Robert Louis Stevenson à Notre Dame des Neiges
Publié le 25/09/2022
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«
Robert Louis Stevenson à Notre Dame des Neiges (1)
Le jeudi 26 septembre 1878, un jeune Ecossais de 28 ans, auteur encore inconnu (2) arrive avec son
ânesse Modestine devant le couvent de Notre Dame des Neiges.
Il en est à son cinquième jour de
randonnée et a déjà subi quelques déboires qui l’ont amené à passer une nuit à la belle étoile, sous
une pluie battante, non loin du Cheylard.
Il vient de traverser un paysage de désolation sur un plateau
sinistre lorsqu’il découvre au petit matin d’abord une croix puis une statue de la vierge.
Ce n’est pas sans appréhension qu’il envisage de passer la nuit dans ce monastère, lui qui a reçu une
éducation protestante (son grand-père maternel est pasteur).
Le monachisme n’avait pas bonne
presse dans le protestantisme.
C’est donc le cœur serré qu’il se dirige vers l’édifice.
Une forte
angoisse l’étreint lorsqu’il perçoit le tintement d’une cloche qui semble provenir de ce monde du
silence, du « pays de la mort ».
Dans cette atmosphère fantasmagorique apparaît sur son chemin
presqu’un fantôme, un homme au crâne chauve, « enrobé de blanc, un moine médiéval ».
L’esprit
troublé, il ôte sa casquette.
A son grand étonnement ; le Père Apollinaire (c’est ainsi qu’il se nomme)
lui adresse un salut amical et insiste pour l’accompagner afin d’arranger au mieux son installation au
couvent.
A quelques mètres du porche d’entrée, le moine un peu fantasque court devant lui, les bras
au ciel, en criant : « Je ne dois plus parler, je ne dois plus parler ! »
La porte franchie, oppressé, le cœur battant, « transi jusqu’aux moelles », le jeune homme est
accueilli avec bienveillance par le Père Michel, le père hospitalier, qui lui offre un verre de liqueur.
Après avoir bien déjeuné « et de bon appétit », le « retraitant » est conduit à sa cellule « meublée du
strict nécessaire » par le Père Ambroise qui lui annonce la visite d’un moine irlandais pensionnaire du
couvent.
Ce dernier, fort sociable, lui fait visiter les bâtiments et l’instruit sur la vie monastique : En
dehors des règles austères de l’ordre religieux, chacun peut s’adonner à l’activité qui lui convient le
mieux.
Malgré la frugalité des repas (souvent une seule fois par jour et en absence de viande),
Stevenson s’étonne de la fraîcheur des visages et de la bonne humeur des membres de la
communauté : il saisit l’importance de la règle du silence et admire l’organisation de leur emploi du
temps quotidien, rythmé par le son de la cloche, de deux heures du matin jusqu’au moment du repos
après les prières de vingt heures,.
Le soir venu, il assiste aux complies dans la chapelle qui l’étonne par sa simplicité : Ainsi blanchie à la
chaux, elle ne choquerait nullement un membre de l’Eglise réformée.
Il reste néanmoins que pour
l’auteur, ces moines sont comme des « morts-vivants », coupés de la vraie vie.
Lui préfère être « libre
d’errer, libre d’espérer, libre d’aimer ».
Le dernier chapitre sur Notre Dame des Neiges présente bien des similitudes avec une scène du
Bourgeois gentilhomme (3) de Molière, auteur que Stevenson connaissait : Deux « retraitants », un
vieux prêtre et un commandant à la retraite sont également pensionnaires au monastère.
Alors que
les Trappistes le reçoivent chaleureusement (Stevenson leur a dit qu’il était protestant : le Père
Apollinaire, le Père Michel, le bon Père irlandais : tous se sont montrés bienveillants), les deux
retraitants sectaires se sentent investis d’une « mission » : celle de convertir le jeune « hérétique »,
Tout commence par le repas du soir sous les meilleurs auspices : Stevenson déclare « qu’on peut
difficilement discuter avec quelqu’un qui ne professe pas absolument les mêmes opinions sans qu’il
se mette immédiatement en colère contre vous ».
Tous deux acquiescent et déclarent qu’un tel état
d’esprit est « anti-chrétien » cependant, à peine le jeune Ecossais a-t-il évoqué le nom de Gambetta,
républicain et franc maçon, que le commandant « s’empourpre » contre ce rouge mais parvient à se
maîtriser en croisant le regard réprobateur du vieux prêtre.
Ce n’est que le lendemain matin, au petit déjeuner que le « couple » découvre qu’il est « hérétique ».
Cette fois, le vieux prêtre, indigné, s’emporte sur la méprisable religion de ses ancêtres:: « Et vous
pensez mourir dans cette espèce de croyance ? »..Stevenson proteste contre son manque de
courtoisie ; Le « brave homme » se radoucit : « Aucun autre sentiment ne me pousse que l’intérêt que
je porte à votre âme ».Le jeune homme ajoute avec humour : « Là finit ma conversion.
».
