MARTIGNAC, Jean-Baptiste Gay, comte de
Publié le 06/07/2012
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Ce Bordelais est, en 1798, le secrétaire de Sieyès, puis il retourne dans sa ville natale exercer son métier d’avocat. Vient ensuite, sous la Restauration, une carrière assez brillante : avocat général à la Cour en 1818, procureur général à Limoges en 1819, député en 1821, conseiller d’Etat l’année suivante. Commissaire civil pendant l’expédition d’Espagne, aux côtés du duc d’Angoulême, il est anobli et, après les élections libérales et la chute de Villèle, devient président du Conseil et ministre de l’Intérieur. Son gouvernement libéral abolit la censure, garantit la liberté de la presse ; mais la fermeture des collèges des jésuites, sans satisfaire l’opposition, irrite les royalistes. Après le rejet du projet de loi sur l’organisation des conseils de département et d’arrondissement, Charles X, qui ne l’aime pas, le congédie. Renvoyé pour faire place à son adversaire Polignac, et aux Ordonnances, Martignac aura l’élégance, après la Révolution de 1830, d’assurer, devant la Chambre des pairs, la défense de son successeur.
«
quantes, il devient le porte
parole habituel du Gouverne
ment à la Chambre et finit par
l'incarner.
Il tente de dégager
au centre une majorité
favo
rable à des réformes de nature
libérale.
C'est ainsi qu'il
scin
de les Affaires ecclésiastiques
et l'Instruction publique en ~
deux ministères, confiant le &
premier à un prélat modéré, o
d ~ l'évêque e Beauvais monsei-
gneur Feutrier, et le second à ]
un laïc, l'ancien magistrat o.
Antoine Lefebvre de Vatimes- illégalement ouverts et inter
nil.
Une tonalité anticléricale dit l'enseignement aux congré
se dégage très vite de la nou- gations non autorisées.
De
velle politique gouvernemen- plus, la loi limite à
vingt mille
tale.
L'ordonnance
du 16 juin le nombre des élèves des pe-
1828 porte un rude coup aux tits séminaires.
Jésuites
en leur ôtant la direc- Charles X laisse faire.
Au mois
tian
de huit établissements de septembre, il fait un voya-
« DOUX, FACILE,
AIMABLE>>
L:historien et académicien
Prosper de Barante a fait du
comte Jean~Baptiste de
Martignac un portrait qui souligne des qualités
d'homme aimable -sans
doute trop aimable ! « C'était
un homme d'un caractère doux, facile, aimable, d'un
talent incontestable ; son langage était clair, élégant, à la portée de tous, plein de
séduction et de grâce ( ...
),
c'était un charme de l'entendre parler ou lire ( ...
).
Dans sa jeunesse, il avait été
à Berlin, lorsque Sieyès y
était ambassadeur.
Il avait
composé des chansons et
des vaudevilles, de sorte que
ses façons tenaient plus du
secrétaire d'ambassade et de
l'homme de lettres que de
l'avocat.
En fait d'opinion, il
était sans convictions, mais
amolli
par l'insouciance et la
paresse.
Il était libertin,
assez publiquement en
société avec des actrices et
des danseuses, ce qui ôtait
un peu de la considération
due à son mérite.
»
ge dans l'est de la France, où il
est accueilli aussi chaleureuse
ment que dans le Nord l'année
précédente.
Les libéraux Fran
çois Guizot, Victor Cousin et
Abel Villemain retrouvent leurs
chaires à
l'Université ; la cen
sure est abolie, les libertés de
la presse garanties, les procès
à
tendance politique sont sup
primés.
Cependant, la marge
de manœuvre de Martignac
est très étroite : les ultras ju
gent ses concessions inaccep
tables et, pour les libéraux, il
ne va pas assez loin.
Sa chute
va
être précipitée par l'échec
d'un projet
de réforme admi
nistrative.
>
Depuis le début de la Restau
ration, la décentralisation fait
l'objet d'un
débat.
Les ultras
s'étant ralliés à la centralisa
tion, les libéraux réclament
des réformes administratives
dans l'espoir d'obtenir davan~
tage de démocratie dans l'élec
tion des assemblées locales.
Martignac
présente un projet
de loi instituant l'élection des
conseillers départementaux et
lifiBWIEDITIONS ~ATLAS
municipaux visant à assouplir
le
système rigide et centralisé
de la loi de pluviôse an VII,
selon laquelle, comme les
maires,
tous ces conseillers
sont nommés
par le pouvoir
en place.
Rejeté
par la droite comme
par la gauche, ce projet, trop
timide
et trop tardif dans un
contexte d'affrontement
des
forces d'opposition, est retiré
en avril 1829.
«Vous voyez
bien qu'il
est impossible de
gouverner avec ces gens-là »,
fait remarquer Charles X ira~
nique à son Premier ministre.
Le 4 août, il prend la décision
de le renvoyer et consulte se
crètement le prince Jules
Auguste
de Polignac pour for
mer un nouveau ministère.
L'échec
de Martignac montre
que sans responsabilité minis
térielle, et donc sans sanction
parlementaire, les deux
pou
voirs, la Chambre et le roi se
retrouvent face à face dans
l'épreuve de force.
Cet échec
est lourd de conséquences :
selon
Prosper de Barante, his
torien du XIXe siècle, la pério
de pendant laquelle Martignac
a dirigé le
Gouvernement
aurait été « le seul moment de
la Restauration où le maintien
de la dynastie ait eu de véri
tables chances» .
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