Catégorie : Citations
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Cupio dissolvi
Cupio dissolvi Je veu1. mourir Cette célèbre expression, symbole du désir ascétique qui aspire à l'anéantissement du corps et de tout ce qui le relie à l'existence terrestre, est empruntée à un passage de I'Epitre de saint Paul aux Philippiens ( 1, 23), où I' Apôtre écrivait qu'il se sentait partagé entre son envie de quitter son existence corporelle et son envie de vivre (T~v fTTL8uµ(av ëxwv ei~ To àvaXûoaL Kal aùv XpLOT~ etvaL, traduit en latin par desiderium habens dissolvi et esse cum...
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Mater artium necessitas
Mater artium necessitas La nécessité est la mère des arts Ce proverbe en latin vulgaire possède des équivalents grecs : de nombreuses expressions affi1 ,,.~nt en effet que les techniques humaines (TfXVaL) sont nées de la nécessité ou des besoins (xpe(aL. cf. Diogène d'Enoande., fr. 9 Grilli : le topos revient aussi ultérieurement chez d'autres auteurs grecs, tel Théophylacte Simocate (Ep., 10]) qui fait naitre l'art de la nécessité. cf. aussi Eschyle (Prométhée, S 14: TÉXV'll 6' àvayKTIS...
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Non possumus
Non possumus Nous ne pouvons pas Cette expression, extrêmement célèbre et qui est aujourd'hui passée dans le langage courant, signifie que même si on est en mesure de répondre favorablement à une requête, le devoir impose de ne pas le faire; il s'agit de la réponse du pape Pie IX à Napoléon 111, qui lui avait demandé de laisser la Romagne aux mains de Victor-Emmanuel II (réponse du 8 février 1860 qui fut réitérée le 19 du même mois) ; le pape Clément VII s'était servi ensuite de la même...
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Faute de boeuf, mène un âne
El 11-11 8uvaLo Poûv, eA.avve ovov Faute de bœuf, mène un âne Transmise par la tradition parémiographique (Zenob. vulg. 3, 54; Souda EL 147), Erasme traduisit cette expression par Si bovem non possis asinum agas (Adagia, 2, 8, 4): il s'agit peut-être d'un fragment adespote comique (543 K. non répertorié par Kassel-Austin). P&1111i nos proverbes modernes, c'est notre for111ule française qui est la plus proche de la sentence antique : Faute de bœuf, on fait labourer par son âne; en italien...
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Non omnia possumus omnes
Non omnia possumus omnes Tous, nous ne pouvons pas tout Cet adage, qui constitue l'un des lemmes des Adagia d'Erasme (2, 3, 94), et qui est attesté par Lucilius (5, 26 Charpin = 218 M.) et par Virgile (Bucoliques, 8, 63), rappelle les limites de l'être humain: l'expression était déjà célèbre dans I' Antiquité ; elle fut citée en tant qu'énoncé gnomique par saint Jérôme (Ep., 52, 9; Dialogus contra Pelagianos, 1, 23 [Pl 23, 5 l 7c]) et elle fut souvent reprise par les auteurs médiévaux chr...
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On vit comme on peut et non comme on veut
Zi11,Ev yàp oùx c.s 8ÉAop.Ev, ciAA'c.s 8vvcip.E8a On vit comme on peut et non comme on veut Ce fragment de Ménandre (47 K.-A.) reprend certainement un proverbe antique : on retrouve la même fo1111ule dans les Monosliques attribuées au même auteur (273 J.) et chez les parémiographes (Zenob. vulg. 4, 16 ; Diogen. 4. 100 ; Diogen. Vind. 2, 81 ; Greg. Cypr. 2, 58 ; Greg. Cypr. M., 3, 57 ; Macar. 4, 31 ; Apost. 8, 38, Souda ( 133) - Erasme la traduisant plus tard par Non uti libet sed uti /ice...
