Gandhi : Vie et mort du Mahatma

DU LOYALISTE AU COMBATTANT DE L'INDÉPENDANCE

Par fidélité autant que par calcul, Gandhi a soutenu les Britanniques durant la Première Guerre mondiale, en favorisant le recrutement de troupes indiennes. Il espérait en retour une solution négociée vers l'autonomie de l’Inde. Mais son attente est déçue. Bien décidés à étouffer toute contestation dans ce qu'ils considèrent comme «le joyau de l'Empire», les Anglais durcissent leurs positions en promulguant en 1919 les lois Rowlatt, qui permettent d'emprisonner arbitrairement toute personne suspecte.

Pour la première fois, le loyalisme de Gandhi est ébranlé. En réaction,

LE PÈRE DE L'INDÉPENDANCE DE L'INDE

De Gandhi demeure à jamais l'image d'un petit homme à moitié nu, un éternel sourire aux lèvres, qui parvint à libérer l'Inde de la tutelle britannique en renversant les méthodes traditionnelles de lutte : en théorisant la non-violence et la désobéissance civile, en prônant l'amour de son prochain, et d'abord de ses ennemis, en prêchant la pauvreté et l'élévation spirituelle. En cela, il demeure une personnalité exceptionnelle dans un siècle où la violence tient lieu de dialogue, et sa figure dépasse le simple contexte indien pour embrasser l'humanité entière. Mais Gandhi n'est pas devenu le Mahatma -la «grande âme»- en un jour. Son destin est le fruit d'une longue maturation philosophique, spirituelle et politique.

UNE JEUNESSE ENTRE ORIENT ET OCCIDENT

Un fils de bonne famille

Mohandas Karamchand Gandhi est né le 2 octobre 1869 à Porbandar, dans l'État du Gujerat, sur la côte nord-ouest de l'Inde. Il est issu d'une lignée de commerçants aisés, dont plusieurs membres ont été Premier ministre du maharadjah local, puis de celui d'une principauté voisine. Pour autant, sa famille n'appartient pas à une caste supérieure mais à celle, intermédiaire, des banya (les marchands) - Gandhi signifie d'ailleurs «épicier». En cela, il se différencie de la plupart des grands leaders nationalistes, presque tous issus de la caste dominante des brahmanes.

Il est élevé par sa mère, très pieuse, dans le respect de la religion hindouiste mais également dans un esprit de grande tolérance, notamment à l'égard des musulmans. Il subit également l'influence du jaïnisme, une branche de l'hindouisme très répandue dans le Gujerat, qui professe l'ahimsa, c'est-à-dire la non-violence envers tous les êtres vivants, humains comme animaux, et qui prône l'ascétisme et le végétarisme. Cette éducation n'empêche pas