PAUL-LOUIS COURIER
Publié le 17/01/2022
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"M. Courier, l'homme vivant qui a le plus de rapports avec Voltaire ", note Stendhal dans une lettre du 4 décembre 1822, au moment où Paul-Louis Courier est devenu, par son Simple discours, '' l'homme populaire de la France''· Mais bien avant ses pamphlets, cet écrivain d'humeur mérite de retenir l'attention. Né à Paris en 1772, dans une famille de cette bourgeoisie riche plus impatiente encore que le peuple des privilèges que s'arrogent les aristocrates, le jeune Paul-Louis se sent vite disposé à voir dans la Révolution la lutte contre les survivances féodales : à dix-sept ans, il participe à la ruée des Parisiens sur l'Hôtel des Invalides d'où il rapporte triomphalement un pistolet.
«
comme Stendhal dans le même temps, le charme de
Milan : mais tandis que Beyle fréquente la Scala,
Paul-Louis s'enivre d'érudition.
En 1801, en garnison
à Strasbourg, il fréquente le cabinet des hellénistes
Brünck et Schweighaüser beaucoup plus que le
champ de tir.
Il retourne en Italie d'octobre 1803
à mars 1809, et ses lettres de cette époque évo
quent admirablement la singulière figure d'un offi
cier sans fanatisme qui '' reste par habitude dans
une carrière où il est entré
par hasard •• et qui
entretient une correspondance suivie avec des éru
dits comme Villoison ou Clavier.
Il quitterait volon
tiers l'armée, mais, avoue-t-il nettement :
''Je suis
bien ici [en
Italie] où j'ai tout à souhait : un pays
admirable, l'antique, la nature, les tombeaux, les
ruines, la grande Grèce
...
•• (8 mars 1805).
Il estime que les événements de l'époque ne
méritent pas l'attention des esprits sensés :
'' C'est
sottise de méditer
sur ce qui dépend des digestions
de Bonaparte
•• -de ce Bonaparte dont il a raillé
l'ambition de façon inoubliable (lettre de mai
1804)
et stigmatisé le régime consulaire dans ses Conseils
à un colonel (1803).
Il participe sans enthousiasme
aux opérations de Calabre, ayant l'impression de
figurer
,, comme acteur du dernier ordre •• dans '' une
triste farce
••.
Muté à Rome, où il retrouve les bibliothèques
avec joie ; puis
à Florence, où il découvre le manus
crit de Longus sur lequel il établira sa remarquable
traduction de Daphnis et
Chloé; à Livourne enfin, en
demi disgrâce, il se décide à '' mettre son armure
au croc ••.
Il se retire définitivement du service après Wa
gram :
'' Plutarque me fait crever de rire.
Je ne crois
plus aux grands hommes
••, note-t-il le 3 octobre
1810.
Il a donc traversé l'Empire en accumulant les
motifs
d'ironie et de rancune, sans illusion sur ceux.
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