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Ad impossibilia nemo tenetur
Ad impossibilia nemo tenetur A l'impossible nul n'est tenu Cette no1111e juridique rappelait qu'aucune des parties liées par contrat n'était tenue d'exécuter une prestation impossible et la traduction de cette expression fait partie du langage courant de nos langues européennes (cf. en français A l'impossible nul n'est tenu ; en italien l\/essuno è tenuto / obbligato al/ 'impossibile). Cette fo1111ule semble d'origine médiévale et scolastique : saint Thomas d'Aquin répète souvent que Nu/lu...
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Gloriam qui spreverit veram habebit
Gloriam qui spreverit veram habebit Qui méprise la gloire conquerra la vraie gloire Cette invitation à ne pas chercher la gloire si on désire vraiment l'acquérir dérive de Tite-Live (22, 39, 19 ; le même concept est exprimé en 2, 47, 11). Le motif est également présent chez Sénèque (De beneficiis, 5, 1, 4) qui atlit 111e que
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Cum grano salis
Cum grano salis Avec un grain de sel Cette expression d'usage courant désigne au sens propre quelque chose qu'on doit prendre en très petite quantité, avec une extrême parcimonie, et désigne, dans un sens métaphorique, des aftir 111ations, des phrases ou des propos qu'on doit accueillir avec une grande prudence, voire une grande méfiance. Cette locution est généralement attribuée à Pline l'Ancien (Naturalis historia, 23, 77, 3) qui écrit effectivement Addito salis grano, >, mais dans ce...
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Nocet empta dolore voluptas
1540. Nocet e,npta do/ore voluptas Le plaisir que l'on acquiert par la douleur est néfaste Cette invitation à la modération et surtout cet avertissement à ne pas se laisser aller aux plaisirs les plus immodérés, inévitables causes de souffrances multiples, est empruntée à Horace (Ep., 1, 2, 55). Cette phrase fut ensuite souvent reprise par les auteurs chrétiens, pour inciter à l'ascèse et à renoncer aux plaisirs: cf. notamment saint Jérôme (Adversus Jovinianum, 2, 12 [Pl 23. 302a], que rep...
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Cave, ne nimia mellis dulcedine diutinam bilis amaritudinem contrahas
Cave, ne nimia me/lis dulcedine diutinam bilis amaritudinem contrahas Crains que la douleur de ce miel ne prenne pour longtemps dans ta bouche l'am~rtume du fiel Cet avertissement donné, après un doux baiser, par l'amante au protagoniste des Métamorphoses d' Apulée (2, 10), reprend un motif topique selon lequel le miel en quantité excessive peut finir par lasser; cf. également Pindare (Néméennes, 7, 52 : > ( cf. aussi n. 336) ; une épigramme de I 'A ntho/ogie Palatine ( 16, 16) citait un >.....
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Claudite iam rivos, pueri, sat prata biberunt
C/audite iam rivos, puer~ sat prata biberunt Fermez les rigoles, garçons : les prés sont assez abreuvés Cette phrase célèbre dérive des Bucoliques de Virgile (3, 111) et elle est encore citée de nos jours pour conseiller d'agir toujours avec modération . même lorsqu'on fait le bien ou qu'on s'efforce d'obtenir un bénéfice indubitable., à moins, plus banalement, que l'expression avertisse quelqu'un qu'il est temps de mettre fin à son discours. L'expression est répertoriée pa1111i les sentenc...
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Demitto auriculas
De•itto auriculas Les oreilles basses C'est ainsi qu'Horace (Sat .. 1, 9, 20 sq.) traduit le sentiment qu'il éprouva lorsqu'il fut obligé de supporter un terrible gêneur., se sentant comme un âne, courbé sous un fardeau trop lourd., qui souffre sans oser se rebeller et baisse les oreilles en signe de douloureuse soumission (vv. 20 sq. : Ut iniquae mentis ase/Jus, / cum gravius dorso subiit onus, >). L'image était déjà employée par Platon (Rép11hliq11e . 9 . 613c) à propos des coureurs, q...
