Ferry, Jules
Publié le 17/01/2022
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Homme politique français né à Saint-Dié, mort à Paris (1832-1893). Avocat au barreau de Paris, il mena, à la fin du Second Empire, le combat républicain dans les journaux d'opposition et au Palais. Elu à Paris député au Corps législatif en 1869, il fut un adversaire irréductible du gouvernement Emile 011ivier. Après le 4 septembre, il fut membre du gouvernement de défense nationale. Retiré des affaires après la chute de Thiers, il combattit avec vigueur les gouvernements de l'ordre moral. Après la chute de Mac-Mahon, il fut du premier gouvernement républicain, celui de 1879, comme ministre de l'Instruction publique. En mars 1880, il lança les décrets de dissolution des congrégations non autorisées, devint en septembre président du Conseil. Dès lors, il consacra son activité aux entreprises coloniales, négocia le protectorat de la Tunisie. Ecarté un moment du pouvoir par le grand ministère Gambetta, il fut de nouveau ministre de l'Instruction publique en 1882 et instaura l'école primaire laïque gratuite et obligatoire. De nouveau président du Conseil, il voulut poursuivre son oeuvre coloniale, mais fut renversé en 1885 par Clemenceau, à propos de l'incident de Lang-son, au Tonkin Puis il combattit le boulangisme, fut l'objet de violentes campagnes de presse et perdit en 1889 son siège de député. Elu sénateur, en 1891, dans les Vosges, il devint, juste avant sa mort, président du Sénat.

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• le 24 mai 1871 , il est nommé préfet de la Seine , mais il préf ère démissionner le 5 juin alors que la Commune de Paris a été noyée dans le sang par les troupes versaillaises («Semaine sanglante» du 21-27 mai) .
"LE TEMPS DE JULES FERRY »
UN 19\JIUCAJN PIAGMAnQUE • Pendant un an, de mai 1872 à mai 1873 , il est chargé par Adolphe Tllktsde
cabinet Thiers , en mai 1873 , Jules Ferry dém issionne et reprend ses activités de parlementaire, son «petit métier de député » comme il se plaît à le dire.
Parallèlement il s 'emploie à tisser des liens intellectuels et adhère , le 9 juillet 1875 , à la franc -maçonnerie en compagnie d 'Émile littré.
• le 24 octobre, il épouse Eugénie Risler , petite-fille de Charles Kestner , un riche industriel alsacien et protestant • le 5 mars 1876, il retrouve son siège de député des Vosges -il avait été élu une première fois le 12 lévrier 1871 - et siège au sein de la gauche républicaine , dont il assure la présidence , en compagnie de Gambetta et de Georges Clemenceau .
Il lait preuve de pragmatisme, quitte à renoncer à certaines de ses premières revendications -abolition de l'armée permanente, instauration d'une assemblée unique -, ce qui lui est reproché par les républicains les plus intransigeants , lesquels recherchent selon Ferry « moins le succès que le tapage» .
• C'est ce même souc i de conforter la république qui le conduit à accepter la présidence , en mars 1878, d 'une commission chargée de la révision des tarifs douaniers.
Aprés la démission du maréchal de Mac-Mahon , président de la République, le 30 janvier 1879 , et l'élection de luits Gréry , il est nommé , le 4 février
gouvernement Waddington.
Commence alors le «temps de Jules Ferry» qui sera successivement ministre de l'Instruction publique (lévrier 1879- septembre 1880 ; janvier -juillet 1882 ; février-novembre 1883 ) , ministre des Affaires étrangères (novembre 1883 - mars 1885), et à plusieurs reprises , président du Conseil (septembre 1880 - novembre 1881 ; février 1883 -mars 1885).
Ces six années vont fonder la République démocratique et laïque.
LE DtfENSEUI DE lA LAient • Anticlérical convaincu , Ferry entend batir une France républicaine et laïque en excluant l'Église catholique de l'Instruction.
Aussi , au cours de ces différentes législatures, le ministre de l'Instruction publique fait voter un ensemble cohérent de lois, qui constitue une véritable réforme
de l'enseignement Celle-ci prend corps avec les lois des 12 juillet 1879, 27 février et 18 mars 1880 qui affirment la liberté de l'enseignement supérieur , l'attribution des grades universitaires étant du ressort exclusif de l'État.
Toutefois, il ne parvient pas à imposer la laïcisation totale des personnels enseignants .
• le 29 mars, Ferry promulgue un décret qui ordonne l'expulsion dts Jésuites dans un délai de trois mois et qui lance la lutte contre les congrégations non autorisées , lesquels sont contraintes de se faire enregistrer pour obtenir l'auto risation d 'enseigner sous peine de dissolution.
