Leopardi, Giacomo
Publié le 17/01/2022
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Poète italien né à Recanati (dans les Marches) et mort à Naples (1798-1837). Il se forma d'abord dans les livres de la bibliothèque paternelle, mais bientôt sa préparation lui imposa la nécessité de vivre dans un milieu plus conforme à ses études philologiques. Il composa ses chants de façon à représenter l'existence humaine comme la graduelle découverte de la douleur et, en même temps, de la joie que l'imagination nous apporte, en nous permettant de revivre par l'esprit le temps idéal de notre vie, celui où nos rêves sont encore intacts: le temps de notre jeunesse. Ce temps et ce monde heureux eurent comme décor les petites rues et les places de Recanati. Malgré sa faible santé, surtout après les premières années de ses « folles « études, il choisit la solitude comme seule compagnie possible au poète visant à la grandeur. Dans ses Poésies lyriques, les plus belles, on respire la joie de chanter la vie, joie souvent mêlée à une profonde mélancolie, inspirée par la réalité douloureuse de l'existence. Ces pages sont parmi les plus émouvantes de la littérature italienne.

«
LEOPARDI
1798-1837
LE temps a deux moyens d'enterrer les poètes.
Le premier est l'oubli, que parfois plus tard
une époque éclectique secoue pour tirer des décombres de l'histoire quelques bras ou quelques
torses
qui apparaissent alors merveilleusement jeunes et nouveaux à nos regards.
Le second
moyen est
l'emprisonnement dans une formule, dont la postérité distraite finit par s'accommoder,
peut-être, parfois,
pour se libérer à bon compte d'une trop imposante et gênante présence.
Certes,
le nom de Leopardi n'a jamais cessé d'être entouré, en Italie et hors d'Italie, d'une fervente et
compréhensive
vénération; mais celle-ci n'a pas suffi à le préserver de l'emprisonnement dans
une formule que l'opinion courante de l'Europe a faite sienne, s'épargnant la peine de pénétrer
dans les profondeurs de l'œuvre d'un écrivain, qui peut, à bon droit, passer pour le plus européen
des classiques italiens modernes.
Baptisé « poète du pessimisme » et rapproché de Schopenhauer,
il a été bien vite enfermé dans le Panthéon du x1xe siècle naissant.
Le vers de Musset : « Sombre
amant de la mort, pauvre Leopardi » a fourni aux romantiques et à l'histoire de la littérature
universelle le cliché attendu.
Notre époque semble, au contraire, appelée à dégager les traits
authentiques de la physionomie de notre poète.
Les événements extérieurs font presque
entièrement défaut dans la vie brève et malheureuse
de Giacomo Leopardi.
Né en 1798 à Recanati, dans les Marches, d'une famille provinciale
noble, il
grandit à l'ombre d'une mère bigote et sévère, et n'eut d'autre salut que la bibliothèque
paternelle qui lui permit de se plonger dans les études philologiques grecques, latines, hébraïques,
et de prendre contact, encore tout jeune, avec les plus illustres philologues européens, tel Niebuhr.
Sa constitution délicate et maladive lui interdit un développement normal de son existence.
L'amour, qui ne devait lui apporter plus tard qu'amères déceptions, a pour lui l'irréalité d'un
songe.
Quelques amitiés dévouées parviendront cependant à alléger, par un contact humain,
le poids de sa vie.
Abstraction faite de quelques séjours assez brefs a Bologne, Pise, Florence,
il ne
quittera Recanati - cette fois définitivement - qu'en 1833.
Il mourut à Naples en 1837.
Sa première poésie surgit comme ·une fleur au milieu d'un désert aride et mélancolique,
dans le cercle clos de la maison des comtes Leopardi et dans l'ennui laborieux de ses « meur
trières études ».
Sa solitude enfantine est peuplée de fantômes classiques de la glorieuse grandeur
ancienne, dont l'état de l'Italie d'alors, reflété par le miroir de sa « très malheureuse et horrible
vie
», lui semble la négation et implante dans son esprit l'idée d'une décadence inéluctable du
monde moderne.
Et ces fantômes lui apparaissaient tout enveloppés de cette atmosphère nostal
gique
et solennelle dont les avaient revêtus, au siècle précédent, les tragédies d'Alfieri et les
mélodrames
de Métastase.
C'était là un monde purement littéraire et fictif, que pouvait seule
animer la passion du jeune provincial isolé et le sentiment qu'il avait du contraste entre le rêve
102
Gratoure anonyme XIX • siècle.
Rib/iothèq1u .Nationale, PariJ..
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