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Omar Khayyâm

Publié le 21/05/2012

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Omar Khayyâm (“ fabricant de tentes ” en arabe, peut-être le métier de son père) naquit et grandit à Nichapour, où il acquit une bonne éducation scientifique et philosophique. Il compléta sa formation à Samarkand et y rédigea un important traité d'Algèbre  en arabe. En 1070, sa réputation de scientifique établie, il se rendit avec deux autres savants auprès du sultan Malekchâh pour réformer le calendrier persan, aboutissant à la fixation d'une nouvelle ère. Il participa également à la construction de l'observatoire astronomique d'Ispahan. A la mort de son protecteur en 1092, Khayyâm effectua le pèlerinage de La Mecque. De retour à Nichapour, il enseigna et gagna la faveur de la cour grâce à ses prédictions sur l'avenir, tout en poursuivant l'approfondissement de ses connaissances en mathématique, philosophie, astronomie, médecine et histoire. Si ses travaux scientifiques le rendirent célèbre en Orient, ils furent éclipsés en Occident par sa renommée poétique. Il y sera admiré pendant longtemps comme l'auteur d'une série de quatrains connue des érudits sous le nom de Rubâ'iyyat  et traduits pour la première fois en anglais en 1857. De son vivant, Khayyâm ne fut jamais considéré comme un poète et les versets qui lui sont attribués n'apparurent que deux siècles après sa mort. Ces quatrains philosophiques en épigrammes révèlent un esprit sensibilisé par l'incertitude du destin et la fragilité de l'existence humaine ; un penseur qui s'interroge sur le sens de la vie et de l'univers.      

 

« à Khayyâm, en restituant beaucoup d'autres à leurs véritables auteurs, ils se fondèrent en outre, pour identifier les quatrains, sur leurs similitudes de fond et de style.

Khayyâm est du petit nombre des poètes qui usent d'un style simple, sans recherche ni affectation d'images ou de vocabulaire.

Sa pensée s'exprime tout uniment, soutenue par le rythme et la rime; mais, servie par une remarquable propriété de termes, elle est fréquemment si vive ou si subtile qu'elle peut se passer d'ornements.

Car la poésie de Khayyâm est celle d'un penseur, aussi pessimiste qu'un Schopenhauer- pessimisme causé sans doute par les malheurs du temps, manifesté non seulement au cours des quatrains, mais encore au début du traité d'algèbre.

Dans la mesure où l'on peut se fonder sur les quatrains qui l'expriment, la pensée de Khayyâm se concentre sur trois problèmes principaux : la relativité de la connaissance, la destinée de l'homme, la mort.

S'opposant aux mystiques qui se flattent de se fondre en Dieu, donc d'atteindre l'absolu, Khayyâm proclame que notre esprit se meut en d'étroites limites; si l'homme peut se rendre maître d'une série de notions, il ignorera toujours l'origine et la constitution de l'univers : « Ceux qui ont embrassé science et littérature - brillants flambeaux parmi les êtres accomplis - n'ont jamais pu sortir de cette nuit obscure - ont récité leur fable et se sont endormis.

» D'où venons-nous? Où allons-nous? Ce bas monde n'est que mal et douleur; notre vie n'est qu'illusion : « Non par allégorie, mais véritablement- nous sommes les pantins que le ciel met en danse - nous jouons quelque temps sur ta natte, existence! - et puis nous retournons au cercueil du néant.

» L'impassible nature poursuit son évolution, sans souci de nos efforts stériles.

Semblables à la balle de polo frappée par le maillet, nous sommes les jouets du destin; le mieux est donc de savoir accepter :«Au destin livre-toi; c'est le mieux pour le sage.» Pourtant, il ne sied point de s'abandonner, renonçant à la grandeur d'âme et à l'indépendance : mieux vaut manger son pain d'orge à soi que mendier un dessert à la table d'un coquin.

Il faut dédaigner les grandeurs périssables et tirer de la vie le meilleur parti possible, tout en songeant qu'elle se terminera bientôt et sans retour.

Car l'idée de la mort domine la poésie de Khayyâm.

Tandis que les mystiques aspirent à l'anéantissement en Dieu, il est sans cesse hanté par l'approche de l'anéantissement absolu.

Souvent il rappelle que la mort fait des plus grands potentats les égaux de leurs plus humbles sujets, qu'elle moissonne aveuglément les êtres jeunes et beaux.

Quand il évoque les beautés de la nature, c'est pour laisser entendre qu'elles vivent et revivront tandis que les humains passent seulement quelques jours sur cette terre qui les recouvrira pour toujours : « Puisque le sort, ô cœur! te met dans la misère - puisque, du corps, soudain, s'en ira l'âme pure - vis quelques jours en paix, assis dans la verdure - avant qu'elle renaisse, un jour, de ta poussière.

» Autrement dit, sans penser au passé ni à l'avenir, profitons du moment qui ne reviendra plus.

Carpe diem, avait déjà dit Horace.

Mais l'homme qui réfléchit pourrait-il oublier sa condition misérable? Même au milieu des délices, surgit quelque chose d'amer : ainsi Khayyâm, à travers les siècles, répond à Lucrèce.

Or le remède à cette mélancolie, Khayyâm le prescrit en de nom­ breux quatrains, et aussi dans son Naurouz-nâmé: « Rien n'est plus salutaire que le vin; ...

sa pro­ priété principale est de bannir le chagrin.

>> On a voulu voir en Khayyâm un athée, un hypocrite, un libertin prêchant l'ivrognerie, un pur mystique, un esprit oscillant du mysticisme au blasphème.

L'incertitude qui pèse sur son œuvre interdit toute affirmation péremptoire; pourtant il est permis de le considérer comme un sage, ni athée ni mystique, conscient de son ignorance, obsédé par l'indigence de la nature humaine et recherchant un instant d'oubli, non certes dans l'ivrognerie mais dans l'usage modéré du vin, quand l'âme succombe sous la tristesse causée par un sentiment trop vif de l'inconnaissable.

HENRI 1ASSÉ lvfembre de l'Institut Administra/nor de l'École Nationale des Langues Orimtales Paris. »

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