Staline, Joseph
Publié le 05/04/2013
Extrait du document

1 | PRÉSENTATION |
Staline, Joseph (1879-1953), homme d’État soviétique, dont l’histoire personnelle s’est confondue, entre 1924 et 1953, avec celle de l’Union des Républiques socialistes soviétiques.
Par son poids politique et militaire, Joseph Staline fit de l’URSS la seconde puissance mondiale et son action eut une influence déterminante sur l’expansion territoriale du modèle communiste, en particulier en Europe de l’Est. À l’origine d’un système totalitaire fondant son organisation interne sur la bureaucratie, la terreur d’État et le conformisme idéologique, et son développement sur le productivisme industriel et la centralisation des décisions économiques, Staline reste dans l’histoire une figure très contestée, dont les erreurs ont largement contribué au discrédit ultérieur du modèle communiste dans le monde.
2 | LE MILITANT RÉVOLUTIONNAIRE |
Né à Gori en Géorgie, Iossip Vissarionovitch Djougachvili, issu d’un milieu très modeste (son père était cordonnier), fut envoyé au séminaire orthodoxe de Tiflis (aujourd’hui Tbilissi). Gagné aux idées socialistes, il adhéra au Parti socialiste géorgien en 1898, fut expulsé du séminaire l’année suivante et se consacra dès lors à l’action révolutionnaire.
Il poursuivit son action en Géorgie, puis en Russie : arrêté et déporté par la police du tsar à plusieurs reprises, chaque fois libéré ou évadé, il entra en 1904 au Parti social-démocrate russe, où il rejoignit l’aile bolchevique, puis participa à la révolution de 1905. Au cours des années qui suivirent, il poursuivit son action de militant dans le Caucase, et notamment dans le grand centre industriel de Bakou (Azerbaïdjan), toujours dans la clandestinité et sous différents pseudonymes, comme Koba (l’« indomptable «), puis à partir de 1913, Staline (l’« homme d’acier «).
En 1912, Lénine l’appela au Comité central du parti bolchevique qu’il venait de créer et lui confia la direction du journal du parti, la Pravda (la « Vérité «). À la demande de Lénine, Staline écrivit à cette époque une importante œuvre théorique, le Marxisme et le Problème national. De nouveau arrêté en 1913 et relégué en Sibérie, Staline ne réapparut qu’en 1917, libéré par la révolution de Février. Ayant retrouvé sa place à la tête de la Pravda, Staline prépara le retour de Lénine. Partisan d’une politique intransigeante, d’une rupture avec le gouvernement provisoire et avec les mencheviks, jugés trop modérés, il prit part à la révolution d’Octobre.
Commissaire du peuple aux Nationalités dans le premier gouvernement formé par Lénine, membre du Conseil du travail et de la défense et du Politburo (bureau politique du parti), Staline participa activement à la guerre civile, en inspectant les fronts et en organisant en 1918 la défense de Tsaritsyne (rebaptisée Stalingrad de 1925 à 1961), puis en 1919 celle de Petrograd (aujourd’hui Saint-Pétersbourg). Dans le même temps, il s’employa habilement à renforcer sa position au sein du Parti, ce qui lui permit d’être élu en 1922 au poste clé de secrétaire général du Comité central. À la fin de sa vie, Lénine tenta de s’opposer à cette ascension qui lui semblait dangereuse pour la révolution ; sa mort en 1924 ouvrit une guerre de succession au sein des instances dirigeantes du Parti : face à Staline, Trotski, le créateur de l’Armée rouge, auréolé des victoires militaires de la guerre civile, faisait lui aussi figure de dauphin.
3 | LE MAÎTRE DE L'UNION SOVIÉTIQUE |
3.1 | L’ascension |
Staline s’allia tout d’abord dans une troïka avec Zinoviev et Kamenev. Favorable à la consolidation de la révolution en URSS, à l’édification du « socialisme dans un seul pays « face à Trotski, partisan de la « révolution permanente « et de sa propagation internationale, il réussit à faire exclure son principal adversaire du gouvernement et du Politburo (1926), puis à le faire bannir d’Union soviétique (1929). Staline, appuyé un temps par Nikolaï Boukharine, représentant de l’aile droite du parti, se retourna bientôt contre ses partenaires, purgeant progressivement le parti des derniers compagnons de Lénine et de toute opposition. Assisté par une bureaucratie comblée de privilèges et une police politique omniprésente (le NKVD), devenu secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique, Staline régna dès lors en maître sur le pays.