Ce décret est condamné en avril1880 par le pape léon Xlii.
Pour autant , le 23 septembre 1880 ,Ie ministre de l'Instruction -et désormais chef du gouvernement prononce la dissolution de trois cents congrégations d'hommes non autorisées.
• Ferry n'a de cesse de placer l'éducation au centre de la constitution de ces "molécules » républicaines -selon sa formule -que sont les citoyens et sans lesquels la République ne peut fonctionner.
Dans son esprit, la révolution de l'école laïque s'inscrit dans la logique de la Révolution de 1789, dont elle est le couronnement.
Elle dispense les «lumières» non plus à une élite, mais à l 'ensemble des Français .
la loi de Camille Sée (21 décembre 1880) qui étend aux jeunes filles le bénéfice de l'enseignement secondaire d'État répond à la philosophie politique de Ferry, de même que la création à Sèvres d'une école normale supérieure de jeunes filles .
•
Avec la loi du 28 mars 1882 relative à l
'obligation scola ire et à la laïcité, l'enseignement religieux disparaît de l'école primaire au profrt de l 'instruction morale et civique .
Ferry trouve de nombreux relais pour appuyer son action.
Ainsi, le grand h istorien Emtstl.tlvisse dirige un nouveau manuel d'histoire dans lequel les grands hommes sont présentés comme les artisans de la nation .
Au manuel de lavisse fait écho dans la même veine républicaine , en 1883, la publication du Tour de Fronce de deux enfants , un roman de G.
Bruno (pseudonyme de Madame Alfred Fouillée) qui sera lu p ar des millions d 'écoliers et d'adolescents durant plusieurs décennies .
• Alors qu'il s'apprête à abandonner le portefeuille de l'Instruction publique pour renouer de nouveau avec celui de ministre des Affaires étrangères, Jules Ferry décide de s'adresser directement aux instltuteuts le 17 novembre 1883 dans une longue lettre, en leur recommandant la fermeté dans les principes qui doivent guider leur enseignement mais aussi la modération dans l'application de ces derniers.
Si cette lettre constitue un véritable manifeste de l'école de la Ill ' République , son ton conciliant a pour effet d'apaiser les tensions avec les catholiques comme en témoigne
LE PAIITISAN DE I.'UPAHSION COLONIALE • En tant que ministre des Affaires étrangères , Ferry va orienter de manière décisive le cours de la politique extérieure de la Ill ' République .
li entend mettre un terme à l'idée de la «revanche » et au souvenir des provinces perdues à l'Issue de la guerre franco-prusienne .
la France doit retrouver toute sa place dans le concert européen tout en menant une polit ique de paix .
Dans deux grands discours prononcés devant les députés , les 5 et 9 novembre 1881, Jules Ferry affirme alors que la France ne peut se résigner à «jouer dans le monde le rôle d'une grande Belgique» .
Pour échapper à ce «destin», il préconise la reprise des conquêtes coloniales et appelle la France à se tourner vers de nouveaux horizons , l'Afrique noire et méditerranéenne ou l'Indochine .
• Il se trouve toutefois des républicains intransigeants pour ne pas épouser ses projets .
Ainsi GHI'gts ae-nctflu lui reproche de détourner l 'attention des Français de la •ligne bleue des Vosges» et de laisser le V ieux Continent ouvert à l'appétit du chancelier Bismarck .
Une position qui vaut au ministre des Affaires étrangères le sobriquet de« Ferry l'Allemand ».
• le 12 mai 1881 , la France impose son protectorat sur la Tunisie (traité du Bardo) .
Peu aprés ,le Parlement vote des crédits supplémentaires destinés à prévenir ou à réprimer d 'éventuelles révottes armées outre-mer .
Parallèlement , Jules Ferry encourage les expéditions de Pierre Savorgnan de Braua au Congo : la France se rend maîtresse du bas Congo .
En 1883 , 1-------------....!.-----------~ la France entreprend la colonisation ElTIAIT DE LA • LOTIE AUX INSI11UIEUIS •
• Alors qu'il s'apprête à quitter ses fonctions de ministre de 11nstruction publique, Jules Ferry adresse, le 17 novembre 1883 , une lettre aux instituleurs dans laquelle il met l'accerrt sur l'enseignernerrt moral et civique .
• Monsieur rlnstitutf!ur.
L'atmée scoloire qui vient de s'ouwir sera la seconde atmée d'appliadjon de la lai du 28 mars 1882 Je ne lieUX pas la laisser commencer sans IIOUS adresser personnellement quelques recommandations qui sans doute ne IIOUS paralfront pas superflues.
après la première expérience que IIOUS lll!lleZ de foire du régime fiOINf!OU.
