Corneille
Publié le 09/04/2013
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Les quatre livres de L' Imitation de Jésus-Christ expriment une foi ardente et candide ; Corneille n'a pas craint d'y traduire ses sentiments personnels par le lyrisme le plus pur. Le vers semble pourtant toujours adhérer à la pensée. Ce fut un succès, le public d'alors étant passionné d'ouvrages religieux. Corneille fonde sa morale sur la notion de salut personnel, et bien des pièces nous révèlent que l'accomplissement parfait de l'homme est d'ordre surnaturel. Aussi peut-on parler d'une morale chrétienne. En outre, tous les héros ont prise sur leurs passions par leur raison. S'ils raisonnent, c'est pour mieux se connru"tre et répondre aux appels de leur gloire. En cela, le héros cornélien ressemble au généreux cartésien.

«
s'accentuera avec Héra
clius (1647), Andromède
(1650)
et Nicomède
(1651).
Parallèlement,
Corneille se
consacre
à une méditation sur
l'héroïsme religieux ;
Polyeucte (1642) et
Théodore, vierge et mar
tyre ( 1646)
révèlent la
ferveur mystique de son
inspiration chrétienne.
Après l'échec de Per
tharite (1651), il publie
une traduction en vers
de L' Imitation de Jésus
Christ (de
1651à1656).
Au même moment, il ré
fléchit sur son art dans trois Discours
ainsi que dans des Examens de cha
cune de ses pièces, qui paraîtront
en
1660.
Le cardinal de Richelieu
Les dernières tragédies
Corneille à sa maison de campagne de Petit-Couronne
Œ
dipe (1659), tragédie
dédiée
à Fouquet,
marque son retour à la scène.
Désormais, il puisera son ins
piration dans l' Antiquité
grecque et chez les peuples
barbares.
Une vision roma
nesque fort proche de la ma
nière
tragi-comique se fait
jour.
Bientôt concurrencé
par Racine, qui bénéficie du
goût nouveau pour la sim
plicité des constructions dra
matiques, Corneille passe à
l'arrière-plan
de la scène
littéraire.
Après Sertorius
(1662), il reçoit une petite
pension qui lui permet tout
juste de vivre.
Il a perdu la
verve de ses premières tragé
dies et, malgré Sophonisbe (1663),
Othon (1664), Attila (1667), Tite et
Corneille lisant Polyeucte chez la marquise de Rambouillet
NOTES DE L'ÉDITEUR
Le système dramaturgique cornélien
Corneille met au premier plan de ses
préoccupations l'admiration et la nécessité
de plaire par une juste peinture de l'homme
et des mœurs.
Mais l'auteur n'est pas arrêté
par la vraisemblance ; les personnages peu
vent avoir des qualités morales démesurées
puisqu'ils constituent une élite (souverains,
princes, grands capitaines) et qu'ils sont
pris dans une action tragique digne d'eux.
Au
vraisemblable, Corneille préfère une
« vérité extraordinaire ».
Le conflit cornélien
Le conflit tragique réside dans l'opposition
entre« l'impétuosité des passions» et« les
lois du devoir et les tendresses du
sang».
Mû
par une situation exceptionnelle, le héros est
en proie
à une lutte entre la passion et le
devoir (ou le sentiment naturel).
Dans son
choix, il a une valeur exemplaire : en lui,
nous devons voir le meilleur de nous-mêmes.
1 Musée Carnavalet I Roger-Viollet 2 Lauros-Giraudon 3 Corneille d'après Philippe de Champaigne.
Rouen.
Musée des Beaux-Arts/ Lauros-Oiraudon
4 gravure de Philippoteaux I Roger-Viollet 5 sanguine, B.N.
/ Edimédia
Bérénice (1670), ne parvient à hisser
sa gloire au niveau de celle de
Racine.
Aussi Suréna (1674), où se
mêlent harmonieusement tendresse
~
et héroïsme, vient-elle clore la car
rière théâtrale de Corneille, non sans
révéler pourtant encore un souffle
créateur puissant qui ne sera vrai
ment reconnu que trois siècles plus
tard.
Peu après sa mort, en 1684, c'est
son frère Thomas qui occupe son
fauteuil à l'Académie française.
Héroïsme et liberté
L
t héroïsme reste, chez Corneille,
le thème central:
l'homme est
sans cesse
confron'"
té à son destin et se
doit de mériter son
honneur pour sa
gloire.
Tout l'envi
ronnement histo
rique et politique lui
permet de se dépas
ser et de justifier
ses actes.
Aussi le
héros est-il celui qui
maîtrisera ses im
pulsions,
qui re
fusera la fatalité
aliénante,
pour re
vendiquer
sa liber
té.
Le stoïcisme de
Corneille, loin d'être
fait
de contraintes,
est une conduite né
cessaire
à acquérir pour être pleine
ment soi-même.
Comme les jésuites
qui l'ont formé, Corneille croit en
l'homme et à son libre arbitre.
Ainsi
son œuvre se fonde-t-elle sur une
morale exaltante et généreuse, et
l'originalité de ses choix dramatur
giques vient souligner une vision
optimiste du monde.
L'art de Corneille
Les ressorts dramatiques essentiels sont les
grands débats intérieurs du héros et les
rebondissements ou coups de théâtre qui
créent le mouvement dramatique.
Parfois
une poésie héroïque épique éclate, qui
confère une esthétique baroque
à une action
tragique classique.
Par son goût des
formules, des maximes, Corneille atteint au
sublime, révèle des valeurs absolues.
CORNEILLE 01.
»
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