NAZIM HIKMET
Publié le 20/04/2012
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Les oeuvres de sa dernière captivité, principalement celles de la « période de Brousse sont admirables par l'authenticité spontanée de leur inspiration, par la puissance de leurs images (originales sans être déroutantes), par leur gravité discrète rehaussée d'ironie, par leur langue drue, tout à la fois populaire et distinguée, souvent proche de celle du folklore. Ce sont d'ailleurs des thèmes légendaires traditionnels qu'il a traités - à sa manière, bien sûr - dans ses deux plus importantes compositions théâtrales de cette période, la Légende de l'amour et Joseph le Magnifique, achevées
«
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taires).
La plus longue et dernière partie de sa captivité a lieu à la prison de Brousse, où il tombe
gravement malade du cœur.
Une campagne internationale en sa faveur, menée surtout par des
écrivains,
aboutit à sa libération en juillet 1950.
Il quitte la Turquie en 1951, et, depuis lors, réside la plupart du temps à Moscou, où son
activité
littéraire est très intense.
Il voyage beaucoup.
Ses œuvres poétiques et théâtrales, sans
cesse
augmentées, paraissent dans de nombreuses langues.
Il prépare un roman autobiographique.
C'est un homme d'un tempérament et d'une prestance extraordinaires, d'un b:lond fauve, au
regard bleu pénétrant, communicatif et plein d'humour, ardent dans ses enthousiasmes, sorti
sans
amertume des plus dures épreuves, profondément optimiste et plus que jamais militant.
Il
meurt brusquement, à Moscou, le 3 juin 1963.
Les œuvres de sa dernière captivité, principalement celles de la « période de Brousse ))'
sont admirables par l'authenticité spontanée de leur inspiration, par la puissance de leurs images
(originales sans être déroutantes), par leur gravité discrète rehaussée d'ironie, par leur langue
drue, tout à la fois populaire et distinguée, souvent proche de celle du folklore.
Ce sont d'ailleurs
des thèmes légendaires traditionnels qu'il a traités - à sa manière, bien sûr - dans ses deux
plus importantes compositions théâtrales de cette période, la Légende de l'amour et Joseph le Magni
fique, achevées l'une et l'autre en 1948.
Son roman en vers En cette année 1941, dont une traduction
française a paru en 1962, est une évocation de «paysages humains )) de la Turquie, traités dans
une optique essentiellement populaire.
Quant à ses poèmes d'alors, dont une trentaine ont
été publiés en traduction française (Poèmes de Nazim Hikmet, Paris, 1951), ils n'évoquent pas
seulement la vie et les pensées des reclus, mais aussi les principaux événements internationaux
de l'époque : loin de se tourner vers des rêveries intérieures, le poète n'a cessé de vivre au rythme
du monde, animé d'un espoir croissant dans le triomphe de la cause à laquelle il se sacrifiait.
Depuis 1951, l'audience littéraire de Nazim Hikmet dépasse très largement le cadre de
la Turquie (où il reste, d'ailleurs, frappé d'interdit) : en U.R.S.S., sa seconde patrie, il est adopté
comme auteur soviétique; il participe avec autorité aux discussions et il a contribué, notamment
par sa pièce Ivan lvanovitch a-t-il existé? ( 1 956), représentée à Moscou (traduite en français dans la
revue« Les Temps Modernes » d'avril 1958), à la lutte contre les excès bureaucratiques et contre
le culte de la personnalité.
Son théâtre est joué en U.R.S.S.
et dans les pays socialistes (par exemple,
l'Épée de Damoclès, 1959, sur le péril atomique; Malgré tout, même année, satire sociale turque).
Ses poèmes, qui puisent leurs sujets dans l'actualité et dans les vives impressions de ses voyages
(Cf.
Paris, ma rose ...
, rg6r), mais qui évoquent aussi sa nostalgie de la Turquie (C'est un dur métier
que l'exil, 195 7), appartiennent désormais à la littérature mondiale.
L'œuvre et la personnalité de Nazim Hikmet soulèvent, naturellement, des discussions
passionnées
en Turquie, où ses adversaires politiques les plus déterminés reconnaissent son talent,
et où son influence littéraire est restée considérable malgré son exil.
Le type historique, qui est
le sien,
du poète révolutionnaire frappé par la répression est d'ailleurs familier au public turc et
remonte à une longue tradition : celle, par exemple, de Pîr Sultan Abdal, pendu à Sivas vers la
fin du xvre siècle, ou de Namik Kemal, banni jusqu'à sa mort (1888).
Le caractère international
et foncièrement idéologique de la poésie de Nazim Hikmet n'est pas, non plus, sans précédent
dans l'histoire des lettres turques : dès le xme siècle, le Turc Mevlânâ Djèlâleddin, au sein d'une
tout autre conception de l'univers, destinait son message mystique à l'ensemble de l'humanité,
l'exprimant en persan, en arabe, voire en grec populaire, aussi bien qu'en turc.
Comme celles de tous les peuples qui ont joué un rôle vaste et durable dans l'histoire mon
diale, la littérature turque tend tout naturellement à l'universalité : Nazim Hikmet en témoigne,
dont l'humanisme révolutionnaire international, aussi choquant soit-il pour certains Turcs,
appartient authentiquement à la vie intellectuelle et sentimentale de sa nation..
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