COP28: «Le changement climatique n’est pas qu’une question de températures»
Publié le 21/02/2024
Extrait du document
«
COP28: «Le changement climatique
n’est pas qu’une question de
températures»
L’ONG britannique Christian Aid intervient dans une quarantaine de pays et
travaille autant aux côtés des populations locales qu’avec leurs
gouvernements pour essayer d’améliorer leur situation par la voie législative.
Comme de très nombreux groupements de la société civile, elle avait ses
raisons de participer à la conférence climatique de Dubaï.
Rencontre avec
Osai Ojigho, sa directrice des politiques publiques.
Publié le : 03/12/2023 - 21:36
7 mn
Osai Ojigho, directrice des campagnes et politiques publiques à Christian Aid, le 3 décembre
2023 à la COP28 (Dubaï).
© Géraud Bosman-Delzons/RFI
Par :Géraud Bosman-DelzonsSuivre
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Propos recueillis par notre envoyé spécial à Dubaï
RFI : Pouvez-vous nous expliquer les raisons de votre présence à la COP ?
Osai Ojigho : Le changement climatique a des impacts directs sur nos missions et c’est
aujourd’hui l’une de nos priorités.
Nous avons des programmes d’adaptation et de résilience sur
le terrain, mais aussi des compagnes de plaidoyer à des niveaux nationaux et régionaux.
Nous
oeuvrons par exemple au Zimbabwe, au Kenya, au Bangladesh, avec les petits agriculteurs,
avec des communautés diverses en Amérique latine qui doivent affronter les aléas climatiques.
Nous essayons d’utiliser notre influence auprès des gouvernements pour nous assurer que ces
populations soient écoutées.
Dans notre délégation à la COP, nous avons des collègues du Malawi et du Kenya.
Ils ont
assisté, au pavillon de leur pays, à des rencontres avec leurs dirigeants.
Ces responsables
politiques ou économiques sont plus accessibles ici que dans leurs pays, où il est peu probable
qu’ils se rendent dans leurs villages.
Ils peuvent ainsi s‘informer, à la source, sur l’efficacité des
programmes mais aussi réclamer des actions concrètes, pas seulement des promesses.
Sur le terrain, nous agissons à deux niveaux.
Plusieurs de nos projets ont pour but de donner
aux populations les outils pour négocier avec les compagnies qui veulent utiliser des ressources
naturelles locales qui serviront au développement de nouvelles technologies.
Nous agissons
auprès des gouvernements sur le plan législatif pour à la fois protéger ces populations et qu’elles
puissent aussi en bénéficier.
Par exemple ?
Au Kenya, les terres des communautés Turkana sont exploitées pour leur potentiel éolien.
Nous
avons découvert que les compagnies ont travaillé avec les services de l’État pour déplacer les
populations afin de pouvoir utiliser leurs espaces pour mener des essais sur leurs turbines puis
installer leurs usines pour les produire et les envoyer finalement en Europe, au Danemark
précisément.
Et en plus, ces communautés n’ont pas d’électricité ! Nous avons donc publié un
rapport qui conclut que l’entreprise doit aider les locaux à utiliser leurs propres ressources pour
avoir leurs propres éoliennes et qu’ils puissent vivre de manière prospère à leur tour.
C’est toute la question de la justice climatique et d’une juste transition qui se négocie à la COP
qui doit nous permettre d’accomplir tout ce travail.
Il n’y a pas de planète B, donc si le monde
dans lequel on vit périclite, alors que se passera-t-il pour le reste : droits humains, égalité
économique, lutte contre la pauvreté, qui sont au cœur de nos missions.
Que vous inspire cette photo ?
Je ne vois aucune femme, ni personnes issues des minorités.
Cela montre que le monde
politique est dominé par les hommes et que les nombreuses campagnes pour plus d’inclusivité et
de diversité ne se reflètent pas dans cette image.
Ce qui m’inquiète, évidemment.
Le climat est une affaire de femme, de genre ?
Le climat est l’affaire de tout le monde.
Chacun devrait être représenté autour de la table :
femmes, enfants, minorités autochtones… Parce que les effets du climat sont vécus de manière
différente, selon le lieu où vous habitez.
Ceux souffrent le plus des impacts du réchauffement
climatique sont ceux qui y contribuent le moins, ceux qui polluent le moins.
Et en plus, quand
arrivent les pourparlers climatiques pour prendre des décisions qui les concernent au premier
chef, ils ne sont pas dans les salles.
Ce n’est pas juste, ils devraient pouvoir voter sur ces sujets.
Les voix des pays pauvres sont limitées dans ces espaces de négociations.
Ils sont tout de même représentés ici à la COP, car ces groupes, femmes, jeunesse,
autochtones, agriculteurs sont des acteurs officiellement reconnus par l’ONU Climat et ont
voix au chapitre…
Oui, mais quand les accords se finalisent, des lobbies malveillants agissent pour que ces
groupes s’alignent avec les positions des nations plus puissantes.
Les groupes ont tendance à
être exclus du cœur des accords, c’est quelque chose que l’on observe.
Nous n’avons pas vu
beaucoup de progrès sur les questions relatives aux femmes.
Sur la finance climatique, combien
de femmes, combien de communautés locales peuvent avoir accès aux financements prévus par
les engagements des dirigeants ? Ce sujet n’est pas prioritaire, ni....
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