DIDEROT (présentation de l'homme et de l'oeuvre)
Publié le 02/09/2013
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«
argent en traduisant divers ouvrages anglais, notamment un gros dictionnaire de médecine.
Tout naturellement, les éditeurs parisiens, désireux de faire paraître une version française de la
Cyclopt11dia publiée en 1728 en Angleterre par Chambers, s'adressent à lui en 1746 après avoir eu
quelques mécomptes avec plusieurs autres traducteurs.
De simple ouvrier littéraire, Diderot ne
tarde pas à s'élever au poste de rédacteur en chef de toute l'entreprise qui se transforme elle-même
de modeste traduction en œuvre originale.
Entre temps, en 1743, Diderot avait épousé contre le gré de son père une petite lingère
parisienne
nommée Antoinette Champion.
Les responsabilités de chef de famille le pressant,
il
s'était inquiété de trouver un emploi régulièrement rétribué et avait accepté avec enthousiasme
la proposition de Le Breton et des autres éditeurs del' Encyclopédie.
S'il s'engage donc témérairement
dans ce terrible engrenage, c'est parce qu'il a senti l'éperon du besoin.
«Je rencontre sur mon
chemin une femme belle comme un ange, écrira-t-il plus tard; je veux coucher avec elle; j'y
couche; j'en ai quatre enfants; et me voilà forcé d'abandonner les mathématiques que j'aimais,
Homère et Virgile que je portais toujours dans ma poche, le théâtre pour lequel j'avais du goût;
trop heureux d'entreprendre l' Encyclopédie, à laquelle j'aurai sacrifié vingt-cinq ans de ma vie.
»
Des quatre enfants dont il s'agit ici, une seule devait survivre, Angélique, née en 1753.
Le premier volume de !'Encyclopédie n'allait paraître qu'en 1751.
Entre temps, Diderot,
devenu
l'amant d'une médiocre romancière nommée Mme de Puisieux, entreprend, pour satis
faire les goûts dispendieux
de sa maîtresse, plusieurs travaux littéraires originaux.
En 1746 paraît
anonymement un petit opuscule intitulé Pensées philosophiques, où Diderot entreprend une apologie
des passions fortes
qu'il continuera sa vie durant.
S'en tenant encore à une position déiste inspirée
par le philosophe anglais Shaftesbury, dont il avait traduit deux ans auparavant l' Essai sur le
mérite et la vertu, Diderot tonne à la fois contre l'ascétisme et l'athéisme.
En 1748, toujours anony
mement, il fait paraître un gros roman licencieux, les Bijoux indiscrets, et, sous son nom, un ouvrage
sérieux
et digne d'un homme qui est en train de travailler à un dictionnaire encyclopédique, les
Mémoires sur dif.férents sujets de mathématiques.
C'est en 1749 que paraît, sans nom d'auteur, la fameuse
Lettre sur les aveugles, où, pour la première fois, Diderot laisse entendre que l'hypothèse de l'existence
de Dieu n'est nullement nécessaire à la philosophie.
« Si la nature nous offre, écrit-il, un nœud
difficile à délier, laissons-le pour ce qu'il est; et n'employons pas à le couper la main d'un être
qui devient ensuite pour nous un nouveau nœud plus indissoluble que le premier.
» Du coup,
Diderot, surveillé depuis quelques années
par la police à la suite de la dénonciation du curé de
sa paroisse, est arrêté et mis au secret au donjon de Vincennes.
Pendant deux ans, rendu prudent
par la condamnation au feu dont ses Pensées philosophiques avaient été victimes, il n'avait rien
publié.
Mais
la police, qui avait perquisitionné chez lui, savait qu'il était l'auteur de trois écrits
inédits contraires
aux bonnes mœurs et à la religion : la Promenade du sceptique, De la Suffisance de
la religion naturelle et l' Oiseau blanc, conte bleu.
Les audaces de la Lettre sur les aveugles firent déborder
la coupe.
Les éditeurs de l' Encyclopédie sont au désespoir : Diderot s'est vite rendu indispensable,
et d'Alembert, chargé de la seule partie mathématique de l' Encyclopédie est bien incapable de s'y
reconnaître dans la masse de paperasse accumulée par son collègue.
Grâce à son influence en
haut lieu, Le Breton parvient au bout d'un mois à faire adoucir la captivité de Diderot, puis,
après
une centaine de jours, à le faire élargir.
Pendant son séjour à Vincennes, Diderot a rompu avec Mme de Puisieux et, par l'inter
médiaire de Rousseau, s'est lié avec un autre jeune étranger venu chercher fortune à Paris et qui
va devenir son compagnon pour la vie : l' Allemand Melchior Grimm.
Désormais, Diderot va
consacrer le meilleur de lui-même à !'Encyclopédie.
De 1749 à 1757, à part deux intéressants
opuscules philosophiques,
la Lettre sur les sourds et muets et les Pensées sur l'interprétation de la nature,
il n'écrit que pour !'Encyclopédie.
A partir de 1751, chaque année, en dépit d'une interdiction du
gouvernement vite rapportée en 1752, malgré les attaques de plus en plus violentes du parti
conservateur, un volume du gros ouvrage paraît.
Petit à petit, l' Encyclopédie a pris des proportions
monumentales;
en 1745 on avait prédit cinq volumes et voici que le septième in-folio vient tout
juste à bout de la lettre G.
Parmi les collaborateurs qui se font chaque année plus nombreux et
plus notoires, Diderot se lie surtout avec le baron d'Holbach, encore un Parisien né en Allemagne,
dont l'antichristianisme farouche aura son influence sur lui.
En effet, la pensée de Diderot progresse
de plus en plus vers un matérialisme intégral.
Mais voici que, vers 1755, il rencontre le grand.
»
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