3.2 | L'URSS de Staline |
Dès la fin des années 1920, Staline préconisa l’abandon de la Nouvelle politique économique (NEP), au profit de la mise en place d’une économie planifiée selon des plans quinquennaux (le premier fut lancé en 1928), donnant la première place à l’industrie lourde. Dans le même temps s’opérait la totale collectivisation des terres au profit des fermes d’État (kolkhozes) et des coopératives paysannes (sovkhozes) et au détriment des paysans propriétaires (les koulaks). La « dékoulakisation « s’effectua dans un climat de terreur, donnant lieu à de graves famines (notamment en Ukraine en 1933-1934) et à des déportations massives qui brisèrent toute résistance. L’industrialisation rapide menée durant les années 1930 permit de hisser le pays au rang de grande puissance industrielle. Mais la priorité donnée à l’industrie lourde devait entraîner une pénurie durable de biens d’équipements et surtout de produits de consommation.
En décembre 1934, le mystérieux assassinat de Kirov, membre du secrétariat du parti, donna le départ d’une gigantesque campagne d’épuration des opposants au régime. Entre 1936 et 1938, les « procès de Moscou «, parodies judiciaires au cours desquelles les accusés faisaient publiquement leur autocritique, permirent d’éliminer les derniers leaders historiques de la révolution (dont Kamenev, Zinoviev, Boukharine, Iagoda), tandis que les purges effectuées dans l’Armée devait conduire à la disparition de 90 p. 100 des généraux, 80 p. 100 des colonels et 50 p. 100 des autres officiers. Arrestations sommaires et déportations vers des camps de travail, connus sous le nom de goulags, touchèrent arbitrairement des millions de Soviétiques : selon les estimations, il y aurait eu de 5 à 10 millions de prisonniers politiques à la fin des années 1930.
3.3 | La Seconde Guerre mondiale |
Malgré le pacte germano-soviétique signé en 1939 par Molotov avec l’Allemagne nazie, les armées du Reich attaquèrent l’URSS sans déclaration préalable en juin 1941. Les pertes subies dès le début de l’invasion amenèrent Staline à concentrer entre ses mains l’essentiel des pouvoirs militaires, comme président du Comité de défense nationale et commissaire du peuple à la Guerre en 1941, puis comme maréchal (1943) et généralissime (1945). Faisant appel au patriotisme russe, il réussit, au prix de lourds sacrifices humains, à renverser le cours de la guerre, en particulier lors de la bataille de Stalingrad (1942). Poursuivant l’armée allemande jusqu’à Berlin, il apparut comme l’un des grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Lors des conférences de Téhéran (1943), Yalta (1945) et Potsdam (1945), réunissant les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union soviétique, il manœuvra habilement pour obtenir la reconnaissance d’une sphère d’influence soviétique en Europe de l’Est où il imposa le communisme après la chute du IIIe Reich.
4 | LES DERNIÈRES ANNÉES |
Rapidement, l’organisation de la mainmise des partis communistes locaux sur les rouages du pouvoir dans les pays contrôlés par l’Union soviétique (qui se traduisit, entre autres, par le refus du plan Marshall et la création du Kominform) fit craindre une extension du modèle soviétique en Europe et déboucha sur la rupture entre les anciens alliés. La guerre froide, opposant le camp socialiste et l’Occident, put alors s’installer.
Dans la période de l’après-guerre, le culte de la personnalité entourant Staline atteignit un niveau inégalé. Isolé au sommet du pouvoir et affaibli physiquement, Staline, atteint d’une paranoïa de plus en plus aiguë, se voyait partout environné de complots : en janvier 1953, il ordonna l’arrestation de plusieurs médecins moscovites, juifs pour la plupart, les accusant d’avoir perpétré des assassinats dans l’exercice de leurs fonctions. Le prétendu complot des « blouses blanches « semblait annoncer un retour à la terreur des années 1930, quand Staline mourut soudainement d’une hémorragie cérébrale, le 5 mars 1953.
5 | LE STALINISME ET SA CRITIQUE |
La personnalité de Staline (étudiée notamment par Boris Souvarine et Issak Deutscher, et évoquée, sous une forme romancée, par Soljenitsyne) et sa pratique du pouvoir ont conduit à la mise en place d’un système de pensée et de gouvernement connu sous le nom de stalinisme. Système politique totalitaire, le stalinisme était fondé sur la dictature du prolétariat, la suprématie du parti communiste et le culte de la personnalité voué à son dirigeant. Il s’appuyait sur une économie collectivisée et planifiée, une société encadrée et dominée à tous les niveaux et dans tous les domaines par le Parti et ses différentes organisations, étroitement surveillées par un appareil policier chargé de museler toute velléité de contestation.
Pleuré à sa mort par le pays tout entier, et par le mouvement communiste international, l’œuvre de celui que l’on appelait le « petit père des peuples « ne tarda pas à être remise en question. En février 1956, à l’occasion du XXe congrès du parti communiste, Nikita Khrouchtchev, nouveau secrétaire général, dénonça les crimes de son prédécesseur et condamna le culte de la personnalité dont il avait été l’objet. Une campagne de « déstalinisation « débuta alors : en 1961, le corps embaumé du dirigeant fut retiré du mausolée de Lénine, la ville de Stalingrad fut débaptisée, les statues de Staline furent déboulonnées (voir Volgograd).
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