RICHELIEU (Armand Jean du Plessis, cardinal de)

RICHELIEU (Armand Jean du Plessis, cardinal de), cardinal et ministre français (Paris 1585-id. 1642). Homme d'État, Richelieu est aussi un homme de lettres. Évêque, il a ainsi laissé des ouvrages d'apologétique et de controverse [les Principaux Points de la foi de 1'Église catholique, 1617 ; Instruction du chrétien, 1620; Traité de la perfection du chrétien, 1646). S'il ne put achever ses Mémoires publiés en 1650, et auxquels collaborèrent Mézeray, Cherré, Achille de Harlay et Charpentier, il rédigea un Testament (1642) qui justifie ses conceptions politiques. Passionné de théâtre (il se fit construire une scène privée inaugurée par la représentation de Mirame en 1641), il organisa une équipe de cinq auteurs (Boisrobert, Colle-tet, Corneille, L'Estoile, Rotrou) pour mettre au point et rédiger les canevas qu'il imaginait : ainsi naquirent l'Aveugle de Smyrne ou la Comédie des Tuile ries (1638). Mais c'est en homme de pouvoir que Richelieu a le plus marqué la littérature. Le triomphe de la rhétori-

que classique est aussi celui d'une politique : politique d'union intérieure d'abord, qui, de deux noblesses (épée et robe) se recommandant de deux conceptions de la culture et de l'éloquence, forme une même aristocratie royale participant de la même esthétique, acceptant un même code d'expression et de maintien ; politique d'expansion ensuite, le français épuré et rénové devant prendre la place du latin dans une Europe où le royaume de Louis XIII s'affirme comme l'État prépondérant. D'où cet interventionnisme permanent dans le domaine des lettres : mécène « impérieux et géométrique » (M. Fuma-roli), Richelieu soutient le style de Guez de Balzac comme l'entreprise journalistique de Renaudot. Grâce à l'Acadé-mie française, il récupère, au profit de l'État, les multiples groupes de réflexions sur la langue et la littérature qui foisonnent à la fin du premier tiers du xviie s. Colbert et Louis XIV n'oublieront pas la leçon.