{.
•• } La lai du 28 mars se caractérise par deux dispasilions qui se compiMent sans se contredire :d'une part elle met en dehors du programme obligotoire l'enseignement de tout dogme partiaJiier ; d'outre part elle y place au premier rang l'enseignement moral et civique.
L'instruction religieuse appartient aux familles et IJ l'lglise Yinslrudian morale IJ Y école Le législateur n'a
donc pas entendu faire une œuwe purement négotM .
Sons daure il a eu pour premier objet de séparer Y écale de Y église d'assurer la liberté de conscience et des ma/Ires et des élëves, de distinguer enfin deux domaines trop longtemps confondus : celui des croyances, qui sant personnelles.
libres et variables, et celui des cannoissonces.
qui sant communes et inlftSpenSObles IJ tous, de Y aveu de tous.
Mais il y a autre chose dons lo lai du 28 mars : elle affirme la valonté de fonder chez nous une éducation notiona/e, et de la fonder sur des notions du df!voir et du droit que le législateur n'hésite pas IJ inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer.
Pour cette partie œpifDie de YédUCDtion , c'tst sur~ Monsieur.
que les pouvoirs publics ont compté En IIOUS dispensant de Y enseignement religieux.
an n'a pas songé IJ IIOUS décharger de Y enseignement moral : c'eOt été IIOUS enlever œ qui fait la dignité de votre profession .•
de Madagascar en faisant occuper Tatamave et Diégo-Suarez .
• Au lendemain de I'IISSIISSinllt ..----~~-.. duc-
••nd•lll RivUre qui s'est emparé de la citadelle d 'Hanoi (19 mai 1882), Ferry obtient de la Chambre --"'-" '"'--- ..., le vote des crédits nécessaires à la conquête du Tonkin .
Ce faisant le gouvernement français prend le risque de déclencher la guerre avec la Chine en envoyant un corps expéditionnaire qu'accompagne la flotte de l'amiral Courbet le 25 août 1883, avec le trait é de Hué , l'Annam passe sous protectorat français .
Mais l'extension des combats oblige Jules Ferry à solliciter davantage de crédits.
• En France, l'opinion publique manifeste de plus en plus son opposition à l'aventure militaire outre-mer.
Une inquiétude à laquelle se font écho les députés qui sont de moins en moins nombreux à soutenir le cabinet Ferry .
Au Tonkin , le corps
expéditionnaire français s'empare de lang Son sur la frontière chinoise en février 1885, puis bat en retraite face aux Chinois .
la nouvelle du «désastre de lang Son » provoque la chute de« Ferry-Tonkin» (30 mars) ainsi que le désignent désormais ses adversaires politiques.
LES DUNIUS FEUX POunQUES • En 1887 , alors que le prés ident Jules Grévy est contraint de démissionner à la suite d 'un scandale politique («scandale des décorations»), Jules Ferry se présente à l'élection présidentielle.
Mais, le souvenir de "Ferry-Tonkin » est encore vif et la presse radicale, menée par Clemenceau, conduit une campagne virulente contre l 'ancien président du Conseil.
Ferry (212 voix) est battu par Stldl C11mot (303 voix) .
• Hostile au boulangisme, Jules Ferry, qui est toujours député des Vosges , est victime , le 10 décembre 1887, d 'un attentat à la Chambre où on tire sur lui à bout portant à trois reprises .
Il est de nouveau agressé dans Paris le 20 mars 1888 alors qu'il exhorte les républicains à faire barrage au général Boulanger .
• lors des élections d'octobre 1889 , Ferry ne retrouve pas son siège de député des Vosges , dont il conserve toutefois la présidence du Conseil général.
le 4 lévrier 1891 , il fait son entrée au Sénat non sans avoir rédigé, l'année précédente un petit ouvrage, le Tonkin et la Mère-Potrie , dans lequel il défend sa polit ique coloniale .
Président de la commission de l'Algérie , Jules Ferry y effectue une longue mission , du mois d'avril au mois de juin 1892 .
• Alors que la 111' République se débat dans le sct~nd•le de ,.,Mmil, Jules Ferry multiplie les interventions favorables à l'apaisement Après le «toast d 'Alger» du cardinal lavigerie, qui appelle les catholiques, souvent royalistes , à reconnaître la République , et auquel fait écho la publication de l'encyclique Inter innumeros sollidtudines du pape léon Xlii.
Ferry appelle à son tour les catholiques modérés à se rallier au régime républicain .
• Jules Ferry dhède le 17 nltlts rBt:Jd ' une.
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