Henry Plantagenêt
Publié le 23/08/2012
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Sur cette somme énorme, seules trente-cinq mille livres proviennent de sources proprement domaniales ; le reste ressortit des contributions directes à l'État, tel le « monéage «, créé en contrepartie de l'engagement pris par le duc de ne pas faire de manipulation monétaire.
«
Henry 11 Plantagenêt
(miniature conservée au
musée Condé à Chantilly).
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/1
2-
728.
I
MP.
CEE.
12
•
Vassal de Louis VII
Mais les Plantagenêt, forts de
leur puissance territoriale, mi-
litaire et économique, ont agi
au mépris de la prérogative
royale.
Louis VII, leur suzerain
pour la Normandie, n'a pas été
consulté et le nouveau duc ne
lui a pas prêté le traditionnel
hommage.
Au début de l'an-
née 1151, il réplique en enva-
hissant la Normandie.
En août,
une trêve est conclue.
Le roi
de France et Geoffroy le Bel
s'accordent sur les termes d'un
traité renouvelant la cession
de la forteresse de Gisors et
de la majeure partie du Vexin
au Capétien, que le duc Henry
reconnaît comme son suzerain
et à qui il prête hommage.
NORMANDS
ET FRANÇAIS
Au XII* siècle, les Normands
gardent encore une originalité
et une certaine identité
nordique qui font que certains
ressentent de l'animosité
contre les Français.
Au plus
fort de la tension entre Henry
Il et Philippe II Auguste,
Robert Wace, historien et
poète d'origine anglo-
normande, écrit dans son
Roman
de
Rou : «
Les
fourberies de France ne sont
pas à cacher.
Les Français
cherchèrent toujours à
déshériter les Normands, et
toujours ils s'efforcèrent de
les vaincre, et de les
tourmenter ; quand ils n'y
peuvent parvenir par force,
ils ont coutume d'employer la
tricherie.
Les Français qu'on
vantait tant sont dégénérés ;
ils sont faux et perfides,
et nul ne doit s'y fier.
Ils sont pleins de convoitise,
et l'on ne peut les rassasier.
Ils sont avares de présents et
altérés de biens.
On peut voir
par les histoires et les livres
que jamais les Français ne se
fieront aux Normands, quand
même ceux-ci prêteraient
serment sur les saints.
»
En
décembre
1154, Henry Plan-
tagenêt
est sacré roi d'Angle-
terre sous le nom d'Henry H, et
la Normandie se retrouve au
centre d'un vaste « Empire »
mi-insulaire, mi-continental,
quliss'étend de l'Écosse aux Py-
rénées.
Pourtant, cette si-
tuation géographique privilé-
giée, doublée d'une certaine
stabilité (seul le Vexin nor-
mand est le théâtre de conflits
avec les troupes françaises) ne
donne pas au duché un rôle
politique prépondérant.
Henry II ne se sent pas nor-
mand : né au Mans, comme
son père, il comprend mal l'es-
prit de cette province mar-
quée par ses origines nordi-
ques.
Son coeur est attaché à la
douce Loire, à l'Anjou et au
Maine.
Et au plan politique,
c'est surtout l'Angleterre — il y
passera la majeure partie de
son règne — qui l'intéresse.
Pour organiser son Empire, il
laisse une certaine autonomie
à ses États, tout en prenant
l'habitude de les faire gouver-
ner par des barons étrangers à
leurs fiefs : ainsi, c'est un
Anglais qui est chargé d'admi-
nistrer la Normandie.
Une gestion
exemplaire
Le duché normand est fort ri-
che.
Dans la seconde moitié
du Xlle siècle, il rapporte au
Plantagenêt à peu près autant
que l'ensemble de ses domai-
nes, environ deux cent soixan-
te mille livres tournois.
Le
duché et le royaume de France
pèsent alors le même poids
d'or !
Sur cette somme énorme,
seules trente-cinq mille livres
proviennent de sources pro-
prement domaniales ; le reste
ressortit des contributions
directes à l'État, tel le « mo-
néage », créé en contrepartie
de l'engagement pris par le
duc de ne pas faire de mani-
pulation monétaire.
L'impor-
li
ATLAS
tance de ces revenus souligne
la grande efficacité de l'admi-
nistration financière, la pros-
périté de l'économie, la solidité
et la rigueur des relations vas-
saliques.
La Normandie devient vite une
province exemplaire.
Le com-
merce et l'artisanat se déve-
loppent dans les villes, des
corporations se créent.
La
bourgeoisie urbaine veut se
voir confirmer par l'État des
privilèges souvent acquis dans
les faits.
Des franchises et des
chartes communales sont accor-
dées ou reconnues à de nom-
breuses cités.
Sitôt investi de
la Normandie, Henry II a con-
firmé par une charte les privi-
lèges des marchands de Rouen,
qui ont obtenu le monopole
des marchandises anglaises et
du commerce du vin transitant
par la Seine.
La coutume de
Normandie rayonne sur tout
l'Ouest de la France.
Si son
influence sur les lettres et les
arts est nulle par rapport à
celle du Poitou, où la reine
Aliénor d'Aquitaine tient sa
Cour, ses institutions sont co-
piées par d'autres régions : la
chancellerie du comté d'Anjou
adopte très vite les modes de
rédaction des actes usités en
Normandie ; par la suite, au
Mlle siècle, la comptabilité du
comte Alphonse de Poitiers
fera apparaître des procédés
d'administration financière
analogues à ceux de « l'Échi-
quier » (la Cour féodale) des
ducs de Normandie.
•.
»
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