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James BRUCE

Publié le 17/01/2022

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L'Abyssinie, en effet, était fermée aux voyageurs européens occidentaux depuis l'expulsion des jésuites au xvue siècle et les religieux blancs qui avaient voulu pénétrer dans le pays avaient été ou tués sur la côte de l'océan Indien, ou lapidés avant d'arriver au Tigré, ou décapités à Massaoua.

De plus, l'entrée de ce pays était gardée par un nayb cupide qui, à lui seul, pouvait faire surgir autant d'inconvénients que tous les chefs abyssins réunis.

« De là, toujours résolu à rentrer dans sa patrie, il gagna Sidon où de bonnes nouvelles lui remirent l'humeur en place.

Des échos s'étaient en effet répandus de sa décision et aussi de l'aga­ cement où l'avait mis la perte de son quart-de-cercle.

«Le comte de Buffon et plusieurs autres personnes avantageusement connues dans le monde littéraire s'étaient adressés au roi Louis XV pour lui représenter combien il était douloureux qu'après qu'un homme avait fait espérer qu'il réussirait à venger l'honneur des voyageurs et des géographes en découvrant les sources du Nil, un accident malheureux l'empêchât d'exécuter son entreprise.» Sur quoi le Prince donna l'ordre qu'on choisît un quart-de-cercle de l'Ecole de la Marine et qu'on l'envoyât à James Br:uce.

Par ailleurs, on lui faisait savoir que le monde des astronomes, désespérant de découvrir la parallaxe du soleil par l'observation du passage de Vénus, s'en remettait à lui pour l'aller calculer en Abyssinie.

Il n'en fallait pas plus pour le décider à s'embarquer, le rsjuin 1786, à destination du Caire.

Il s'y fit bien voir du Bey qui le prit pour un médecin et surtout - à la vue de ses· instruments de précision - pour un astrologue.

Grâce à cette haute protection, il put organiser son voyage sur le Nil, remonter lentement jusqu'à la hauteur de Cosséir - port de la mer Rouge -, qu'il gagna en passant à travers un désert mal famé.

De là, il s'embarqua sur un boutre et visita toute la côte d'Arabie, ce qui lui prit plusieurs mois avant de mouiller à Djedda où il devait faire également un long séjour.

Lorsqu'il arriva il était si mal habillé qu'on le prit pour un miséreux et qu'on lui fit servir un bouillon dans une écurie.

Le vizir, homme rapace qui s'étonnait de voir tant de bagages entre les mains d'un homme d'aussi mauvaise mine, fit sauter incontinent le couvercle de ses malles; mais ce fut pour trouver, enveloppé de taffetas vert, un firman du Grand Seigneur superbement écrit et, parmi plusieurs lettres émanant de personnages illustres, un ordre qui lui était destiné et lui enjoignait de se mettre à l'entière disposition de l'étranger.

Cette arrivée burlesque mit dans les meilleures dispositions les membres de la colonie anglaise qui s'ingénièrent à procurer toute l'aide nécessaire à leur compatriote dans la préparation de la partie la plus délicate de ses pérégrinations.

L'Abyssinie, en effet, était fermée aux voyageurs européens occidentaux depuis l'expulsion des jésuites au xvue siècle et les religieux blancs qui avaient voulu pénétrer dans le pays avaient été ou tués sur la côte de l'océan Indien, ou lapidés avant d'arriver au Tigré, ou décapités à Mas­ saoua.

De plus, l'entrée de ce pays était gardée par un nayb cupide qui, à lui seul, pouvait faire surgir autant d'inconvénients que tous les chefs abyssins réunis.

Largement pourvu de lettres et de munitions, Bruce mouilla en rade de Massaoua, port de l'actuelle Erythrée, le 19 septembre 1769.

Ville autrefois plaisante, puisqu'elle faisait le commerce de l'Inde et qu'elle était l'entrepôt des denrées éthiopiennes, elle n'était plus alors qu'une bourgade bâtie sur une île de moins d'un mille de long et un demi-mille de large.

Des maisons d'argile et de bois n'en occupaient que le tiers.

Des citernes et des tombes recouvraient le reste.

Pourtant cette cité misérable faisait encore la loi dans ces parages, malgré les Turcs et les Abyssins.

Bruce s'en aperçut bientôt.

Dès son arrivée, le conseil du nayb se réunit.

Qpelques notables émirent aussitôt le vœu qu'on suivît la méthode ordinaire de recevoir les étrangers, c'est-à-dire qu'on mît à mort l'Anglais et qu'on distribuât ses biens à la garnison.

D'autres, parmi lesquels le neveu du chef, penchèrent au contraire pour une réception plus humaine.

Pourtant les pourpârlers durèrent deux mois et ce n'est que grâce à mille ruses et après avoir risqué plusieurs fois sa vie que Bruce put, le 15 novembre, s'acheminer vers les montagnes d'Ethiopie dont il était séparé par quelques heures de marche.

Son objectif était Adoua, capitale du Tigré, première province éthiopienne sur la route de Gondar.

Il l'atteignit le 6 décembre '(Près un passage pénible du mont Taranta où il fut obligé de porter lui-même ses appareils d'observation.

Mais ses fatigues étaient compensées par la vue d'un des plus beaux paysages de l'Afrique orientale et qui contrastait singulièrement avec ceux qu'il venait de quitter.

Des milliers d'oiseaux aux couleurs vives peuplaient d'énormes sycomores dans des vallées où l'eau sortait de toutes parts, et où de grands troupeaux d'antilopes s'éloignaient sans hâte à la venue de la caravane.

Après un court séjour, et profitant du calme régnant dans la province, il prit le chemin de Gondar, par Aksoum, la vieille ville aux plus hauts obélisques du monde.

Passant lentement par les provinces du nord, adroit avec les uns, menaçant avec les autres, vendant sa pacotille pour. »

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