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In sinu gaudere
ln sin11 gaudere Se réjouir en son for Intérieur Il s'agit d'une expression proverbiale latine, citée par plusieurs auteurs ( notamment Cicéron, Tusculanae disputationes, 3, 21, 51 ; PseudoTibulle (Sulpicia), 4, 13, 8; Sénèque, Ep.. 105, 3 [dont l'auteur fait un précepte qui pet 11,et d'éviter de susciter l'envie] ; Marius Mercator, Pl 48,207; Paulin de Nole, Carm., 21. 834 [Pl 61, 603b]; cf. aussi Properce, 2, 25, 30 ln tacito cohibe gaudia clausa sinu. >). Chez Tertullien (De pudicitia,...
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Toute entrée est bonne, du moment que les sorties sont multiples -Gilles Deleuze (1925-1995)
Toute entrée est bonne, du moment que les sorties sont multiples 1 Gilles Deleuze (1925-1995) La formule peut s'appliquer à beaucoup de choses. On connaît l'adage de Jules Janin sur le journalisme «qui mène à tout, à condition d'en sortir». Il en va de même de la philosophie, contemporaine ou non, dans laquelle il ne faut jamais se laisser enfermer car, comme le remarquait Gilles Deleuze, « il y a au contraire un excès de savoir qui tue le vivant dans la phz1osophie 2 ». Or, justement...
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Je dus abolir le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance Emmanuel Kant (1724-1804)
Je dus abolir le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance 1 Emmanuel Kant (1724-1804) Une telle > semble bien obscurantiste dans la bouche du philosophe emblématique de l'Aujklarung, les Lumières allemandes. Kant, contempteur du savoir au profit de la croyance ? C'est bien sûr se méprendre sur le sens de cette affirmation et passer à côté de l'ensemble de la pensée de ce philosophe capital. « L'histoire de la vie d'Emmanuel Kant est difficile à écrire, car il n'eut ni vie ni...
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J'aime mieux forger mon âme, que la meubler - Michel de Montaigne (1533-1592)
J'aime mieux forger mon âme, que la meubler 1 Michel de Montaigne (1533-1592) En 1571, un homme se retire dans sa bibliothèque, aban donnant la vie publique pour retrouver la sérénité et se consa crer désormais à ses loisirs, à commencer par la lecture. À 37 ans, il est fatigué et meurtri, mais aussi inconsolable de la perte de son plus cher ami, son double, qui lui a justement légué en héritage l'ensemble de· ses livres. Cette retraite est l'occasion de le retrouver et de ne plus se...
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Voilà notre condition : confinés au fond d'un creux de la terre, nous croyons en habiter la surface - Platon (427-348 av. J.-C.)
., Voilà notre condition : confinés au fond d'un creux de la terre, nous croyons en habiter la surface 1 Platon (427-348 av. J.-C.) Cette citation de Platon n'en est pas vraiment une. Et pour cause : la philosophie, dès Socrate, n'en est pas à un paradoxe près. Avec celui-ci, elle se donnait pour parangon un philo sophe qui ne professait aucune théorie et revendiquait ne rien savoir. Avec Platon, elle se dote d'un père fondateur qui ne parlera jamais en son nom propre! Stricto sen...
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Frenum momordi
Frenum momordi J'ai rongé mon frein L'expression est empruntée à une lettre de Cicéron (Ad familiares., 11 . 24, 1), où l'orateur répond à Brutus, en reprenant une locution que celui-ci avait lui-même employée à propos de Cicéron dans une lettre précédente (Ad familiares, 11. 23, 2) ; sa signification est la même que notre actuel Ronger son frein ; on la retrouve également chez Stace (Silvae, 1, 2, 28 sq.) et chez Sidoine Apollinaire (Ep., 9, 6, 2). En grec elle apparait dans le discours...
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Les extrêmes se touchent
. , , 'AKpGT11TESLOOT1)TES Les extrêmes se touchent Ce proverbe est présenté comme une sentence antique par Cassien (Collationes, 2, 16, 1 [PL 49, 549b), section attribuée à l'abbé Moïse) et Fauste de Riez (De gratia Dei et libero arbitrio, 1, I 6 [PL 58, 81 Ob]) cite > similaire : Nimietates ... et inaequalitates sunt similis improbitœ, >. Le proverbe est attesté dans les Problemata du philosophe aristotélicien Alexandre (4, 25), chez Epiphane (Adversus Haereses. 3, 476)., Michel...