Le vent tombe, le ciel s’éclaircit : C’est l’heure du départ avec Modestine.
Son ami irlandais
l’accompagne un bout de chemin.
L’apercevant, le Père Apollinaire lâche sa bêche et se précipite
pour lui serrer les mains.
C’est avec un regret « nullement feint » qu’il les quitte mais c’est avec la joie
du randonneur qu’il se lance maintenant vers Chasseradès.
A l’étape précédente, Stevenson a
exposé sa conception des voyages, sa propre philosophie : « Je voyage non pour aller quelque part
mais pour marcher.
Je voyage pour le plaisir de voyager ».
Encore une semaine de randonnée et il
atteindra Saint Jean du Gard, abandonnant, non sans remords, sa chère Modestine.
Richard Bonneau
_______________________________________________________________________________
(1) Robert Louis Stevenson Voyages avec un âne dans les Cévennes, Livre de Poche
10 /18 N° 1201, 308pp.
(2) Son roman L’Île au trésor ne sera publié qu’en 1883 et Le cas étrange du docteur Jekill
et de Mr Hyde en 1886
(3) Molière, Le Bourgeois gentilhomme, Acte II, sc.
3 où le Maître de philosophie, après
avoir prôné la tolérance, ne fait qu’attiser la dispute en affirmant la prééminence de la
philosophie sur toutes les autres sciences.
Saviez-vous que George Sand avait inspiré notre cher Robert Louis Stevenson ? Elle est à
l’origine du roman régional nécessitant une immersion pour rendre ses écrits authentiques.
Stevenson suit son exemple quand il prépare son périple dans les Cévennes en restant
pendant un mois au Monastier-sur-Gazeille.
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Photos https://www.alamyimages.fr/photo-image-robert-louis-stevenson-13-novembre-1850-3decembre-1894-romancier-ecossais-poete-essayiste-et-ecrivain-voyageur-photo-de-robert-louisstevenson-et-de-la-famille-a-vailima-sur-l-ile-d-upolu-samoa-de-gauche-a-droite-mary-carter-femmede-chambre-de-la-mere-de-stevenson-la-mere-de-stevenson-lloyd-osbourne-beau-fils-de-stevensonrobert-louis-stevenson-margaret-balfour-isobel-strong-belle-fille-l-steveson-austin-strong-le-fort-deson-fils-l-epouse-de-stevenson-stevenson-fanny-90821351.html
https://www.cadenette.net/la-vie-de-r-l-stevenson/ (film)
https://www.cadenette.net/sur-les-pas-de-robert-louis-stevenson-gr-70/
Stevenson aime les romans de George Sand comme Le Marquis de Villemer , La Ville noire et jean
de la Roche, c'est comme ça qu'il part au Monastier sur gazeille sur ses pas ou il n’existe plus de
réels souvenirs de son passage .
Cependant il faut savoir que L’hôtel Morel ou Stevenson avait
séjourné, est devenu de nos jours une pharmacie.
Mais retenons sa passion pour les Camisards qui
s’opposent au roi de France , Guerres qu’il évoque dans ses écrits .
C'est comme ça que du
Monastier il va marcher en direction du Sud à partir du 22 septembre jusqu'au 4 octobre 1878.
Son
chemin passera par Goudet, Le Bouchet-Saint-Nicolas, Pradelles, Langogne, Fouzilhac, Cheylardl’Evêque, Notre-Dame-des-Neiges, Le Bleymard, le col de Finiels, Florac, Cassagnas, Saint-Germainde-Calbert.
Ensuite il retournera en Angleterre en passant par Lyon et Autun.
Pradelles est situé sur le GR 70 ancien chemin de R.L.Stevenson.
Ce village est sur un flanc de
coteau dominant l'Allier, entouré d'opulentes prairies et Stevenson observera le 23 septembre
1878 qu'on fauchait le regain de partout sous un ciel orageux.
et qu'il faisait un froid glacial.
En découvrant cette image, on peut penser que Modestine était une très jeune anesse.
L'aurait
il débourré au début du GR 70 ? Puisqu'il dit qu'elle n'était pas plus haute qu'un chien !
Pendant 12 jours Modestine et Stevenson seront des inséparables compagnons de route,
parcourant toutes les hauteurs à travers plusieurs chaines de montagnes.
Il avait cru la détester
mais très vite il se rendait compte que cet animal lui apportait une autre vison des choses et de
nouvelles découvertes sur lui même.
Il découvrira que son regard est amical,
qu'elle réclame de la tendresse et des caresses même si ses oreilles peuvent tout entendre.
Il existe encore l'ancienne auberge du Bouchet Saint Nicolas ou Stevenson à passé la nuit le 21
septembre 1878.
Cette ancienne batisse est devenue une propriété privée, mais cela n'empêche pas
de la découvrir près d'une des places du village à l'angle d'une ancienne église de 1558, transformée
à ce jour en habitation .
Sur le côté de l'auberge ancienne, on y voit une croix en brique rouge.
Stevenson dira, que cette auberge était une des moins prétentieuse qu'il avait jamais visité.
