D'Annunzio
Publié le 08/04/2013
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Le poète écrivit à l'un de ses maîtres: « Vous savez que lorsque j'étais chez nous, je passais des heures entières dans la campagne, couché à plat ventre, au milieu des hautes herbes et des fleurs sous le grand soleil des Abruzzes, les yeux à mi-clos, m'imaginant que j'étais un atome conscient entraîné dans des tourbillons immenses, dans les courants irrésistibles de la matière universelle. « Sur la pierre tombale de D'Annunzio, on peut lire ces mots de Romain Rolland : « Il fut, au déclin du XIXe siècle, dans l'Italie terne et plate, une apparition. Inoubliable. Il réveilla la terre de Beauté. «

«
Georges Hérelle permit notamment
que le
Triomphe de la mort (1894) ,
nous
parvmt en 1896, ainsi
que
Les Vierges au rocher
en 1897, qui fit scandale ;
quant au thème de la mort,
il devint obsessionnel dans
l 'œuvre du poète et souvent
inséparable de l'amour.
On parla de D'Annunzio
en conférence à la Sor
bonne
en 1895 .
Mais son
drame de
La Fille de J orio
(1904) au début du siècle
déplut profondément aux
lecteurs français.
Ce qu'il considérait
comme le culte du beau fut pris pour
du
« grand guignol » ; lui qui rêvait
de faire renaître la tragédie, de fonder
un Bayreuth latin, de faire du théâtre
un site sublime, ne rencontra que la
moquerie.
Moins de dix ans
plus
tard, Le Martyre de saint Sébastien
(1911), connut le même échec.
On
écrivit pourtant de lui en 1908 : «Les
dieux s'en vont, D'Annunzio reste »
(Marinetti).
Mausolée de D'Annunzio
dans sa villa du Vittoriale,
près de Gardone,
sur le lac
de Garde
Amélie Mazoyer « Aelis », sa fidèle
femme de charge.
Le conquérant de Fiume
0
n ne peut parler du poète sans
prendre
en compte le rôle tout
au moins symbolique
qu'il joua dans
l'Italie de 1919.
Par ses dé- IL Pof:TA SOLDAT() A FIUME q919 ) clarations, D'Annunzio pro
voqua
l'entrée en guerre de
l'Italie ( 1915)
et il fut ainsi le
conquérant de Fiume, ancien
port hongrois qu 'Italiens,
Anglais et Yougoslaves se
disputaient.
Il
sauva pour
quelques jours l'honneur na
tional.
A cette occasion,
il fut
soutenu par Mussolini, ce qui
aujourd'hui encore semble
discréditer le poète pour de
nombreux Italiens.
« Le poète soldat à Fiume ,., carte postale
de propagande
fasciste, 1941-1945
Mort d'un homme illustre
Les muses
L
es relations de D'Annunzio avec
les femmes furent nombreuses,
épiques, en quelque sorte ineffables.
On peut tout de même citer parmi ses
muses la
jeune Giselda, premier
amour qui lui inspira ses premiers
poèmes,
Barbara Leoni« La Léoni »,
idéal littéraire incarné, hermaphro
dite parfaite que
l'on retrouve dans
Le Triomphe de la mort (1894) ;
Nathalie de
Gobouleff « Phèdre »
dans l'œuvre du poète ; Maria de
Gallese, qui donna à D'Annunzio
une descendance légitime ; La Duse,
évoquée dans
La Fille de Jorio , et
La Gandara, l'une des
nombreuses femmes qui
traversèrent la vie
de D'Annunzio
A
u Vittoriale, vaste demeure en
trompe
l'œil où le poète s'isola
à la fin de sa vie, règne une atmo
sphère lourde
qui semble encore
troublée
de la présence du génie.
D' Annunnzio y vécut une fin d'exis
tence plutôt sage, entouré de sym
boles, de statues, de livres .
Né dans
une terre sauvage , le poète, qui avait
été fait prince de Montenevoso en
1924 par le roi, était superstitieux et
consultait le Barbareno, calendrier
populaire qui prédit l'avenir.
Il avait
souligné au
1er mars 1938 : « Mort
d'un homme illustre.
»Ce jour-là, il
eut un vertige, demanda une piqûre
et mourut d'une congestion céré
brale.
Il apparut, paraît-il, à Aelis
après sa mort .
Il aurait dit : « Il n'a
rien, rien du tout.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
A part Le Triomphe de la mort, les romans
les plus célèbres
de D'Annunzio sont
L'Enfant de volupté (1889) et L' Intrus
(1892).
Dans le domaine poétique, citons
encore
Canto novo (1882) et les Landi del
cielo, del mare, della terra et degli eroi
(1903-1942).
Quant à son théâtre, il est
dominé, en plus de
La Fille de Jorio , par
La Ville morte (1899) et La Gioconda
(1899).
A noter que la version française
du
Martyre de saint Sébastien fut mise en
musique par Debussy.
1, 2, 4, 5, 7 coll.
Viollet 3, 6 Edimédia
Eleonora Duse,
actrice italienne,
que D'Annunzio
aima passionnément
«Gabriele D'Annunzio est le seul qui soit
arrivé
à vivre ses rêves les plus insensés :
laid, il a été irrésistible ; petit-bourgeois,
il est devenu prince ; esthète mondain,
il a été héros et dictateur.
Parce que sa
vitalité était prodigieuse, sûrement, mais
aussi parce que, absolument sûr de son
génie, sans être le moins
du monde entravé
par les scrupules ou le sens de l'humour,
il incarna ce mythe du
x1xe siècle
finissant, le surhomme nietzschéen avec
ce que cela comporte d'héroïsme et
de
muflerie.
» Philippe Jullian, D'Annunzio,
Fayard, 1971.
«La lecture du Feu m'apporta un style
de vie et un style d'écrivain.
»Henri de
Montherlant, Carnets.
«Il est bien le fils de la louve par l'avidité,
par les cris, par les bonds.
L'Italie lui doit
beaucoup
de son honneur présent...
Il l'a
ravie à cette secte de politiques usuriers et
de vieillards rabougris qui
l'a gouvernée, tel
un municipe de province ...
Il a fait voir que
le
Poète est le héros quand il veut l'être.
Il
a été somptueux sans effort dans ses actes et
dans son style; jamais il n'oublie que le
pire des crimes est la médiocrité.
>> André
Suarès,
Prés ences, 1925.
D'ANNUNZ IO 01.
»
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