GANDHI Mohandas Karamchand

GANDHI Mohandas Karamchand (1869-1948) Philosophe et homme politique indien. Mohandas Karamchand Gandhi est né au Gujarat dans une famille de caste marchande. Son père, malgré cette origine, servit de Premier ministre à un prince de la région. Le jeune Gandhi est très tôt influencé par le jaïnisme, doctrine religieuse proche du bouddhisme qui prône la non-violence et dont l'implantation est particulièrement forte dans l'Inde de l'Ouest. Il étudie le droit en Angleterre, avant de revenir exercer le métier d'avocat à Bombay. C'est ce qui l'entraîne en Afrique du Sud en 1893 pour défendre les intérêts de clients indiens. Il prend alors fait et cause pour les victimes du racisme blanc et façonne à cette fin une technique de résistance à l'oppression qu'il baptise le satyagraha (littéralement « l'étreinte de la vérité «). Fondée sur la non-violence, cette méthode doit presque autant aux traditions indiennes qu'à la morale chrétienne. De retour en Inde en 1915, Gandhi s'illustre dans des mouvements de lutte paysans et ouvriers tout en s'efforçant de restaurer l'harmonie des rapports sociaux. Parallèlement, il établit un ashram (monastère) sur le modèle de celui qu'il avait déjà conçu en Afrique du Sud et acquiert les traits d'un renonçant - d'où sa popularité auprès des foules et son titre, Mahatma, littéralement « la grande âme «. Mais Gandhi est un véritable homme politique. Il prend la tête du Congrès national indien en 1920 et le réorganise de fond en comble avant de lancer son premier mouvement de non-coopération la même année. Il le suspend dès les premières violences, mais maintient cette ligne anticoloniale déterminée et lance une agitation analogue dix ans plus tard avec le mouvement de désobéissance civile. Il se résigne à ramener le Congrès dans le processus électoral en 1937, mais renoue avec le combat dans la rue en 1942 avec la campagne Quit India (Quittez l'Inde). Les Britanniques se retirent effectivement en 1947, mais pour Gandhi ce succès est terni par l'ombre de la Partition. Il a toujours lutté pour l'unité entre hindous et musulmans et les émeutes des années 1940 le plongent dans un abîme de désespoir. Il sera lui-même victime de ce déchaînement de violence puisque son assassin, Nathuram Godse, n'est autre qu'un nationaliste hindou qui voit en lui le véritable responsable de la Partition. Christophe JAFFRELOT