Elle était
typique des montagnes française, sans oublier l'énorme truie qui servait d'aspirateur sous la table
lorsqu'il mangeait.
Tous les 50 mètres un attelage de boeufs tirait une charrue et l'un d'entre eux, puissant et placide
portait un intérêt à Modestine et à lui même.
Ce dernier rivait ses grands yeux honnêtes et les
accompagna d'un regard pensif, jusqu'au moment ou son maître le contraignit à retourner la charrue.
Stevenson trouvait que ce tableau, ressemblait à un tableau vivant et délicat, alors que sous
ses yeux se pointait au loin les hautes terres du Gévaudan qui ne cessaient de monter dans le
ciel.
Comment ne pas porter en son coeur ses origines aux multiples parfums ! puisqu'un étranger
comme Stevenson, s'en est souvenu en disant.
On fauchait le regain de toutes parts ce qui
conférait une odeur insolite de fenaison dans le voisinage.
1850 Nait Robert Louis Stevenson le 13 novembre à Edimbourg.
Du côté de son père, se sont
des gens batisseurs de phares.
Son grand père Robert Stevenson est un des 1er à préconiser les
phares lenticulaires pour le littoral écossais.
Quand à sa mère Margareth Balfour, elle est la
fille cadette du révérend Lewis Balbour, issu d'une famille des Bordes .
1853 La famille déménage et quitte la maison natale pour aller au Inverleith Terrace .
Mais
l'humidité de leur nouvelle adresse fait apparaitre un danger pour R.L.Stevenson qui est d'une
santé très fragile et partent 1856 dans une partie géorgienne de la ville New Town
1859 Décès de son grand père, le pasteur Balfour, chez qui il séjournait souvent.
Sa sant
fragile et le rôle si effacé de sa mère mettent sur son chemin Alison Cunningham sa nourrice à
qui il dédiera son recueil.
Jardin de poèmes de mars 1885
Alison Cunningham dit Cummy, devient la nourrice et l'infirmière de Robert Louis
Stevenson en restant dans la famille de Mai 1852 jusqu'en Novembre 1872
_________________________________________________________________________
1863 Il découvre Menton et la Côte d'Azur avec sa mère.
Il compose une revue manuscrite
The Schoolboy's Magazine.
Premières histoires d'aventures dans les mers du sud.
1866 Il est inscrit en octobre à l'Université d'Edimbourg pour apprendre le métier d'ingénieur.
Il scandalise sa famille et ses professeurs par sa vie bohème, notemment il est sous l'influence
de son cousin Bob à qui sera dédié son récit de son voyage en Californie.
1868 Il est en voyage avec son père à Anstruther et Wick ou il assistera à une tempète qui
détruira les travaux de son père dans le port.
1869 Il est élu à la Société Spéculaire d'Edimbourg
1871 Il fait une communication à la Société Royale des arts sur une nouvelle forme de
lumière intermittente destinée aux phares et remporte une médaille d'argent.
Robert Louis
Stevenson abandonne malgré tout ses études d'ingénieur au profit du droit.
1870 Il a une liaison avec une prostituée Claire qui s'attache à lui .
Stevenson lui propose le
mariage ce qui fait scandale dans la famille .
Cette rencontre s'effectue quand il passe 3
semaines avec son père sur l'Ilot d'Erraid près de l'Ile de Mull.
1872 Second séjour à Erraid
1873 En janvier de cette année il avoue à son père calviniste qu'il a perdu la foi.
C'est le début
d'une grave crise familiale Pendant l'été il rencontre Sidney Colvin, professeur d'histoire de
l'art de Cambridge, et Mrs Sitwell, dont il tombe amoureux mais en vain.
Elle épousera en
1903 Sidney Colvin.
Colvin introduira R.L.Stevenson dans le milieu littéraire, et en
novembre, Stevenson s'embarque pour la Franceet passera l'hivers 1873 et 1874 à Menton
pour des raisons de santé (emphysème pulmonaire)
1874 Il retourne en Angleterre pour travailler avec acharnement sur des articles de critique et
des nouvelles.
1875 Au printemps il part sur Paris et découvre Barbizon avec Bob et y retournera en été.
En
juillet il réussit son examen de droit mais n'exercera jamais la profession d'avocat
1876 Ses habitudes bohèmes le font chasser de la maison paternelle.
Il sera accueilli par
W.E.Henley avec lequel il écrira 4 pièces de théatre en 1884 1885.
En été il descendra en
canoë la Sambre et l'Oise avec Walter Simpson et en Août il fait la connaissance de Fanny
Osbourne à Grez près de Fontainebleau
1877 Fanny Osbourne et Robert Louis Stevenson se retrouvent à Grez en été .
Il achète une
péniche qu'il amarre sur le loing et l'aménage en bateau de plaisance.
1878 Publication de son premier livre ( Le voyage sur les canaux et rivières) Puis il
entreprend en septembre un voyage à pied dans les Cévennes en compagnie d'une anesse
Modestine.
1879 Malgré l'avis de sa famille et de ses amis, il....
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