , dans le cas présent, cette source est non dans le roman, ma is dans le rom ancier en tant qu'il soutient son œuvre sans coïncider avec un de ses personnages. Il la sou tient en étant
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Jean-José MARCHAND Roman et récit
à peine a-t-on le temps d'y réfléchir, il est déjà là, nou s ne pou vons lui échap per ; à ce moment seulement tout s'éc laire, nous entrevoyons ses causes (p artiellement au moins) , ma is déj à il faut repar tir : le futur, devenant pré sent, me révélait le passé, il faut envisager le avenir : ( ... ) . ( .. . ) C' est au fond cela que Forster entend par . Il ne con çoit même pas qu'il y ait des fictions comme une démo nstrat ion. Il décr...
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François MAURIAC : Origines du personnage fictif
tures métaph ysiques ou sent imenta les. Un garçon de dix-huit ans ne peu t fa ire un livre qu' avec ce qu'il conna ît de la vie , c' est- à-dire ses propres désirs, ses propres illusions. Il ne peut que décrire l'œuf dont il vient à peine de brise r la coquil le. Et, en généra l , il s'intéresse trop à lui- même pour song er à observer les autres . C' est lorsque nous commençons à nou s déprendre de notre propre cœur que le rom ancier commence aussi...
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Jules ROMAINS (né en 1885) L'insuffisance des procédés traditionnels pour suggerer la complexité du réel
:flottan te. Il arri ve que l'auteur lui-même ne la dégage qu' après coup. En tout cas elle ne s'im pose pas au lecteur ; je veux dire que rien ne l'oblige à la sentir bon gré mal gré. Vous pouvez lire Eugénie Grand et et César Birott eau sans vous so ucier du reste de La Co médie humaine, et sans apercevoir entre ces deux chefs-d'œuvre un lien d'un autre ordre qu'entre L'Ëducat ion sen timentale et Madame Bovary. Je n'ai pas besoin de rappeler que Zo...
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Édouard DUJARDIN (1861-1949) Définition du monologue interieur
et un discours non prononcé ; mais il se différencie du mono logue traditionnel en ce que , quant à sa matière , il est une expression de la pen sée la plus intime, la plus proche de l'incon scient, quant à son esprit, il est un discours antérieur à tou te organisation log ique, reproduisant cette pensée en son état naissant et d'as pect tout ve nant, quant à sa forme, il se réalise en phrases directes réduites au mini mum syntaxial, et ainsi...
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Jean HYTIER (né en 1899) Essai de définition du roman
mais , sur tout, parce que le con tenu du roman a une organ isati on chrono logi que. C' est une histoire, vraie ou fausse dans son fond, ou mêlée de vrai et de faux, mais qui doit nécess airement : r) être fausse à la pren dre à la lett re, car il n'y a pas d'art de pure reproduction; 2) se donner pour vraie. Une histoire vraie n'est pas un roman ; les mémo ires, les biog raphies, les co nfessi ons n'en approchent que dans la mesure où ils mentent...
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Georges DUHAMEL (1884-1966) Trois modalités du récit
occulte qui ne prend aucune part à l'affaire et racon te seu lemen t ce qu'i l sait ou devine. Flaubert a pou ssé très loin cette forme d'art . Il en a réglé la discipl ine, préconisant l'effacement aussi complet que possible du narrateur, qui laisse ses personnage s s'expliquer, comme au théâtre, par leurs paroles et leurs actions. Essai sur le roman, Marcelle Lesage, 1925, pp. 66 sq.
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Paul VALÉRY (1871-1945) : Roman et poème.
L' appare nce de et de , qui est l'obj et des calcu ls et des am bitions du romancier, tient à l'introduction incessante d'observ ations, - c'est-à-dire d'éléments reconna issables, qu'il incorpore à son desse in. Une trame de détails véritables et arbitraires raccorde l'ex istence réelle du lecteur aux feintes existences des personn ages; d'où ces simu lacres prennent assez souvent d'étrang es puissances de vie qui les renden t co mparab les, dans nos pensé...