La Fontaine
Publié le 07/02/2013
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Une morale qui ne l'est pas
Enfin, plutôt que de recommander le bien et la vertu, il donne une sorte de mode d'emploi pratique de la société du xviie siècle. Ainsi, s'il dévoile bien souvent une cour corrompue et un pouvoir total et sans merci, il ne Îes dénonce pas. Conservateur, il conseillerait plutôt que chacun reste à sa place, de peur que le nouveau pouvoir soit plus avide que l'ancien. Ainsi a-t-on reproché à La Fontaine d'être amoral et de ne pas être ... une lecture pour les enfants!

«
L'une des plus célèbres fables de La Fontaine (La Grenouille et le Bœuf) dans une illustration de la ffn du x1xe siècle.
Un récit plus vivant
La Fontaine se distinguera d'eux de
multiples façons, modifiant le matériau initial,
en fondant deux fables en une, par exemple,
mais aussi en introduisant des
structures
et un style nouveaux.
Il rehaussera aussi le récit en étoffant la
description des situations et des caractères
et en supprimant les « digressions »
et détails qui ralentissent l'histoire.
Ainsi,
on peut comparer, dans le début de
la fable du Bûcheron et la mort, la concision
d'Ésope
et le lyrisme de La Fontaine :
«Un jour; un vieillard, ayant coupé du bois
et le portant sur son dos, faisait une longue
route.
Fatigué
par la marche, il déposa
son fardeau et il appelait la mort.[ ...
]»
ÉsoPE
« Un pauvre bûcheron , tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant
et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur;
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au
monde?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos :
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort.
Elle vient sans tarder,[ ...
]»
LA FONTAINE
Un écrivain lucide
Par ailleurs, La Fontaine n'hésitera pas à
exprimer de manière directe son opinion.
Ainsi dans
Les Obsèques de Io lionne ,
interrompt-il l'histoire animale pour
résumer sa vision de la cour (des hommes)
qui gravite
autour du monarque absolu :
(( [ ...
]
Je définis la cour· un pays où les gens,
Tristes,
gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu'
il plaît au prince, ou, s'ils ne peuvent
Tâchent au moins
de le paraître :
Peuple caméléon ,
peuple singe du maître ;
On dirait qu'un esprit anime mille corps:
l'être,
C'est bien là que les gens sont de simples
ressorts .
[ ...
]
»
Une morale qui ne l'est pas
Enfin, plutôt que de recommander le bien et
la vertu, il donne une sorte de mode
d'emploi pratique de la société du
xvue siècle.
Ainsi, s'il dévoile bien souvent
une
cour corrompue et un pouvoir total
et sans merci, il ne Îes dénonce pas.
Conservateur,
il conseillerait plutôt que
chacun reste à sa place, de peur que le
nouveau pouvoir soit plus avide que l'ancien.
Ainsi a-t-on reproché à La Fontaine d'être
amoral et de ne pas être ...
une lecture
pour les enfants! •
..
Des dicto ns
deven us populaires
De nombreux vers de Fables sont
devenus des dictons et proverbes
couramment utilisés :
«Tel est pris qui croyait prendre»
(le Rat et #'Huitre)
« Patience et longueur de temps
font plus que force ni que rage»
(le Lion et le Rat)
« [ •..
] Il ne faut jamais
Vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait
mis en terre»
(#'Ours et les Deux Compagnons)
Une fëte dans le parc de Versailles au temps de La Fontaine.
»
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